L’artiste plasticien Cédric Sungo est parmi les léopards qui défendront les couleurs de la RD-Congo. Pour lui, c’est au concours “Sculpture et installations”, lors des IXèmes Jeux de la Francophonie qui s’organise du 28 juillet au 06 août dans la capitale congolaise.
Cet artiste contemporain qui a su se démarquer du monde des arts visuels tant au niveau national qu’international avec sa vision unique et son style innovant, séjourne sur le sol congolais depuis décembre 2022, afin de d’effectuer sa préparation dans des meilleures conditions pour être au point au moment de la compétition. Chose qui n’a pas été faite et ce, on peut parler d’une piètre préparation, faute des moyens consistants mis à sa disposition.
Dans une interview exclusive, ce professionnel d’arts plastiques révèle quelques vérités étonnantes tant sur l’organisation que sur sa participation.
Culture Congo : Comment voyez-vous votre participation à quelques jours du déroulement des IXèmes Jeux de la Francophonie à Kinshasa ?
Cédric Sungo : Je ne vous dirai rien que la vérité, c’est très catastrophique. Étant artiste plasticien sélectionné pour ces jeux, dans la partie “Sculpture et installations”, je ne sais pas comment les choses vont se passer. A deux semaines de l’ouverture officielle, on n’a pas accès à des informations techniques nous concernant. Il n’y a pas d’appel ni des suivis continuels, c’est vraiment décevant.
Depuis que je suis rentré à Kinshasa au mois de décembre 2022, rien ne s’est fait comme il se devait. Les activités ont été lancées par le ministère de la culture au mois de février 2023, les choses tournent toujours au ralenti. Il n’y a même pas de contrat. Dans les réunions, on nous disait que le gouvernement, par le biais du ministère de la culture, va nous prendre en charge, en mettant à notre disposition tous les moyens nécessaires pour qu’on puisse travailler dans des conditions requises. Mais tout ce qu’on a eu à demander, est tombe entre les mains d’un sourd. Que de reports et des excuses mal placées, pour nous remonter juste la morale.
CC : Sentez-vous être au point pour représenter valablement le pays ?
CS : Je suis vraiment ouvert à représenter le pays parce que je suis congolais de souche. certes, je le veux bien, mais je ne sais pas comment je vais représenter mon pays, si je ne suis pas à l’aise, et que des conditions du travail sont médiocres, à quel rendement doit-on s’attendre ?
Je ne suis pas vraiment dans mon assiette, comment ? Je ne suis pas matériellement bien préparé et comment dois-je être confiant, au moment où le gouvernement n’a rien investi sur ce que je dois présenter comme travail. C’est très désolant. Je suis entrain de vous dire vraiment la vérité, la réalité de ce qui est entrain de se passer.
CC : S’il fallait parler de vos préparatifs, quel serait votre mot ?
CS : Les préparatifs sont catastrophiques. Je ne peux pas parler pour tous les athlètes, mais la vérité est que nous sommes entrain de travailler dans des conditions très difficiles et déplorables. Ni le comité d’organisation, ni le ministère de tutelle, ni tous ceux qui sont censés nous suivre de près, ne nous ont accompagnés pour les IXèmes Jeux de la Francophonie.
Je ne sais ce qu’ils sont entrain de faire, je pense qu’ils sont peut-être plus concentrés dans les infrastructures sportives et autres choses. Comme nous sommes officiellement sélectionnés pour y participer, Mme la ministre de la culture nous a même dit, lors d’entretiens de prise de contact, que nous sommes des ambassadeurs du pays. Est-ce que un ambassadeur doit être traité de la sorte ? Si c’étaient des artistes de trempe de Fally Ipupa, Koffi Olomide, Ferré Gola et autres, allaient-ils subir le même sort ? C’est for regrettable.
CC : Est-ce que le gouvernement a-t-il débloqué du financement pour vous permettre de mieux entamer vos préparations ?
CS : En tout cas, je n’ai rien reçu comme enveloppe raisonnable jusque-là, venant du gouvernement central. On nous avait seulement dit que le gouvernement va débourser de l’argent, mais le constat sur terrain est très amère. Ce que, moi, j’ai eu à recevoir, c’était les membres du comité avec qui nous étions sortis pour aller faites des achats des matériaux pour débuter le travail. Mais comment ce travail devrait-il débuté sans amortissement ?
Pas de frais alloués au transport au quotidien, atelier, ni de l’électricité. C’est comme si je faisais mon propre travail, alors que c’est le travail de tout un pays. Mais on ne s’occupe pas de nous. Il n’y a pas de financement, même pas de garantie. Ce que nous attendons d’eux comme artistes ou athlètes, c’est de nous rassurer, nous accompagner et même nous donner de la force. Il n’y a pas eu bonne communication que ce soit au niveau du ministère que des organisateurs.
CC : Que reprocheriez-vous au ministère de la culture ?
CS : Je reproche sincèrement au ministère, son manque d’organisation et d’initiative, du genre mettre des gens compétents qui devraient bien faire le travail sur terrain et maîtriser les choses. Je ne sais ce que le ministère est entrain de faire, comment il est entrain de communiquer et de s’organiser en même temps.
On ne s’est même pas vu avec Mme la ministre sectorielle. On ne nous rien confirmés comme les choses doivent se passer. Je n’ai même pas vu des catalogues pour l’organisation, pas de réunion ou briefing. Nous ne savons même pas là que nous allons déposer les travaux que nous sommes entrain de faire. Donc, il y a eu une piètre organisation, mal gérance au niveau local que, finalement, on ne comprend rien du tout.
CC : Pensez-vous maintenir ou décliner votre participation ?
CS : Maintenir ou décliner ma participation, je ne sais pas donner une réponse claire à ce sujet, parce que les membres du comité d’organisation que les noms de tous les sélectionnés ont déjà été envoyés au niveau international. Donc, du coup, si j’essaie de décliner ma participation, cela veut dire que la RD-Congo est d’office perdante et il y aura une vacance dans la partie sculpture et installation.
Pour le moment, je garde la tête haute en pensant que tout va biens se passer, tout va alors très bien se passer comme on le souhaite tous. Espérons qu’au dernier virage, tout ce qui est prévu pour nous, nous sera parvenu, ce sont nos attentes et que je veux participer, nous allons participer et que tout va bien se passer.
CC : Que dites-vous en dernier lieu ?
CS : Courage à nous, les sélectionnés de la RDC, athlètes comme artistes. Aussi, courage aux membres d’organisation qui se battent pour que ces jeux se tiennent, et merci à tout le gouvernement pour leur implication, parce que c’est un honneur que la RDC, avec toit ce qui se passe, reçoive quand même les IXèmes jeux de la Francophonie sur sa terre. On attend le coup d’envoi et je pense, je crois en même temps, que tout va bien se passer.
Propos recueillis par Masand Mafuta