L’installation « Lelo ! »
Une grande installation à ciel ouvert, avec un trou servant d’entrée, au-dedans de laquelle on retrouve les réalisations de deux artistes congolais- du collectif « Zayi kia mvangulu », la sagesse de la création ; soucieux de se positionner. Une position dialectique embarquant en son sein le souci de créer avec des matériaux ayant en leurs seins, des substances qui se laissent dénicher, sans même trop cogiter :Sciures de bois, tiges de balais encadré dans du bois de Sapin.
Là nous parlons déjà de Nzongo Kumbu Rudy qui a mis devant le public, un assemblage d’objets généralement végétaux composant des tableaux, transparents et en relief, dotés d’une répugnance intrigante. Gare aux âmes sensibles et aux vomisseurs précoces, car l’illusion d’optique voudrait que devant ces œuvres on s’imagine entrain d’admirer de la matière fécale. Curieusement les drosophiles ne sont pas au rendez-vous. Non, ce n’est pas les restes émanant des estomacs de constipés, ni ceux de gourmands ; c’est de la sciure de bois, surtout du bois d’Acacia tombées des établis d’ateliers de menuiserie de la place.
Ces derniers ont besoin d’être balayés chaque matin avant le commencement du travail, et l’instrument utilisé pour cette tâche c’est le balai. Cet instrument sert à se débarrasser des détritus et autres restes indésirables. Avec lui, on se fait une cour propre, un environnement sain…Cet instrument de ménage composé des tiges ; ici, décomposé par l’artiste, et mis en symbiose avec les sciures de bois modelées, créent un discours. Celui de chercher à laver, à laver, à nettoyer, à rendre propre et enviable.
Ne s’estimant pas être « l’architecte du plan global », il dit faire sa part de chose. Celui de remplir son contrat avec la nature en nettoyant, tant soit peu, le mental ou en appelant au nettoyage. On ne nettoyé que ce qui n’est pas désirable, viable…Il veut nettoyer la morale par la bonne musique, par l’éthique et la morale, par l’art…
Cet artiste est né le 21 Mai 1989 à Kinshasa. Diplômé d’Etat en Sculpture en 2009, à l’école d’art Esfora. Il est détenteur d’un diplôme de graduat, en Sculpture, à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa en 2012.
Nalumbu Akunzi Olivier de son côté s’est présenté en explorateur de la notion du temps. Sa démarche, via, ses matériaux dont les coquilles et les frigolites parle de la fugitivité de la vie et du temps. Avec des coquilles d’œufs recueillis ; ceux-ci ayant abrité pendant un temps la vie, qui par la suite la libère, cet artiste argumente sur notre passage sur terre et en fait sa ligne directrice. Le temps matérialisé par ces coquilles, matériaux porteurs de la vie, en connivence avec les frigolites est ici rendu touchable avec la symbolique de l’appareil photographique, faisant un complément majeur.
Akunzi s’est fait chantre de l’immortalisation, du passage et des empreintes à laisser sur terre. L’appareil photographique, outil par excellence, servant l’homme à capturer les impressions, l’air, le froid, le chaud, l’obscurité, le jour et la nuit, la beauté et la laideur ; offre, à l’homme, par sa magie, les réels possibilités de conserver, d’écrire noir sur blanc, son nom sur les pages de l’histoire humaine. Surtout dans le bon sens.
Apres son diplôme d’Etat, en Sculpture, à l’école Betsaleel en 2009, il fréquentera pendant quelque six mois l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa qu’il quittera en 2010.
Jean Kamba
Poète et critique d’art
le collectif Zayi une idée de génie