Le rôle de l’écrivain est celui d’éveiller les consciences. Il participe profondément à la vie de sa société. C’est la sentinelle des belles lettres.
Par sa plume, il retranscrit l’histoire de son peuple, ses bonheurs et ses maux, ses rencontres et ses angoisses. Quoi de plus beau pour un pratiquant de ce noble exercice qu’est l’écriture !
Ainsi, nous allons découvrir sur les lignes qui suivent le mécontentement en prose du poète Landry F. Mussaka.
«En fait, le rêve de bâtir un État au cœur de l’Afrique est léopoldien et non congolais. Nous sommes devenus Congo et congolais par un pur hasard et par la volonté du roi des belges Léopold ll. Il a réuni sans unir une mosaïque de peuples et quelques royaumes autour de l’Empire Kongo pour en faire un État (EIC) et par ricochet concrétiser son projet égocentrique et économique, après son sacre diplomatique de Berlin (1885). Léopold ll mettra en place officieusement l’une des plus grandes entreprises criminelles et commerciales du 19 éme siècle, avant que la Belgique en fasse une colonie qu’elle exploitera sans merci, ni compromis avec les autochtones.
À la suite d’une indépendance brutale et non préparée acquise par sang et sueur en 1960 et des négociations autour d’une table rectangulaire qu’on appellera ronde à Bruxelles, le Congo est resté un chantier quasiment éternel et le congolais en quête perpétuelle d’identité. L’architecte aurait pris l’avion avec son plan laissant hélas le chantier inachevé. Le jeune État est né dans ce tohu-bohu. Ses habitants appelés congolais ne s’en sont pas toujours appropriés pour inventer ou réinventer le Congo de nos rêves, suivant sa vocation éléphantesque, pour quitter du destin à la destinée.
Le Congo demeure un récit fictif. Il échappe encore à ses fils qui semblent ne pas avoir conscience de la grandeur de l’héritage entre leurs mains. Il paraît plus grand que les congolais qui restent par ailleurs le réel problème du Congo; car, disait un penseur, c’est un grand peuple qui donne naissance à une grande nation. On n’a pas forgé un imaginaire collectif, on ignore ce que l’on veut devenir étant peuple ou ce que l’on voudrait faire de ce grand espace au cœur de l’Afrique. La problématique est restée irrésolue pour l’intellectuel congolais censé inventer un nouveau récit et un nouvel imaginaire collectif.»
À noter sommairement, Landry F. Mussaka, natif de Kinshasa, est licencié en Droit de l’Université Protestante du Congo (UPC). Poète, éducateur et écrivain afrofuturiste, il est le président honoraire du Club Littéraire Mfumu Buku.
Justice Kangamina Musingilwa.