Alors que le pays célèbre la Journée nationale du poisson ce 24 juin 2025, l’avenir de l’Office National de Pêche et d’Aquaculture (ONPA) suscite de vives inquiétudes. Créé pour encadrer et développer le secteur halieutique en République Démocratique du Congo, l’ONPA se heurte aujourd’hui à de multiples défis techniques, logistiques et institutionnels qui entravent son fonctionnement optimal.
Cette grande structure de l’État, censée être pourvoyeuse d’emplois, contribuer à l’autosuffisance alimentaire et renforcer le PIB, semble sombrer dans l’oubli, victime non seulement d’un manque de moyens, mais aussi de négligence, voire de malveillance humaine. Malgré les instructions fermes données par le Président de la République en décembre dernier, les ministres sectoriels chargés de leur exécution n’ont toujours pas réagi.

DES INFRASTRUCTURES SANS MOYENS
L’ONPA, bien que légalement établi et doté d’infrastructures comme le port de pêche de Kinkole, demeure dépourvu des ressources matérielles, financières et techniques indispensables à l’exercice de ses missions stratégiques. Les attentes sont immenses : encadrer la pêche artisanale et industrielle, développer la filière aquacole, soutenir les pêcheurs congolais, réduire la dépendance aux importations de poisson et créer des emplois pour les communautés riveraines.
UNE TENTATIVE D’ÉQUIPEMENT QUI VIRE AU FIASCO
Dans le cadre du programme gouvernemental de renforcement des capacités nationales en matière de pêche industrielle et artisanale, le ministère de la Pêche et de l’Élevage a initié l’acquisition de plusieurs bateaux de pêche via un appel d’offres international. Le constructeur retenu devait livrer des embarcations conformes à un cahier des charges strict. Dotées de moteurs de marque reconnue, de grues hydrauliques de 15 tonnes, d’équipements de navigation certifiés et d’une stabilité conçue pour s’adapter aux conditions spécifiques des eaux congolaises, ces unités semblaient répondre aux attentes.
Cependant, une enquête a révélé des défaillances majeures sur les bateaux, notamment en matière de propulsion et de motorisation : absence de plaque d’identification sur les moteurs, aucun numéro de série ni marque identifiable, et un alignement défectueux entre le moteur réducteur et l’arbre d’hélice, susceptible de causer une usure prématurée ou des vibrations dangereuses.
UNE GOUVERNANCE À LA HAUTEUR DES ENJEUX
Le développement du secteur de la pêche et de l’aquaculture constitue un enjeu économique stratégique, qui exige des actions concrètes : des investissements budgétaires cohérents, des contrôles techniques rigoureux, une gouvernance exigeante et un suivi permanent des projets structurants.
Dans ce contexte, comment justifier que l’ONPA ne soit même pas associé à l’organisation de la Journée nationale du poisson ? En principe, cette institution devrait en être le maître d’œuvre. À défaut, elle devrait au moins être conviée à y participer. Ce silence institutionnel, en ce jour symbolique, en dit long sur la mise à l’écart de l’Office.
Nous en appelons à la magnanimité du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, pour restaurer l’ONPA. Célébrer le poisson sans impliquer l’institution censée incarner et développer ce secteur revient à nier les efforts déjà accomplis, tout en hypothéquant l’avenir de la filière halieutique en RDC.
Milca Nlandu