Au Congo, il existe une diversité de musiques, classées selon les types ou les genres, les formes et les styles dans lesquelles cette diversité se présente. La multiplicité de traditions que regroupe la RDC, du point de vue ethnique et linguistique, fait en sorte que chaque membre de ces catégories possède sa propre musique, une musique comprise uniquement par le groupe ethnique qui la crée ou la produit et qui ne peut être interprétée que par lui, car, il en connait la signification profonde. C’est pourquoi, par définition, cette musique est appelée « Musique traditionnelle », une musique liée à une tradition, à une coutume et appartenant à un peuple précis. D’où on parle de la musique Mongo, Kongo, Luba, Nande, Mbala, Yansi, Teke, Pende, Mushilele, etc. Cette musique est totalement inspirée à la tradition et est produites dans des contextes de la vie humaine. Il est à savoir que cette musique est aussi liée à des circonstances, elle ne peut être jouée et soit interprétée qu’à des moments bien déterminés.
Musique moderne ou contemporaine
La musique moderne ou contemporaine Congolaise est une expression récente du 20ème siècle. Elle s’épanouit et rayonne généralement dans les centres urbains en empruntant et en s’adaptant aux différentes techniques modernes.
Elle associe des éléments extramusicaux dans sa conception et dans son exécution. Elle est de nos jours, composée et interprétée par toutes les congolais débarrassés des préjugées sociaux, en utilisant des instruments modernes venus de l’occident.
En somme, la musique congolaise moderne est un arrangement résultant d’une synthèse de transformation de certains éléments de la musique traditionnelle et de la musique folklorique, adaptée harmonieusement à une orchestration moderne, de manière à pouvoir conserver toute la richesse de l’œuvre originale, malgré l’apport d’instrument nouveaux.
Art populaire par excellence, la musique congolaise moderne se présente sous deux caractéristiques essentielles :
- Une musique commerciale, une musique des variétés, destinée à la consommation
- Une musique fortement influencée par les technologies modernes et par les musiques extérieures, latino-américaines et occidentales.
Genèse de la musique congolaise moderne
A ses débuts, elle est fortement enracinée dans les formes traditionnelles, puis elle va évoluer plus tard, vers une nouvelle forme plus élaborée, soutenue par les instruments modernes importés par l’occident.
Au cours des années 1920, la musique religieuse va disposer d’une forte audience, notamment à travers Joseph Kiwele ses composition de « MISA KATANGA ».
Evolution par vagues
L’évolution de la musique congolaise moderne, d’après Manda Tchebwa, peut être appréhendée en quatre vagues ou génération successives d’artistes musiciens :
- 1930-1950 :1ère vague ou vague des précurseurs
- 1950-1960 :2ème vague ou vague des pionniers
- 1960-1970 :3ème vague ou vague des classiques
- 1970-1990 :4ème vague ou vague de nouvelles générations
Cette subdivision en vagues se base principalement sur des éléments comme l’instrumentation et sa modernisation, la composition orchestrale, la vitalité et la stabilité des groupes musicaux, l’aspect showbiz et l’environnement socioculturel et de production musicale de chaque groupe.
- Première vague (1930-1950) : les précurseurs
Cette époque est celle de la vraie naissance de la musique congolaise moderne. Sous l’impulsion remarquable des « chansonniers », c’est-à-dire des chanteurs autodidactes pétris de talents, généralement des artistes individuels, utilisant les quelques instruments traditionnels et modernes de l’époque (le likembe ou la sanza, la guitare, l’accordéon), se crée une musique considérée comme passe-temps, une musique de loisir. Jusqu’en 1937, il n’existait aucun document écrit donnant les dates et lieux précis où les orchestres ont composé leurs premières œuvres.
Les années 1940 voient naitre un nouveau courant musical appelé « RUMBA », calqué sur le modèle des musiques et des danses afro-cubaines et haïtiennes.
Les précurseurs de cette génération : Antoine Wendo Kolosoy, Henri Bowane, Adou Elenga, Camille Feruzi, Badouin Mavula, Avambole, Desaio,…, sont considérés comme des ancêtres génétiques de la musique congolaise moderne.
- Deuxième vague (1950-1960) : les pionniers
Cette décennie se caractérise, selon Manda Tchebwa, entre autres, par la modernisation de la musique congolaise avec l’apport, outre des instruments acoustiques et à vent, de nouvelles structures sonores complexes (studios d’enregistrement mono-pistes et développement de l’industrie phonographique).
On voit naitre des orchestres, ensembles professionnels sous la bannière des maison e disque comme Ngoma, Opika, Esengo, Loningisa, Olympia : Africa Jazz de Kabasele Joseph, dit Kallé Jeff (1951), et Ok Jazz de Lwambo François, dit Franco (1956). Puis, les orchestres Dynamique Jazz, Congo Jazz, Negro Jazz, Rock-a-Mambo,…
Les principaux musiciens de cette époque de cette époque sont : Kallé Jeff, Lwambo Franco, Pascal Tabu Ley Rochereau, Gérard Madiata, Roger Izeidi, Ebengo Dewayon, Nyembo Fariala Franck Lassan, Vicky Longomba, Simaro Lutumba, Lucie Eyenga,…
Ces pionniers pratiquaient déjà, vers les années 1950, des styles étrangers comme la rumba, le patchanga, la salsa, le cha-cha-cha, le tango, le boléro, avec le lingala comme langue d’expression.
- Troisième vague (1960-1970) : les classiques
Les ensembles musicaux de cette décennie, au delà des spécificités individuelles artistiques observées, ont adopté progressivement un ensemble de normes et de techniques de production qui sont devenues constantes et caractéristiques de cette production, au point que certains musicologues la considèrent comme la période classique de la musique congolaise de ses acteurs, ainsi que d’une certaine expertise et d’une stabilité dans la technique de sa production.
Cette génération marque la naissance, au sortir de l’ère coloniale, des formations musicales plus élaborées, groupes dans lesquels évoluent des artistes professionnels, dynamiques, qui se libèrent totalement de certains entraves artificielles dans lesquelles la colonisation les enfermait : African Jazz, Ok Jazz, African fiesta national de Rochereau, African fiesta sukisa du Dr Nico, Conga National de Johnny Bokelo Vévé de Verckys Kiamwangana, Négro succès avec Bolhen et Bavon Marie Marie, Festival des Maquisards avec Sam Mangwana et Guvano, les Grans Maquisard avec Ntesa Dalienst, le Continental avec Josky Kiambukuta, le Vox Africa de Jeannot Bombenga,…
On note aussi au cours de cette période :
- La création de plusieurs maisons d’édition musicale
- La création des studios modernes d’enregistrement à deux pistes
- La création des usines des pressages des disques, adaptées à une technologie de pointe (Mazadis, Sophinza)
- Quatrième Vague (1970-1990) : Les nouvelles générations
Cette époque est caractérisée par l’émergence des jeunes musiciens, marqués par le goût de l’évolution, au sien de petits ensembles des quartiers, en faisant preuve d’une habilité exceptionnelle du point de vue de la création artistique et dans la quête de la réussite matérielle, ainsi que de l’élégance vestimentaire occidentale.
C’est le cas de ces premiers formations musicales des jeunes, crées dans la mouvance des écoles (Athénée de Kalina, actuel Institut de la Gombe, Colège Albert 1èr, actuel Collège Boboto), dont la naissance se situe entre 1968 et 1972 : Thuzaina (1968), stukas Boys (1968), Zaïko Langa Langa (1969), Bella Bella (1970), Symba (1970), Empire Bakuba (1972), Los Nickelos (crée à Liège en 1967 par les étudiant congolais de Belgique), Sosoliso du trio Madjesi (1970), les Redoutables d’Abeti Masikini (1970), Quartier Latin (1986), etc.
Puis, la série des orchestres issus de la dislocation des groupes :Issifi Lokole, Yoka Lokole, Viva la Musica, Langa Langa Starts, Choc Stars, Anti Choc, Grand Zaïko Wawa, Victoria Eleison …
Enfin, vient la génération Wenge avec ses différentes composantes dont : Wenge Musica BCBG de JB Mpiana, Wenge Musica Maison Mère de Ngiama Werrason, Pondération 8 de Blaise Bula, Wenge Tonya Tonya de Adolphe Ebondja.
Cette génération connaitra l’ascension de plusieurs artistes talentueux : le guitariste Bamundele Rigo Star, Dally Kimoko, Lokassa, Bongo Wende, Bopol, Mansiamina, Ricos Kinzunga, Nseka Huit Kilos, Tshaku Tshaku, Alain Makaba, etc. les chanteurs Shungu Wembadio, Nyoka Longo, Evoloko Atshwamo, Koffi Olomide, Bozi Boziana, Dindo Yogo, Nyboma Danos Canta, Sam Mangawana, Ntesa Dalienst, les frères Soki, le trio Madjesi, Kabasele Yampanya, Dilu Dilumona, Madilu Système, Tshala Mwana, Abeti MAsikini, Mpongo Love, Emeneya Kester, Mbilia Bel, JB Mpiana, Ngyama Makanda Werrason, Fally Ipupa, Férré Gola,etc.
Il convient de noter aussi l’émergence d’une brochette d’artiste musiciens indépendants ayant opté pout un genre musical mouveau, différent quant à son style, appelé « l’autre musique » : Jean Goubald Kalala, Pascal Lokwa Kanza, Ray Lema, etc.
En moins de quelques années, les jeunes créeront, au même rythme que la sortie des nouveautés musicales, des danses en séries et des spectacles d’un genre nouveau, une créativité qui témoigne d’une vitalité remarquable.
Les jeunes générations actuelles, en réalité, sont non seulement le produit simultané de deux grandes ecoles, l’école « African Jazz » et l’école « OK Jazz », mais constituent aussi une troisième école, combinant les normes des deux écoles précédentes.