Ce poème est un message à la fois pour tous et un témoignage pour le meurtre de l’artiste et étudiant Lenfant Noir, tué par balles dans la soirée du 17 Mai 2025 à Lubumbashi.
Monsieur le Président,
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Père,
Messieurs et mesdames,
Amateurs des arts
Farceurs des armes
Donneurs de leçons
Damnés des missions
Communauté des machins
Partie des patins
Avenir du satin
Moitié du sapin
Peuple des dieux
Pool du sud
Pool du nord
Pour les maux de la nation,
Je vous salue !
Aimables chefs d’intérêt, je ne vous oublie Sentez-vous saluer.
Je viens d’une ville qui,
Le jour au jour vit
Entre espoir et désespoir
Mépris et savoir
Espoir et méfiance
Désespoir et confiance
Mépris et patience
Savoir et délinquance.
Oui, je viens de cette ville-là,
La ville de ce pays-là.
Oui, ce pays auquel j’appartiens sur la carte
Et parfois, je le parie sur mes cartes.
Oui, ce pays d’où je viens
Où jour et nuit La vie est sacrée, qu’est-ce que je dis ! Désancrée.
Là, il rêve d’un monde meilleur sans Kagamé
Ici, nous rêvons d’un jour paisible sans les FARDC
Là, il dit croix-gammée rime avec Kagamé
Ici, FARDC rime avec croix,
La gamme des polices.
Hier était le jour des cris de pleurs
Aujourd’hui les larmes coulent encore
Demain les larmes couleront encore ?
Nous rêvons tous d’un État de droits
Mais de quels droits l’on parle ?
Celui d’abattre les civils désarmés
Ou celui de laisser filer les rebelles armés ?
Là, ils rêvent d’avoir des jeunes hommes pour combattre
Ici, les forces de l’ordre se chargent de les abattre.
Là, ils rêvent d’une nation démocratique
Ici, on pense que c’est la démence, y croyez-vous ?
Permettez mon insolence !
D’où je viens
Les bonnes manières sont rares.
J’ai commencé par les salutations par mégarde
Je finirai peut-être par les conseils.
Que si j’oublie, rappeliez-moi ces détails.
Oh oui, ici, les salutations marquent toujours le début,
Début de la journée
Début d’une lettre
Début d’un nouvel air
Début d’une nouvelle lutte
Début de la mort…Pendant que nous perdons nos frères
La vie elle, elle continue
Et les acteurs de ces crimes vivent paisiblement.
Est-ce vraiment l’Etat des droits ou les droits de l’Etat de taire la barbarie ordonnée de ses agents de l’ordre ?
Depuis quand les FARDC ont quitté de FARDC pour farouches ?
Là, la vie est chère Ici, on la perd encore à moins chère.
Où sont ces puristes qui nous ont promis la vie de nos rêves ?
Nous voici, debout, crucifiés devant nos rêves
Tués pour avoir dit « oui » à la vie,
Oui, nous voulons vivre
Oui, nous vivons
Oui, nous sommes jeunes
Oui, nous sommes étudiants
Oui, nous sommes artistes
Mais pour quel avenir ?
Celui de finir dans un caniveau
Oui celui d’être tué par balles et jeté comme un moustique ?
N’est-ce pas la vie de tout citoyen est sacrée ?
N’est-ce pas à l’Etat le droit de protéger la vie de tout citoyen ?
Ne me dites pas que dans un Etat de droits
L’on ignore encore ce droit-devoir
Eh ben, s’il est ignoré, à quoi bon parler d’un Etat de droits
Où l’on tue un jeune étudiant à 18 heures
Où l’on tire sur un jeune artiste à 18 heures
Où l’on traîne le corps d’un citoyen dans un canal d’eaux sales
Où l’on abat sauvagement par balles un civil chez soi.
Monsieur le Président,
Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire,
Monsieur le Père,
Messieurs et mesdames,
Amateurs des arts
Farceurs des armes
Donneurs de leçons
Damnés des missions
Communauté des machins
Partie des patins
Avenir du satin
Moitié du sapin
Peuple des dieux
Pool du sud
Pool du nord
Pour les maux de la nation
Je vous remercie !
Grady Bizaki