Dans nos villes africaines en constante évolution, le bruit est une composante essentielle et inévitable de l’environnement urbain. Il rythme nos activités, colore nos interactions et raconte, à sa manière, l’histoire de nos sociétés. Mais cette richesse sonore, bien que porteuse d’identité culturelle, cache des problématiques profondes touchant la santé publique, les dynamiques de genre, l’environnement et même l’entrepreneuriat.
Le Salon des Bruits des Villes Africaines, qui se déroule à Kinshasa du 24 février au 1ᵉʳ mars 2025, propose de repenser notre rapport au bruit à travers des conférences, des tables rondes, et une campagne innovante de dépistage des troubles auditifs, ciblant particulièrement les femmes exposées dans des secteurs tels que les bars, les télécommunications, l’aviation et les églises.
Genre et bruit : une double vulnérabilité
Dans les environnements dominés par le bruit, les femmes subissent une exposition sonore souvent invisibilisée. Dans les bars, par exemple, elles travaillent quotidiennement dans des atmosphères où la musique amplifiée est omniprésente. Dans les télécommunications et l’aviation, le stress acoustique s’ajoute à la pression professionnelle, sans oublier les lieux de culte, où chants et prières bruyants se prolongent parfois sur de longues heures.
Ces réalités révèlent une double vulnérabilité : d’une part, les troubles auditifs sont peu diagnostiqués chez ces femmes ; d’autre part, ces environnements bruyants participent à une forme d’épuisement mental et physique, souvent peu pris en compte. Cette édition du Salon invite ainsi à inclure une perspective genrée dans la réflexion sur la pollution sonore.
Environnement et urbanisme sonore
Le bruit est aussi un indicateur de la santé environnementale de nos villes. Les klaxons incessants, les moteurs et les chantiers traduisent souvent un développement urbain mal planifié. Le bruit excessif n’est pas seulement une nuisance : il est un symptôme de la déconnexion entre urbanisme et bien-être. Comment réconcilier modernité et qualité de vie sonore dans nos métropoles ?
Le Salon des Bruits des Villes Africaines pose ici une question essentielle : comment préserver notre patrimoine sonore tout en limitant les excès ? Les réponses à cette question nécessitent une approche écologique, mêlant urbanisme durable, régulation du bruit, et préservation des paysages sonores culturels.
Entrepreneuriat et innovation culturelle
Le bruit, bien qu’il pose des défis, peut aussi devenir un levier entrepreneurial. La régulation sonore, les campagnes de sensibilisation, ou encore la création d’espaces sonores alternatifs offrent des opportunités pour les entrepreneurs culturels et environnementaux. Ce Salon mettra en avant les projets innovants qui transforment le bruit en ressource : des ingénieurs acoustiques qui imaginent des solutions durables, aux artistes sonores qui valorisent l’identité acoustique africaine.
Un rendez-vous pour l’avenir
Le Salon des Bruits des Villes Africaines 2025 est bien plus qu’un événement culturel ou sanitaire. C’est un appel à l’action collective pour réinventer nos villes en prenant en compte le bruit comme un enjeu transversal. En mettant un accent particulier sur les femmes, l’environnement et l’innovation, cette édition veut inspirer des solutions concrètes pour bâtir des espaces urbains plus inclusifs et harmonieux.
Rejoignez-nous à Kinshasa pour discuter, écouter, et imaginer l’avenir sonore de nos villes.
Par Niamba Malafi
Initiateur du Salon des Bruits, auteur et observateur des dynamiques culturelles en Afrique centrale. Artiste pluridisciplinaire et entrepreneur culturel.