De son vrai nom Benika Kamwira Benjamin, connu principalement sous le sobriquet « Benika Zey », cet jeune artiste musicien, compositeur et coveriste talentueux de Goma incarne une nouvelle manière de faire entendre la diversité musicale congolaise. Il est un prototype artistique : un modèle original, une voix singulière et un alchimiste sonore, mêlant afrobeat, soul et influences gospel, le tout construit sur l’audace, la curiosité et la spiritualité.
Des racines ecclésiastiques à l’éclosion artistique
Benika découvre la musique en 2014 dans un cadre ecclésiastique, où il apprend les bases du chant et de la composition. Son premier contact avec un micro en 2015, lors d’une prestation à l’église, marque le début d’un parcours qui deviendra professionnel en 2021. « La musique n’était pas une inspiration pour moi au préalable », confie-t-il, soulignant une vocation née dans le silence et la foi. Contrairement à de nombreux artistes, Benika ne ressent pas dès l’enfance une vocation artistique ; il apprend et se laisse traverser par l’inspiration plutôt que de la chercher.

Une oreille universelle, une plume inspirée
Sa méthode de composition est introspective : « Je m’inspire, je mets mon esprit clair puis je chante », explique Benika. Un processus nourri par ses lectures, ses découvertes musicales et une conviction spirituelle forte. « Nous ne pouvons rien sans une aide suprême », affirme-t-il, reconnaissant ainsi l’importance du sacré dans son parcours créatif.
Benika n’appartient pas à un genre figé. Il s’ouvre à tout ce que la « bonne musique » propose, explorant des sonorités afrobeat, gospel et autres influences urbaines. Il puise dans les univers d’artistes congolais, nigérians, francophones et même latins, créant un style hybride qui transcende les genres et les langues. Sa discographie en témoigne, avec des titres comme « Sikwachi », produit par Blay Beatz, ou encore « Dis-moi » et « PLIZ », disponibles sur les principales plateformes musicales.

L’art comme pont culturel et outil de rayonnement
« Un artiste ne doit pas se focaliser uniquement sur sa culture », explique-t-il. C’est cette vision plurielle qui fait de lui un prototype : un modèle vivant d’un artiste capable de représenter Goma tout en étant accessible aux cultures du monde. Pour lui, l’art est une passerelle entre tribus, nations, émotions et générations. Représenter sa ville et son pays à l’échelle internationale n’est pas un caprice, c’est un droit et un devoir patriotique.
Une ambition affirmée mais patiente
« Je voulais que ma musique soit écoutée par toutes les catégories et genres de personnes. » Cette volonté d’inclusion le pousse à rêver grand, tout en gardant les pieds sur terre. Dans cinq ans, il se voit comme un artiste de renommée, « accomplissant ses objectifs petit à petit ». Un chemin qui passe aussi par des scènes de plus de 10 000 spectateurs — une étape marquante et un témoignage de son potentiel.

Comme tout artiste, Benika connaît aussi des moments de doute : « Il arrive toujours ces moments où l’esprit est sombre », dit-il. Mais il les traverse en gardant la tête haute, transformant l’ombre en matière à chanter et les silences en mélodies.
Benika Zey ne se contente pas de chanter — il raconte, rassemble, élève. Sa voix est plurielle : enracinée à Goma, nourrie de spiritualité, ouverte au monde. Un prototype rare dans le paysage musical africain, à suivre de très près.
Amani Lugero