Seul contre l’asphalte brûlant, le vent hostile et le poids de l’indifférence, un jeune congolais a transformé son deux-roues en arme de paix. C’est bien Miguel Masaisai qui a battu son propre record à parcourir 6000 kilomètres pour crier à l’Afrique, et au monde, que l’espoir est une chose qui se conquiert à coups de pédale.
Dans un monde souvent cynique, où les grands discours peinent à masquer l’inaction, les actes purs et radicaux foudroient par leur rareté. Imaginez : quitter les cendres de Goma, ville martyre de la République Démocratique du Congo, pour filer vers le mythique Cap de Bonne-Espérance. Non pas en avion, mais à la seule force des mollets et de la volonté.

C’est l’odyssée absolue, « Pedals For Peace », que s’est offerte Miguel Masaisai, jeune ambitieux de 23 ans. Plus qu’un exploit sportif, ce périple est un manifeste vivant, une prière laïque adressée aux laissés-pour-compte de son continent.
Parcourir plus de six mille kilomètres à vélo, à travers sept pays africains, pour porter un message d’unité, d’espoir et de paix : tel a été le pari audacieux de ce jeune triathlète gomatracien. Une aventure hors norme qu’il a baptisée « Pedals For Peace » (ndlr, pédales pour la paix).
Au fil des kilomètres, Miguel Masaisai a transformé sa monture en vecteur de mobilisation silencieuse. Chaque étape franchie fut une victoire symbolique ; chaque coup de pédale, un plaidoyer muet pour une Afrique unie, résiliente et apaisée.

Ni la faim, ni la douleur, ni l’âpreté des routes ou l’ombre du doute ne sont parvenues à entamer la détermination de cet athlète courageux. Pour lui, ce périple n’était pas une simple performance, mais un cri d’alerte, un appel vibrant à la solidarité envers les oubliés des conflits.
« Je pédale pour les enfants déplacés, pour les mères sans voix, pour les jeunes qui pensent que leur vie ne vaut rien, confiait-il.
« En me lançant dans cette traversée extrême, je veux leur dire : tu peux rêver grand, tu peux t’élever même quand tout s’écroule autour de toi. », tel a été son message de réconfort adressé aux âmes meurtries, un sermon d’espoir porté par le souffle du vent et l’effort d’un corps poussé dans ses derniers retranchements.
Son aventure l’a mené sur des routes souvent hostiles, à travers des contextes géopolitiques complexes et sous des climats variés, du Rwanda à l’Afrique du Sud en passant par la Tanzanie, la Zambie, le Botswana et la Namibie.
Parti de Goma le 18 mai 2025 sans la moindre assistance, il a relié son destin à celui de tout un peuple. « Je viens de Goma, une ville qui souffre depuis des années à cause des conflits, de l’insécurité et de l’instabilité. Pourtant, au milieu de tout cela, il y a des jeunes pleins de rêves, de talents et de courage. Mon objectif était de montrer au monde une autre facette de la jeunesse africaine, de prouver qu’elle peut y arriver si elle s’en donne les moyens », a lancé cet artiste de l’effort, en véritable cri du cœur.
Miguel Masaisai s’impose comme un exemple pour la jeunesse, une version originale de ces battants qui, contre vents et marées, refusent de capituler. Peu importe le prix à payer, il se lance. Son voyage est une leçon de ténacité et de résilience.
Aujourd’hui, les pneus de son vélo se sont peut-être arrêtés de tourner au Cap, mais l’écho de son message, lui, continue de rouler, amplifié par chaque personne touchée par son histoire.
Miguel Masaisai a offert à l’Afrique bien plus qu’un exploit ; il lui a offert un miroir où se reflète sa propre capacité de résistance et de grandeur. Une question, désormais, persiste et signe dans le sillage de son passage : et si la véritable destination de ce voyage n’était pas Cape Town, mais la conscience collective de toute une génération ? Le défi est lancé. À nous de le relever.
Un grand courage au triathlète congolais, et que ses projets à venir soient à la hauteur de l’immense espoir qu’il incarne.
Franklin MIGABO