J’écris ces quelques lignes avec l’ancre de mes yeux : ces larmes qui coulent… Elles ne coulent pas en vain; elles coulent beaucoup plus quand je réalise à quel point mon pays, le Congo refuse de prendre en charge son destin alors qu’il est temps pour lui de le faire.
Le voici très occupé dans des festins, pas loin, demain tu le verra au coin, devant son verre dansant au rythme de “Indépendance cha cha” alors que ce machacha est le véritable pas de danse que ces cons nous ont offerts gratuitement pour se rassurer que l’on jouis bien sans réfléchir. Puisqu’ils savent bien qu’un peuple jouisseur ne développe jamais”. Ce soir je suis triste.
Congo, j’ai envie de te dire que cette indépendance que tu célèbre aujourd’hui est mythique, mystique même et ça je pense que tu le sais très bien mais tu refuse juste de la tutoyer puisque ça te semble avantageuse. C’est au nom de ce théâtre que la scolarité de tes enfants est prise en charge, financement de tel pays tel pays; c’est ça ton refrain alors qu’ici tu veux qu’on t’appelle Congo pays Indépendant…
Ce soir je suis triste, moi ce congolais perdant, victime d’une politique cosmétique, une politique vouée à l’exercice du copie-coller consistant à prendre aveuglément tout ce qui se fait et dit à l’occident et l’imposer sur moi comme des dogmes. Que dire de plus ! Je suis juste triste.
S’il vous plaît, réveillez-moi Lumumba afin qu’ils voient comment ses efforts consentis sont bafoués aujourd’hui.
-Lumumba, ici les congolais pour qui tu t’es battu jusqu’au point de perdre ta vie, sont devenus hostiles envers sa nation au point de vendre même leurs terres qui devraient pourtant être le bien le plus précieux et sacré pour eux, pour retourner à l’esclavagisme, c’est esclavagisme volontiers.
- Ce congolais que tu as appelé vaillant s’est repenti, maintenant il se fait appelé “Ngunda” . Je suis triste ce soir.
Mobutu peux-tu écouter mes cris d’alarmes ce soir ? Toi qui a redonné le prestige à ce peuple, voilà comment ils crachent sur ton tombeau aujourd’hui. Au nom de “la modernité” ils ont décidé de passer du mimétisme à l’aliénation, le voici finalement déraciné se figeant dans un dualisme culturel handicapant. Et l’on se retrouvent devant les situations telles que le mythe de l’occident, de sa puissance technologique et de son modèle économique, véhiculé siemment à l’école, est arrivé à reléguer au second plan les valeurs authentique qui définissent l’originalité de notre culture, cette culture que tu as tant aimée et promue. Je suis triste ce soir.
Congo !
Congo Eloko ya Makasi !
Aujourd’hui, il faut que tu te mettes à réfléchir.
Tu fêtes pendant qu’à l’Est, il y a la guerre ?
Tu fêtes pendant que ton avenir est toujours sombre ?
Tu fête pendant que ton autonomie est encore inimaginable ?
Pour une indépendance authentique, il faut que la réflexion autour des idées constructives soit le pas de danse de notre quotidien.
Edimon Moïse
Animateur culturel des Editions Mabiki