La première phase du projet “Patrimoine, Identité, Culture, Conservation” (PICCO) s’est achevée ce vendredi 7 novembre au Centre culturel Wallonie-Bruxelles de Kinshasa. Cet événement, organisé par les Musées Universitaires de Kinshasa en partenariat avec Wallonie-Bruxelles Internationale, l’Université de Liège, l’École Saint-Luc, Académie des Beaux-Arts, Institut des Musées Nationaux du Congo et Culture Congo, a permis de présenter les ambassadeurs du projet et de dresser le bilan des activités menées pour valoriser le patrimoine culturel congolais.
Le moment fort de la soirée a été la désignation de 15 élèves du Groupe scolaire du Mont Amba comme “Ambassadeurs du patrimoine congolais”. Cinq finalistes et dix pré-finalistes ont reçu un certificat et des mains de M. David Thonon, délégué général de la délégation Wallonie-Bruxelles, consacrant ainsi leur engagement envers la préservation de leur héritage culturel.

La cérémonie a retracé le parcours de PICCO à travers une projection des temps forts de sa mise en œuvre à Kinshasa. Le public a pu découvrir le travail de médiation culturelle des élèves du Groupe scolaire Mont Amba. Répartis en trois groupes, ceux-ci ont mené un minutieux travail d’enquête autour de deux masques traditionnels, le Kankung et le Tshihewu, recueillant des témoignages pour “faire parler les mémoires populaires”.
Une autre séquence a mis en lumière une conférence tenue à l’Université de Kinshasa (UNIKIN) par les professeurs Muriel Verbeck et Josephine Cishala, qui ont abordé les “vocabulaires féminins en langues locales synonymes de réparation ou de détérioration”.

Enfin, un atelier a été les 05 et 06 novembre organisé au Musée National de la RD-Congo avec comme animatrices, les restauratrices d’art Titiana Hess et Emile Desbarax. Cet atelier a eu pour objectif de développer les compétences des curateurs et conservateurs congolais dans la restauration des tableaux et peintures.
PICCO et sa phase terminale
Les intervenants ont, lors de la soirée de clôture, unanimement salué les résultats tout en esquissant les perspectives. M. David Thonon a insisté sur le double volet du projet : “Ce qui compte, c’est vraiment l’avenir. Et Picco, il y a deux choses. Il y a la formation… former des restaurateurs d’œuvres d’art congolaises qui méritent d’être restaurées pour être transmises aux générations futures. Et puis l’avenir c’est l’hologramme, c’est la technologie, c’est le digital qui est vraiment l’avenir de la RDC.”

Cette perspective est partagée par Théophile Mafuta, l’informaticien en charge du projet, qui a précisé la nature de sa contribution. Il a souligné son rôle en ces termes : “J’ai apporté des éléments d’explication sur les modalités de création d’un objet en trois dimensions. L’utilisation de l’hologramme nous offre la capacité de visualiser l’objet en 3D. Ainsi, cette technologie permet de rendre l’objet virtuellement accessible, comme s’il était présent à proximité, éliminant ainsi la nécessité de se rendre physiquement au musée pour en faire l’expérience.”

La professeure Muriel Verbeck a dressé un bilan positif malgré les obstacles. “Ça a été une aventure exceptionnelle… Nous avons atteint la plupart de nos objectifs,” a-t-elle affirmé, tout en reconnaissant “beaucoup de problèmes administratifs.” Elle a surtout salué l’autonomie et l’initiative des équipes congolaises : “Une fois que les gens sont sur le terrain… c’est absolument remarquable.” Elle a promis pour les prochaines années des développements autour de “la médiation numérique, les hologrammes, et la pédagogie.”

Prince Wingenga, conservateur aux Musées Universitaires de Kinshasa, a quant à lui insisté sur l’essence même du projet : l’implication de la jeunesse. “Chez nous, la culture… C’est une affaire des anciens,” a-t-il constaté. “Nous avons voulu, par ce projet, que les jeunes s’approprient leur patrimoine et leur identité culturelle. C’est très important. On ne peut pas avancer sans identité culturelle.” Et de rassurer : “Ce n’est pas la fin, c’est simplement la fin de la première phase… Notre plaidoyer a été entendu, le projet va continuer.”
Prenant la parole au nom de nouveaux ambassadeurs, David, un élève du GS Mont Amba, a exprimé sa gratitude et partagé les difficultés surmontées : “Les expériences sur le terrain ont été difficiles. Il fallait plusieurs étapes, plusieurs processus pour parvenir à ce que nous voulions, mais quand on a des objectifs, il faut tous les franchir.”
La première phase du projet Picco s’achèvera officiellement en décembre 2025, laissant place à une nouvelle étape qui s’annonce riche en innovations numériques et en engagement citoyen pour la sauvegarde du patrimoine congolais.
Franklin MIGABO | Milca Nlandu
