La ville de Lubumbashi ne cesse d’être le témoin de la montée en puissance des artistes, notamment dans le domaine du slam. Au sein de cette ville cuprifère, le festival International du Slam au Congo (FISCO) est une initiative exceptionnelle organisée spécialement pour le public lushois.
Initié par l’artiste slameur Jonathan Ntumba, le FISCO est un festival qui vise à réunir les slameurs du Congo sur un thème pour faire danser les cœurs du public grâces aux rythmes des mots et surtout promouvoir le slam à travers le pays.

Cette année, la troisième édition du festival s’est déroulée du 21 au 26 avril 2025, réunissant les voix des slameurs hors pairs de la ville. Et parmi les voix qui sont montées sur scène, BZO LE VRAI est cet artiste, féru de sens et de véracité, qui a fait vibrer les coeurs du public par ses textes incontournables mais aussi sensationnels.
Pour lui, accepter de prester, lors du Fisco, n’est pas une réponse simple face à l’invitation, mais un retour à une scène qu’il connaissait bien.

» Le FISCO est un rendez-vous avec l’histoire. C’est un moment où je peux poser mes mots dans un espace culturel de partage où la poésie et le slam se font acteurs du changement. Et à chaque édition, je me sens un peu plus connecté à cette histoire vivante qui se tisse sur les scènes du Congo et au-delà « , a-t-il déclaré.
BZO s’est présenté avec un message fort lors du festival. À travers le thème choisi, il célèbre le lien social et invite chaque personne à se poser des questions sur le soi et la dignité humaine:
« Je parle sous le thème—BOMOTO—L’humanisme dans toute sa vérité nue. C’est plus qu’un mot, c’est un miroir tendu à chacun : Qui es-tu quand tu retires les masques ? C’est un appel à redevenir humain, à se rappeler qu’avant d’être statut, costume ou drapeau, on est avant tout vivant, fragile, sensible. Je viens avec une parole qui dépasse les murs, une parole qui dit : sois vrai, sois toi, sois lumière dans ce monde qui doute. BOMOTO, c’est refuser de déshumaniser », a-t-il décrit.
De l’influence vers un avenir radieux
Sa légende commence loin des scènes officielles. Dans les couloirs de l’enfance. Tout naît à travers l’admiration silencieuse qu’il avait pour un grand frère. Puis, il se laisse influencer par les charmes des mots qu’il copiait en secret pour être déclamé à l’école.
« J’ai été influencé par un grand frère que je considère comme une plume affûtée, un maître des mots et des scènes. Il écrivait des poèmes, des pièces… et moi, en douce, je volais ses textes pour les déclamer à l’école comme si c’était moi l’auteur. Au fond, je voulais être lui. Mais un jour, ce sont mes propres mains qui ont commencé à noircir les feuilles blanches. C’est là que j’ai commencé à exister. Depuis que je suis tombé dans ce bel art qu’est le slam, j’ai trouvé plus qu’une voix. J’ai trouvé un moyen de communiquer, de protester, de défendre mon espace de liberté, ainsi que réinventer le monde avec ma plume et ma voix », a-t-il raconté.
Aujourd’hui, BZO secoue les consciences par ses mots. Car, pour lui, le slam constitue une bombe éducatrice pour la société.
« Le slam pour moi, est un mélange explosif. Un cri, quand le silence pèse trop. Une prière quand mes mots cherchent la lumière. Un acte de résistance quand l’injustice veut m’étouffer. Le slam n’est pas juste de l’art, c’est un engagement. Un moyen de faire exister ce qu’on veut taire. Donner une voix à ce qu’on n’entend jamais. Le slam, c’est ce lieu sacré où la rage devient message. Où la douleur devient langage. Et où chaque mot posé est une révolution douce, mais déterminée », a-t-il ajouté.
Sa carrière dans le slam n’est pas qu’une évolution mais aussi un parcours inspirant pour les jeunes de sa génération. Une lutte et un réveil afin de servir les bonnes causes ainsi que soigner les maux de la société.
Cécile Biayi