Si pour les uns, l’art et la culture contribuent largement à l’édifice d’un État ; pour d’autres, il en est l’essence même de toute une vie. Et pour Amason, ils sont les rêves de toute une vie, les amours pour lesquels il donnera tout. Après son immense victoire, il a laissé un mot à la rédaction de Culture Congo pour tous ses spectateurs et ses fans.
Culture Congo : pourriez-vous vous présenter brièvement?
Amason : je suis Kabuyaya Matolu Gaius à l’état civil, artistiquement on m’appelle Amason , pseudo tiré de deux noms de mon père Aaron Matolu. Je suis originaire de la ville de Butembo dans la province du Nord-Kivu RDC. Amoureux de l’art de la scène, j’ai choisi la poésie pour exploiter les profondeurs de mon cœur. Ce qui m’a donné le rêve de quitter ma ville pour m’installer à Goma. Après 3 ans d’expériences artistiques, j’ai pris la décision de m’installer à Lubumbashi où j’ai eu l’occasion de gagner le premier prix du festival dezetoiles organisé par la halle de l’étoile/ institut français Lubumbashi en collaboration avec élémentaire projet.
Cc : pourriez-vous nous parler du concours dont vous êtes lauréat?
Amason : le festival dezetoiles s’organise chaque année en RDC dans la ville de Lubumbashi, soit une fois par ans , dans l’objectif de promouvoir des talents émergents. L’objectif, c’est de trouver un artiste original et différent en création artistique pour une production déterminée.
CC : comment vous sentez-vous après cette victoire ?
Amason : après ma victoire, je me sens beaucoup plus motivé et j’ai compris que tout est possible quand tu vis ce que tu aimes et quand tu l’assumes peu importe les préjugés.
CC : pouvez-vous nous parler de votre performance lors du concours et qu’avez-vous présenté et comment vous êtes-vous préparé pour cela ?
Amason : l’originalité de ma performance n’a pas été le fruit de mon unique conception, plutôt la combinaison du style de mon collègue de service akitowa mirhego, lui qui m’a facilité une grande particularité dans la créativité. Nous nous sommes promis la victoire ou la gloire, ce qui a fait à ce que personne n’est parvenu à égaler à notre particularité. J’étais le dernier à présenter ma performance, ça m’a permis de changer à chaque prestation du concurrent mes stratégies pour être original.
Je peux dire que plus de cinq fois j’ai changé ma conception suite à ces performances qui m’avaient précédé. J’ai présenté «chui» (ndlr léopard en français), un animal qui représente mon pays RDC, où je disais en swahili «chui wewe una mambo» en parlant de toute situation sécuritaire, et la folie de meurtrier qui a changé la mentalité des congolais. L’objectif, c’était pour que les congolais sachent que le pays ( chui) a depuis longtemps supporter nos bêtises et les bêtises de ses ennemis. Il est temps que nous prenions notre destin au sérieux pour que chui revive.
CC : qu’est-ce qui vous a inspiré à participer à ce concours de festival et qu’est-ce qui vous a motivé à persévérer jusqu’à la victoire ?
Amason : au début, je n’avais pas en tête que c’était un concours. J’avais postulé pas pour une rivalité mais pour les ateliers de création de projets et une prestation de restitution. C’est quand on m’a expliqué la finalité que j’ai pris la décision d’oser mais en donnant toute mon énergie.
CC : quels ont été les moments forts de votre parcours dans ce concours ? Y a-t-il eu des défis ou des obstacles que vous avez dû surmonter ?
Amason : ma plus grande difficulté, c’était le fait de sacrifier toute autre activité, même ma famille pour me concentrer au festival pendant une semaine. Un moment, ils se disaient que je suis devenu une autre personne négativement. Heureusement après le résultat tout s’est bien passé.
CC : comment décrivez-vous votre style artistique ou musical ? En quoi pensez-vous qu’il se distingue des autres participants du concours ?
Amason : mon style est une folie que je ne comprends pas encore, c’est la combinaison du slam, de la danse comique, et de la musique tradi-moderne. Ce mélange des disciplines m’a inspiré un style appelé BANGAshow inspiré de la philosophie Banga qui consiste à donner du sens à chaque seconde de performance.
CC : comment pensez-vous que cette victoire au concours de festival va affecter votre carrière artistique ? Avez-vous de nouveaux projets ou opportunités à venir ?
Amason : grâce à ma victoire dans ce concours j’ai eu des portails qui se sont ouverts, et des grandes opportunités. Ça a été pour moi le vrai début de ma bonne carrière.
Cc : y a-t-il des personnes ou des influences particulières qui ont joué un rôle important dans votre parcours artistique jusqu’à présent ?
Amason : exactement. Plusieurs personnes ne me voient pas comme juste un amateur mais comme un artiste et ceux qui ne croyaient plus à moi le croient désormais.
CC : quels conseils donneriez-vous à d’autres artistes qui aspirent à participer à des concours de festival et à atteindre le succès ?
Amason : le conseil est simple : Dieu, passion, amour, travail, fidélité.
CC : comment envisagez-vous l’avenir de votre carrière artistique après cette victoire ? Quels sont vos objectifs à long terme ?
Amason : j’ai commencé désormais, je continue à voir plus loin que mon oeil. Je pense comment gagner un prix international et faire des spectacles en dehors de mon pays pour explorer le bout du monde.
CC : Enfin, y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs concernant votre expérience au concours du festival ou votre parcours artistique en général ?
Amason : j’ai fait une école de poésie classique pendant un bon moment à la plume d’or, pour intégrer le cercle des immortels ( poète digne d’une carrière). Il m’a fallu 60 %, malheureusement j’avais 59 , par pitié l’équipe de jury a cru à moi, elle m’a gratifié. J’ai compris que cette place pour moi était une grâce, je me suis mis à l’épreuve de travailler dur. Après avoir explosé dans ma ville, j’ai pris la décision de quitter pour m’installer à Goma afin de voir ma carrière au niveau international.
De Goma j’ai été accueilli par Goma slam qui m’a apprécié, deux ans après quelques concerts dans cette ville, j’ai senti ma place loin de là, c’est là où était venue l’idée d’aller m’installer à Lubumbashi où tout a commencé. Bref, le plus merveilleux dans cette histoire c’est de voir comment le sacrifice de quitter sa zone de confort qui paye toujours, enfin tout humain doit savoir qu’il y’a toujours une chose à perdre pour gagner ce qu’on rêve devenir et la vie et la liberté n’existent jamais car même le jour de sa mort on n’est pas libre de se choisir sa tombe. Travaillons, échouons , travaillons, Gagnons même l’échec est une victoire d’un côté.
Grady BIZAKI
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hatuna bahati