Le rappeur belgo-congolais Damso a rompu son silence médiatique samedi dernier en adressant une lettre ouverte poignante au Président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, via une série de publications sur Instagram. L’artiste, s’érigeant en porte-voix de la diaspora et du peuple congolais, a vivement dénoncé ce qu’il qualifie d’inaction face à la corruption, aux injustices sociales et à la tragédie sécuritaire qui ravagent le pays.
Loin des projecteurs du monde du spectacle, l’interprète de L’Impardonnable a choisi un ton grave et solennel pour exprimer sa profonde désillusion. Il ne se positionne pas en adversaire politique, mais en « fils de la République », blessé par la situation de son pays d’origine.
« Je vous écris non pas en adversaire, ni en posture d’opposant, mais en fils de la République, en membre de la diaspora qui porte dans sa chair la honte, la douleur et la colère de voir son pays trahi, non pas par ses ennemis, mais par ceux qui avaient juré de le servir », a écrit Damso, soulignant le sentiment de trahison éprouvé par une partie du peuple congolais.

L’artiste a pointé du doigt la généralisation de la corruption, qu’il considère comme la principale entrave au développement et à l’équité en RDC. Il dénonce un système où les scandales financiers semblent être monnaie courante et impunis.
« La corruption est devenue la langue officielle du pays. Chaque rapport de l’Inspection générale des finances est un scandale étouffé. Tout le monde sait. Tout le monde se tait. Tout le monde profite », a-t-il affirmé, visant l’indifférence présumée des institutions face à ces dérives.

Au-delà de la critique politique interne, le rappeur a mis en lumière la situation sécuritaire alarmante dans l’Est du Congo, théâtre de violences armées persistantes contre les populations civiles. Il a utilisé des termes forts pour décrire la souffrance infligée aux victimes.
« Le sang de l’Est est devenu une marchandise, et la souffrance un fonds de commerce », a-t-il dénoncé, conférant une dimension éthique et humaine à son message.
Précisant la nature de sa démarche, l’artiste a tenu à clarifier ses intentions, insistant sur l’absence de toute animosité personnelle :
« Ce message n’est pas une insulte, bien au contraire. C’est un cri lourd, né de la fatigue d’un espoir qui s’éteint mais ne renonce pas. Je n’écris pas avec haine mais avec la douleur de celui qui a trop cru et qui espère encore voir son pays natal se relever », a-t-il ajouté.
La publication de cette lettre ouverte, qui a rencontré un écho important sur les réseaux sociaux, coïncide avec l’organisation à Bruxelles d’une marche de la diaspora congolaise, visant à dénoncer les mêmes atrocités et à lancer un appel à la paix en République Démocratique du Congo.
Franklin MIGABO
