Le samedi 17 mai 2025, aux alentours de 18 heures, alors que la ville était animée par des activités culturelles d’envergure, la communauté artistique de Lubumbashi a perdu un de ses talents, l’artiste, slameur et designer Lenfant Noir. Il a été abattu par des hommes armés en tenue militaire au Golf Lido, sur la route du jardin zoologique, alors qu’il rentrait paisiblement chez lui après une prestation au Café Littéraire participatif, tenu au centre d’art et de recherche Picha.
KONGOL NGOY Simplice, alias Lenfant Noir, était un homme calme, répandant joie et amour partout où il passait. Par son art et sa philosophie, il a su valoriser les langues locales ainsi que les cultures africaines et congolaises. Unique dans son expression artistique, il a intégré sa langue natale, le Kanyok, dans le slam lushois, faisant de son œuvre une référence incontournable. Lenfant Noir est mort abattu comme un criminel, traîné comme un sans-abri. Son corps a été retrouvé dans le caniveau jouxtant la clôture du jardin zoologique.

Il a été touché par des balles alors qu’il rentrait paisiblement chez lui. Admiré de tous, toujours souriant, il n’a jamais laissé transparaître la colère. Il affirmait ne pas savoir comment se mettre en colère : sa colère était sa joie. Aujourd’hui, il est mort sous les balles dans un pays qui prétend défendre l’État de droit, la justice et la liberté d’expression, tandis que ces principes sont sacrifiés au lieu d’être protégés.
« Il faut rappeler que les tueries de civils par des hommes armés en tenue militaire sont fréquentes, et notre justice doit réagir. Ces militaires ne doivent pas rester impunis dans un pays de droits. Pour un sac et un téléphone, ils ouvrent le feu sur un civil désarmé qui n’a ni troublé l’ordre public ni été suspect. Mais quel est ce pays ? Les militaires sont censés protéger les civils, ne pas tirer sur eux ! De plus, un simple étudiant inoffensif rentrant chez lui à pied ne devrait pas être considéré comme un criminel. Devrions-nous marcher dans les airs pour échapper aux balles dans un pays de droits qui est le nôtre ? », affirment des sources proches du lieu du crime. Sa mort est un crime dans un pays qui prétend défendre les droits de ses citoyens et protéger sa population, et elle mérite justice.

KONGOL NGOY Simplice, connu sous le nom de Lenfant Noir, était étudiant à l’Université Don Bosco, en Licence 4 à la faculté des sciences et informatiques, dans le département de Design et Multimédias. Artiste slameur et cofondateur du collectif Pouvoir Slam de Lubumbashi, designer, chargé de logistique pour la structure BOOKIN, acteur culturel engagé, vidéaste du podcast Culte Nouart, promoteur des cultures africaines et congolaises, passionné de cinéma, de photographie, de littérature et membre du collectif Kiosque Littéraire.
Grady BIZAKI