APERÇU HISTORIQUES SUR LES TEKE
Les Téké occupent une aire s’étendant sur les territoires de la république du Congo, une petite partie de l’Ouest de la république démocratique du Congo et une minorité à l’Est du Gabon.
Dans le vaste territoire que constituait l’ancien royaume Kongo, cohabitent de nombreux peuples, dont, les téké qui étaient aussi constitués en royaume avant même que les portugais investissent Mbanza Kongo, la capitale du royaume Kongo. D’où, le royaume téké est il déjà ancien. A ce propos, J.Vansina, écrit que « les origines du royaume tyo sont également inconnues; en fait, on peut supposer que le royaume est aussi ancien que ceux de Kongo et de Loango
On peut dire que vers les années de l’exploration de notre continent, des missionnaires qui passé tout au long du fleuve Congo, parla peut du royaume de Makoko, venant de Mbanza Kongo, certifia que de l’autre coté se trouva le royaume de Makoko où jamais chrétien n’était entré car ce sont des anthropophages qui y habitent.
Ceci peut aussi certifié que ce royaume est resté plusieurs années inexplorées. Il est important de savoir que le royaume téké fut impliqué dans la traite esclavagiste en 1529 et vers 1566 – 1567, les guerriers téké attaquèrent le royaume Kongo et y tuèrent deux chefs. En principe, ce royaume est resté inexploré, car beaucoup de personnes le craignaient, c’est ainsi que nous ne connaissons que les deux derniers Makoko. Le premier blanc (explorateur) à rencontre Makoko fut le français Robert Savorgnan de Brazza
Organisation administrative
Le royaume téké était organisé de la manière suivante: au sommet un chef suprême, Onko’o, dirigeant du royaume, en tant que représentant des ancêtres morts et symboles effectifs de l’unité ethnique. Le Makoko (Onko’o) était entouré de dignitaires héréditaires, il partageait le pouvoir avec ses grands feudataires qui ont un département ou un ministère. Ceux – ci étaient choisis suivant un ordre de matriarcat: de frère à frère et de l’oncle maternel à neveu. Le royaume aussi grand soit il, était dépourvu de division clanique. Le principe d’organisation majeure était la chefferie (village).
Le village est l’unité sociale la plus important. Chaque village avait un chef, « M’fumu», mais tous les « M’fumu» n’étaient pas puissant et connus à Makoko. Par contre, il existait de grand chef, puissant, «Nuko’o », qui sécurisait plusieurs villages son pouvoirs et son autorité s’étalait sur une superficie quelconque. Et tous les M’fumu sous sa protection lui devaient des tributs, à son tour, payait aussi à Onko’o.
Ce royaume a connu un tournant décisif de son histoire par la signature avec l’explorateur français Savorgnan de Brazza, le 10 septembre 1880. Ce traité, dite traité de Makoko, mettait le royaume sous la protection de la France. Et en 1885, lors de la conférence de Berlin, les peuples téké ont vu leurs royaumes divisés en trois: la portion Nord Ouest relevant de la République du Gabon, la portion centrale dépendant de la République Populaire du Congo et la portion méridionale sur le territoire de la République Démocratique du Congo. Ainsi fut la fin du royaume des Batéké.
Origine du nom Téké
Il s’avère que le nom anzico fut la plus ancienne appellation du peuple téké où diverses orthographes interviennent; anziku, anzico, anzique (pour certains missionnaires). Ce peuple fut aussi appelé les tyo (ou tio), suivant l’orthographe européenne.
Selon J. Vansina, le terme Batéké, serait un terme kikongo se réfèrent aux groupes de populations appartenant au royaume de Makoko. L’ethnonyme téké, chez les peuples kongo, sur les plateaux de Batéké, et dans toute la vallée centrale du Congo, renvoie à l’idée de vendre. Le terme téké signifiant « vendre» en langue kikongo, ferait ainsi référence à l’activité économique principale des tyo qui était le commerce et par conséquent, c’est de cette manière qu’ils étaient considérés par leurs voisins comme les Batéké, c’est-à-dire les commerçants Comme le précise le site Internet Karthala.com, ils apparaissaient de plus en plus comme des grands commerçants, notamment d’esclaves, qu’ils vendent en échanges de ressources européennes; ainsi, les ethnies voisines n’hésitèrent pas de surnommer les anzico les Batéké (les vendeurs).
Une autre version raconte qu’on le surnommait les atégé, qui fut peu à peu déformé par les occidentaux au profit de terme batéké. Selon Wikipedia, le terme tégé signifie vendre en langue kongo, et le terme Batéké (fr. pluriel) est la forme occidentalisée de « ba atégé» (ceux-ci sont les tégé c’est-à-dire, les vendeurs).
Il y a aussi une légende qui raconte qu’un groupe de guerriers anzico furent sauvés de leurs agresseurs par un oiseau que l’on nomme « katégé ». Ainsi, ils se décidèrent de s’appeler désormais « ba atégé» qui fut peu à peu déformé par les occidentaux à batéké.
Organisation sociale
La structure sociale téké part de la famille. D’après les informations obtenues au près des téké, le départ est nzo ou nzi; c’est-à-dire la maison dont le père est le chef de famille, de sa femme et de ses enfants, car c’est lui qui a versé la dot pour épouser la femme. Mais très souvent, il est considéré égal ou inférieur au frère de son épouse.
L’oncle exerce une autorité sur les enfants de sa sœur et c’est à lui que revient la charge de choisir un successeur, soit un féticheur, un sorcier ou une initiation quelconque en quoi il détient le pouvoir; ce qui est interdits à la famille de l’époux et du père en particulier. C’est peut être ce qui a fait dire à Vansina : les téké sont bilatéraux, mais plus organisés en matrilignages. Cependant, la famille paternelle n’a guère d’influence sur les enfants, en dehors de celle que le père peut exercer et qui ne dépasse pas le cadre de l’éducation et parfois, de l’apprentissage de certaines techniques de la chasse, de pêche et d’autres activités liées à l’économie familiale.
Nous pensons généralement que, le rôle pédagogique est dévolu à la famille maternelle dont l’oncle est responsable (frère de la mère)
Les sous-groupes téké
Les téké sont constitués de différents sous groupes; comme nous le disent plusieurs historiens et écrivains, à l’instar de Vansina, de Rauol Lehuard, de Olga Bonne, etc. les téké constituant les trois nations, sont issuesde différents peuples. Nous ne faisons pas, ici une étude ethnologique approfondie sur les téké mais nous allons essayer de classifier les peuples constituant le téké :
Au Gabon, nous retrouvons; les Djinini, les tégé, les tsaye
En République Populaire du Congo, il y a les djinini, les tégé, les tsaye, les téké laali, les yaami, les kwei, les mfumu, les nkoli, les wumu, les mbembe, les sese, les aboma, les ngounwoni, les koukouya, les nziku, les dzindzali, les tswa.
Et en République Démocratique du Congo, nous comptons parmi les téké : les Bwala, les Nfinu, les Tswara, les babibana, les Nku, le Bolobo. Parmi tous ces peuples partageant la même culture, nous trouvons aussi qu’ils se communiquent par la même langue, Kitéké, une toute petite différence peut être faite sur la tonalité, et aussi dans quelques mots signifiant la même chose mais ne se parlant pas mêmement. Par exemple, le yale Nfinu qui disent, bis (nous), et le babibana qui disent, bie, pour signifier la même chose.
Le mariage
L’importance de la famille se manifeste aussi à l’occasion du mariage. Celui-ci est généralement plus affaire des familles que des fiancés. La préoccupation principale qui préside aux négociations et à la réalisation du mariage est de bien servir les intérêts de familles et du village. En général, on respecte l’inclinaison des fiancés, mais les avis des parents en décident en dernier ressort.
Le mariage d’un même groupe de lignage est souvent prohibé par crainte d’une forte sorcellerie, mais les mariages forcés sont très courants et ne dépendent pas de l’âge. D’après nos informateurs, une fille peut être mariée tout en n’étant pas encore née, ainsi on se passerait de son propre avis au profit de celui de ses parents, oncles et tantes qui posent le dernier veto.
Chez les téké, l’indemnité matrimoniale est moins signifiante mais très coûteuse, car le mari devrait passer chez tous les oncles et tantes de la femme pour leur donner du vin et un peu d’argent puis quelques symboles au père de la femme (bien matériels, et argent en espèce) mais qui ne peut être exagéré car, on aura toujours besoins de l’homme et de ses diverses apports au sein de la famille.
La polygamie est autorisé suivant la fortune de l’époux: un de Muko’o raconte qu’un chef reçoit très souvent des femmes comme cadeau venu d’autres familles et villages. Ainsi, ils se retrouvent en confiance sous la supervision de ce chef.
En ce qui concerne la divorce tous les informateurs sont presque du même avis, de mêmes sentiments; le divorce est très rare, mais très souvent la cause est la sorcellerie, les autres viennent loin derrière.
Une fonction essentielle de mariage est de nouer ou de renouveler des alliances entre villages, familles, groupes,…se mariage a aussi une seconde fonction importante, qui est la procréation.
Relation sociales
D’après nos informations, chaque village à ses règles propre, mais qui convergent dans plusieurs cas. Le chef est la première personne qui tien morale à toute la population du village.
Quelques règles que le peuple devait respecter, étaient formulées comme suit:
Vous, qui que vous soyez, quoi que vous fassiez, ne transgressez pas les lois établies par le chef.
N’entrez pas en courant, en groupe ou en criant dans l’enceinte du chef, car un notable est à la porte pour amener les visiteurs au chef (cas en perdition)
On obéit toujours au chef même quand il vous demande un service et on ne lui demande aucune rétribution, ni même à sa femme, des intérêts quelconque, sauf si lui-même vous intéresse.
Vous chasseurs, vous abattez un animal à la chasse, donnez la patte arrière et la poitrine au chef (pour des gros gibiers: éléphant, taureaux, …) de peur de vous voir maudit par le chef.
Plusieurs lois établies, afin de maintenir le respect pour tous, dit-on; l’obéissance n’est pas de l’esclavagisme; que le respect mutuel et de l’autorité ne dégrade personne.
Toutes ces lois étaient, et sont réciproques. Il y a encore une autre loi; celle de respecter le jour de fête des ancêtres, « buko’o », ou « buku », jour où l’on se réserve d’exercer de durs travaux ou de se promener dans la forêt de peur de rencontrer un malheur. Cette fête réduit la semaine à quatre jours, donc trois jours de travail et un jour de repos, chose qui existe jusqu’aujourd’hui dans certains villages téké.
A son tour, le chef doit être poli, plein de dignité, conscient de son rang social.
Et une personne qui aime unir.
Les sanctions
Autres fois, la décision sur les sanctions était réservée aux chefs et ses collaborateurs, toute loi devrait se voir respecter. Il y a des lois qui devraient être bien gardée jusqu’à nos jours; le respect de la femme d’autrui et le respect de bien d’autrui.
La peine de mort était très souvent le « mbondo », qui existait même après l’époque coloniale. D’après Olfert Dapper, dans le royaume tyo, vers le XVIème siècle, les criminels et esclaves étaient exécutés et leurs chair était préparé pour le dîner du roi et des ses courtisans. Ainsi parlait- on de l’anthropophagie des téké qui faisait craindre les explorateurs.
Les mauvais sorciers étaient et sont punis par d’autre, bivuo, qui, soit décident de l’exil, ou soit de sa non reconnaissance à sa famille. Sanction grave, et qui existe jusqu’aujourd’hui dans des villages téké, Mais très souvent dans des disputes, le chef ne condamne personne comme coupable, il cherche à renouer l’alliance, la communion qui veut rompre afin de garantir l’entente dans les familles et les villages.
Croyances et religion
Dans l’ancien royaume tyo et dans tous ses villages, on reconnaissait un être suprême, NJami ou NJame Mpu, considéré comme créateur.
NJami représente toujours les forces, personnages avec des qualités exceptionnelles et tout puissant, mais, les téké considèrent que NJami est trop éloigné, ainsi, il s’adresse aux intermédiaire qui sont très souvent les ancêtres qui sont toujours aux cotés des vivant. Et une importance s’accorde aux esprits de la nature, très souvent, les esprits de l’eau.
Les villages téké disposent des lieux où habitent des esprits et souvent dans des chutes d’eau, des rapides, des sources d’eau, etc. Ces esprits peuvent agir partout au service de l’homme disposant d’un sanctuaire approprié. Les sanctuaires n’étaient pas en édifices mais dans ce lieu que l’on considère mystérieux et aussi sous les gros arbres que le ngaa tenait son culte et ses initiations.
Très souvent, les téké représentent leurs esprits par des objets symboliques parmi les hommes: les coquillages, les statuettes, les bâtons, les arbres, les plantes, … mais les plus usité restent les statuettes. Ces représentations se nomment communément nkisi ou buti, ce terme désigne toute puissance, tout phénomène se manifestant de manière extraordinaire.
En ce qui concerne le kindoki ou sorcellerie, autre fois, pour les téké, la famille n’ayant pas de sorcier était considérait comme faible; c’est dans de pareille famille que l’on prenait de force les esclaves, et aussi des personnes à sacrifier pour les comptes des certains sorciers.
Souvent, tout mal frappant une personne s’expliquait par la sorcellerie ou par la malédiction des ancêtres (en cas de non respect des certains interdits).
Les téké reconnaissent aussi de personne naissant avec des pouvoirs extraordinaires, sans pour autant se faire initier, ce sont souvent de jumeaux, des personnes venant après les jumeaux, des personnes qui sortaient par les pieds en premiers, que l’on considère investie par Dieu et détenteur des pouvoirs ancestraux, mubuila a mobu ou mudu, qui souvent se considèrent comme bivu.
Toutes ces croyances se sont reléguées par le christianisme et par d’autres influences religieuses et européennes.
La langue
La langue utilisée par le téké est le Kitéké, mais cette langue étant donné qu’elle est tonale, se diversifie peu suivant le sous groupe téké.
Souvent les différents mots existant dans cette langue ayant trois ou quatre syllabes se voit prononcé haut le premier ton, le deuxième moyennement et le troisième ton sera presque mort et apparaissant sans voyelle. Exemple : Ilib, Manzun
En principe, dans la langue Kitéké, il existe chaque phonème ou élément sonore du langage articulé. On peut constater que le degré d’aperture fait la distinction des voyelles ainsi que l’arrondissement de lèvres et la position de la langue. Lesconsonnes, par le point d’articulation se différencient.
Le Kitéké est une langue tonale, certes, chaque syllabe se prononcer à une hauteur bien déterminée, pour donner une signification nette au mot. Ainsi, dans le monde musical, le ton constitue l’accent musical de la dite langue.
Arts et Cultures
L’art téké se fait remarqué plus par la fabrication de statuettes, souvent à caractère magico religieux ces fabrications se faisaient en sculptant les bois ou aussi en laiton. Le tissage de raphia. La poterie et la céramique sont aussi dans la liste des artisans téké qui sont souvent à la base de la fabrication des outils de ménages et ustensiles des cuisines. Dans l’ancien royaume téké et durant la période coloniale, les téké se reconnaissaient par les scarifications, qui, soit aux joues et tout en étant identique faisait remarqué plus vite aux autres son appartenance ethniques. En dehors de tout ceci, la musique avait aussi une place de choix pour toute circonstance intervenant dans la vie des téké.
7 Commentaires
votre article est très intéressant.Il a des informations très crédibles.Je formule le vœu de voir les ba ku ngulu ou bangangoulou être considéré comme sous ensemble de l’ethnie téké.
Merci pour votre contribution
Nous sommes aussi ouvert à toute orientation pour enrichir les données
Merci encore de vouloir contribuer
Votre article est instructif pour moi un descendant teke élevé par des loangos.
J’aimerai en savoir plus sur les guerriers tekes
Le people teke avait t’il des tatouages tribaux ?
Bonsoir. Le contenu me paraît assez intéressant. Toutefois, vous aurez dû ajouter le teke nsitseghe, très proches des tekes tsayi au Gabon : Haut-Ogooue dans les départements des plateaux (village Kessala ), Ogooué Letili (grand village “Mboua”) où on ytrouve des tsayi ( Boumango) assimilés au Kaninghi ( village Moungou o ngo), à l’entrée de Bongoville ( village Kiri). Congo : Département de la Lekoumou ( zone Simombondo dans le district de Bambama qui regroupe aussi Teke – Tsayi,Ndassa et une infine présence obamba mbete. Par ailleurs, vous n’avez pas mentionné les tekes wumu ou humbu de la RDC.
Bonsoir.
Merci beaucoup pour ce contenu. Il aurait été intéressant de souligner qu’il existe au Gabon
des tege ( appelés teke Alima), des tekes tsayi de Boumango et leurs cousins Teke nsinseghe du grand village Mboua dans le même département de l’Ogooué Letili sans oublier les nsinseghe des villages Kessala par Onkoua et Leconi dans les plateaux ; ceux du village Kiri à Bongoville. Dans le département de la Lekoumou, district de Bambama, la zone de Simombondo est forte majorité peuplé de Teke nsinseghe. J’en parle parce que mes grands parents maternels y sont quelque peu concernés par ces deux entités.
Contenu très intéressant. Cependant, l’absence de “sources bibliographiques” (en dehors de l’indication relative à J. Vasina dont on ne connaît pas la fonction ou à tout le moins ici également, un renvoi à un ouvrage précis) et l’absence de signature de l’auteur (ou des auteurs [article collectif]) du présent texte, me laisse sur ma faim. Vous ayant indiqué mon adresse mail, je vous saurai gré si ces informations pouvaient m’être envoyées.
Cordialement.