En prélude de sa double représentation à dans la capitale congolaise, « Le retour des fantômes » qui est un spectacle de théâtre musical pour un mouvement transnational de restitution, a été au centre du programme discursif, organisé mercredi 15 février 2023, dans la salle de promotion de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.
Les membres du collectif 50:50, composé d’artistes de la RD-Congo, de Suisse et d’Allemagne, ont illustré à la presse, les temps forts de leur périple dans le nord-est de la RD-Congo, plus précisément dans la région de Wamba, à la rencontre du peuple Mbuti, communément connu sous l’appellation des pygmées, pour s’enquérir adéquatement de l’histoire de 7 squelettes exhumés et emportés à l’Université de Genève, par le docteur Boris ADE en 1952. Les expériences vécues ont abouti à la réalisation de ce spectacle, question de rendre hommage à ces âmes déshumanisées.
« Nous sommes allées là-bas, nous ne savions pas très bien ce qui nous attendait, parce que nous avions en possession quelques informations et quelques archives de l’Université de Genève, et nous voulions faire cette rencontre avec les membres de cette communauté. C’était important pour nous de comprendre leur position, de ce qu’ils pensaient de cette histoire. Ils nous ont démontrés qu’il est interdit dans leur tradition, d’enterrer une personne pour une deuxième fois. Il n’y a donc pas de rituel spécifique pour tous les restes de ces ossements humains », a confié Eva-Maria Bertschy, dramaturge, metteuse en scène, auteure et membre du collectif 50:50
« Le retour des fantômes » est une sorte de rituel transcontinental articulé sur une musique basique qui, occupant une place principale dans la pièce, est composée des requiem européens et des sonorités traditionnelles jouées dans des deuils et celles du peuple Mbuti, pour honorer ces 7 personnes et leur rendre toute leur post-humanité. Ceci se veut un canal interpellateur de la mémoire collective sur la réappropriation de l’histoire du pays.
Aperçu historique de l’exhumation de ces 7 squelettes
Travaillant pour l’administration coloniale, le médecin suisse Boris ADE, affecté dans la région de Wamba entre 48 et 49, gérait un grand hôpital de ce coin de la République. Il était devenu proche du peuple Mbuti. Par cette occasion de rapprochement, il a eu la possibilité de déterrer 7 squelettes et de les amener à l’Université de Genève pour des recherches scientifiques que l’on qualifie de connotation raciale, allant dans le sens d’une étude comparative d’anthropologie entre différents peuples. « Il avait peut-être de bonnes intentions pour des recherches, mais aujourd’hui cela nous étique profondément, comme nous n’étions pas présent à cette époque. Nous devons dès à présent nous asseoir pour essayer de réparer ce passé colonial, dans l’optique d’humaniser nos frères exhumés », a expliqué l’un des représentants de cette communauté.
Se rapportant la question de restitution et recevabilité de ces ossements, la communauté Wamba en fait preuve de passivité indifférente quant à ce sujet d’actualité qui ne cadre pas avec les normes de leur tradition originelle. Comme l’Université de Lubumbashi a la propriété scientifique de ces ossements, il serait mieux que ces restes soient rapatriés pour leur conservation au Musée de cette ville cuprifère, spécialisée en archéologie, pour des recherche d’ordre anthropologiques. La balle est donc lancée au camp du gouvernement, afin de mettre en application une étude minutieuse pouvant aboutir au rapatriement imminent des restes de 7 squelettes.
Tels sont les points pertinents abordés lors des échanges autour de la restitution de ces restes. Le débat a été houleux entre le corps scientifique, artistes contemporains, représentants de la communauté Wamba et le public-participant. L’heure est donc arrivée à la double représentation de ce spectacle de théâtre musical, prévue ces vendredi 17 février et samedi 18 février, au centre culturel Mont des Arts, dans la commune de la Gombe. Comme l’entrée est pleinement libre, n’hésitez pas de venir en famille, pour avoir de quoi vous divertir durant le weekend.
Masand Mafuta