Après un avant première vendredi dernier lors de la grande rentrée littéraire au centre Wallonie Bruxelles, le roman « course contre la honte » de Reinette Mulonda va signer son apparition le 20 septembre prochain lors d’une cérémonie de vernissage prévu à Kinshasa.
Captivante et poignante, cette fiction qui marque l’entrée de Reinette Mulonda, dans le florilège des écrivains congolais, raconte le quotidien de beaucoup des femmes qui mènent pour la plupart une course afin de se conformer aux critères que la société leur a imposé.
Lauréate du prix Zamenga en 2019 pour sa nouvelle Fioti (en kikongo), Reinette Mulonda, médecin de formation et administrateur civil, trouve son épanouissement dans l’écriture. Elle a accepté de répondre à une série de questions concernant son livre et son parcours, avant son vernissage prévu le 20 septembre.
Culture Congo : Vous êtes médecin, administrateur civil, qu’est-ce qui vous a poussé à vous frayer une place dans le monde des écrivains ?
Reinette Mulonda : Il faut dire que le monde des écrivains, c’est un peu ma vie. J’ai l’habitude de dire que tout ce que je fais en amont, c’est mon gagne-pain. L’écriture, c’est ma passion, c’est un peu mon oxygène. C’est quelque chose que je fais depuis des dizaines d’années qui me permet d’exister, de m’évader, qui me permet de dire les choses par moi-même.
Culture Congo : Pourquoi La course contre la honte ?
RM : J’ai écrit Course contre la honte, mon premier roman, après une nouvelle déjà publiée pour le prix littéraire Zamenga. Ce livre est un voyage, car nous sommes dans une culture où l’honneur et la dignité sont très importants. C’est aussi un voyage dans le quotidien de nombreuses femmes qui luttent pour se conformer aux critères que la société leur impose.
Culture Congo : Cette œuvre a-t-elle un lien avec votre propre histoire ?
RM : Je dirais non. En tant qu’auteur, je me vois comme un paysagiste. J’observe les faits et je crée de la fiction basée sur ces observations. Bien que le monde soit totalement fictif, il est teinté d’une observation de notre quotidien.
Culture Congo : Que représente la honte pour vous et pourquoi est-il important de lutter contre elle ?
RM : La honte est évocatrice. Les humains sont toujours en quête de noblesse et de dignité. Dans la culture bantoue, la honte est très importante. Nous cherchons à prouver que nous sommes les meilleurs et à atteindre un certain standing. C’est une quête permanente pour être nobles et reconnus dans la société.
Culture Congo : Qui est le personnage principal de votre roman et y a-t-il un lien entre son parcours et le vôtre ?
RM : Je ne veux pas spoiler le livre, mais il n’y a pas un seul individu qui réalise cette course, mais plusieurs personnages. Le personnage principal est une femme nommée Raissa Kundaza. Bien qu’elle ne soit pas inspirée de moi, beaucoup de femmes se reconnaîtront en elle.
Culture Congo : Quels ont été les plus grands défis en écrivant Lutte contre la honte ?
RM : Écrire un roman dans notre contexte congolais est compliqué, un peu comme les douze travaux d’Hercule. Le premier défi est celui de l’édition. Quand un auteur tient son livre en mains, c’est un sentiment d’accomplissement, mais aussi de nombreuses blessures et dépenses financières à surmonter.
Culture Congo : À qui s’adresse votre roman et que souhaitez-vous que vos lecteurs en retirent ?
RM : Mon roman s’adresse à tout le monde : hommes, femmes, jeunes, étudiants. Toute la société est concernée par les thèmes abordés dans le livre.
Culture Congo : Comment avez-vous vécu le parcours de l’écriture à la publication ?
RM : Cela a nécessité beaucoup d’abnégation. Il faut garder en tête l’objectif et ne pas arrêter de frapper aux portes jusqu’à trouver la bonne.
Culture Congo : Quel conseil donneriez-vous à ceux qui cherchent à transformer leurs expériences personnelles en œuvre littéraire ?
RM : Il faut beaucoup de courage et une passion véritable pour devenir auteur dans notre contexte congolais. Avec ces deux éléments, on finit toujours par réussir.
Propos recueillis par Laetitia Kabala