Le Congolais Haloback Kabango Jonathan, est un artiste chorégraphe et danseur professionnel évoluant dans la sous-région des Grands-Lacs. Inspiré par toute une pléthore des faits marquants de notre pays, ses mouvements de danse intimistes puisent leur créneau dans la diversité culturelle congolaise.
Sa singularité est qu’il se déchaîne dans un style purement intimiste, mettant en exergue la symbiose corpus et animus, sur scène. Cet artiste pétri des talents est originaire de la province du Sud-Kivu. Contacté par votre rédaction, il a tenu de nous faire part de l’essentiel de ses activités professionnelles. Ainsi, nous vous laissons vous imprégner de la quintessence de l’interview qu’il nous a accordée.
Culture Congo : Pouvez-vous vous présenter pour le bonheur de nos fidèles lecteurs ?
Haloback Kabango : Je viens du Sud-Kivu, dans la partie Est du pays. Je suis un artiste et je pratique la danse. Je suis donc un chorégraphe et interprète des plusieurs mouvements scéniques dans l’arène du 6e art au pays (les arts de la scène, dont la danse fait aussi partie). Je suis également encadreur des enfants abandonnés dans la rue, dans certains domaines artistiques se basant sur cette discipline.
À Bukavu et dans la capitale du Rwanda (à Kigali) je m’occupe bien de ces jeunes dans une organisation appelée « Indaro Child » (ndlr, maison des enfants en français). Nous leur offrons un cadre d’évolution, un foyer où l’art fait aussi partie de l’éducation. Ainsi donc, j’utilise l’impact de l’art pour leur permettre d’intégrer facilement dans la société qui les stigmatisent et marginalisent. J’ai 27 ans, et je suis père de famille. Mon enfant fait déjà, dans les 2 ans.
CC : Dites-nous alors la raison qui vous a poussé à choisir la danse comme votre expression artistique ?
HBK : J’ai choisi la danse comme une expression artistique parce qu’elle d’abord un moyen de résistance face aux différentes pulsions qui nous poussent à exprimer nos états d’âme. Aussi, j’aime bien bouger mon corps, explorer une thématique quelconque et surtout que c’est une facette de la vie, et même la clé qui ouvre toujours mon bonheur, pour moi la danse devrait être placée au même piédestal que l’écriture, la médecine, et bien d’autres. La danse, c’est la vie elle-même qui bouge et tournoie sur sa plaque, avec toutes ses facettes et son lot d’expansions.
C’est une sorte de science pour moi, un langage universel qui offre au corps toute sa liberté et son expression d’être libre, se mouvoir pour véhiculer les différentes sensations. La danse est aussi un rendez-vous habituel du donner et du recevoir, je peux encore rajouter que la danse permet de s’ouvrir aux autres en toute liberté et singularité. Avec elle, j’exploite le temps, et j’occupe mon espace, je transmets de l’énergie, et je me sens en harmonie avec mon entourage. Danser pour moi, c’est juste contrôler mes émotions, et respirer.
CC : Comment voyez-vous la conception de la danse en RD-Congo ?
HBK : En RDC, la danse est tout d’abord une culture. Qui ne connaît pas un congolais ? Qui ne sait pas exécuter un pas de danse ? Loin de là, le foisonnement de plusieurs tribus offre à la danse un envol substantiel. Chaque Tribu possède ses manières de danser, et à part cela ; au Congo, moi je danse uniquement pour la liberté de l’esprit, je prône cela car principalement pour moi la danse est vecteur d’expression de tout ce qui sonde l’être humain. Les sens et organes communiquent avec le cerveau, et celui-ci communique aussi avec le corps dans son entièreté et la danse vient maintenant accentuer cet ordre du cerveau, en l’harmonisant avec des mouvements bien choisi sur la scène.
CC : Combien de spectacles possédez-vous à votre actif ?
HBK : Depuis mes débuts, nous avions déjà initié plusieurs spectacles, et au départ c’était dans une compagnie « FIRE DANCE » qui évoluait dans la ville de Bukavu, et la première fois qu’on est monté sur scène, c’était bien au Festival Amani, nous avions présenté le concept « Sage comme sauvage » ; et ce même spectacle a été joué au Festival « Eant de Amizero dance company » ; au Rwanda, et voilà mon parcours. Cela nous a servi de tremplin, et d’autres créations ont vu le jour, et bien même d’autres concepts comme : Mitimiti, Art-Départ, Life in motion, etc.
CC : Pourquoi avez-vous donc choisi l’Afrique de l’est, comme lieu de résidence et d’activités, surtout la région des Grands-Lacs ?
HBK : Je n’ai pas choisi East-African Community, mais c’est juste chez moi, je m’y retrouver depuis ma naissance, et l’Afrique en général, c’est le berceau de l’humanité, ainsi donc l’art n’a pas de frontières. Je travaille beaucoup plus dans la région des grands-lac car c’est la région qui est propice aux réalités que je véhicule actuellement dans mon mindset, je profite de bonnes relations culturelles entre la RD-Congo, le Rwanda, le Burundi, Ouganda, Kenya, Tanzanie, pour véhiculer des messages de vivre-ensemble. Le reste, ça appartient au concours des circonstances et un artiste, comme le disait Chekov, n’a pas à répondre aux questions sociales, c’est bien lui qui devrait en poser, vous voyez ?
CC : Quel est votre public cible ?
HBK : Mon public cible ? C’est d’abord les jeunes, ces enfants abandonnés dans la rue, ces jeunes vulnérables, ces enfants soldats, les malade mentaux, les orphelins, les veuves, et les handicapés, j’aime bien beaucoup cette couche de société, car il faut toujours un peu de mouvement pour changer l’humeur et vous voyez ? La danse répond facilement (d’une manière intime) à ces questions, pour moi. Celles qui sont liées à la réinsertion sociale de toutes ces personnes délaissées à ce triste sort, et surtout dans la région des Grands-Lacs ; si nous essayons de creuser un peu plus loin.
CC : En terme de toutes vos réalisations, vivez-vous bien de votre art, surtout en tant que père famille ?
HBK : Oui, je vis de mon art, et très bien encore nonobstant les tares de la vie. Il y a toujours des situations qui nous dépassent, vous savez que cette vie est un combat, alors il faut toujours chercher à équilibrer la donne. Personnellement, je respire par la danse, et mon corps je le considère comme un bureau. Depuis mes 12 années de carrière, je vis à mes dépens, loin des parents, et c’est mon univers artistique qui le sert d’appui en tout et pour tout. Pour moi, la danse est tout dans tout, dans cette vie.
Nous l’espérons bien que le parcours élogieux de cet artiste parviendra à impacter plu d’un jeune qui se laissera inspirer par tout ce qu’il fait dans la vie, pour redorer encore les blasons du 6è art, dans la sous-région des Grands-Lacs et, même sur l’étendue de la communauté des Etats d’Afrique de l’Est.
Propos recueillis par Muda Maxana, rédacteur et correspondant régional/Bujumbura (Burundi)