Ma’nganga (ndlr, une guerriseuse) est une œuvre cinématographique du réalisateur congolais Zépe Kanda qui a été au coeur de l’ouverture de la 11e édition du Festival International du Cinéma de Kinshasa, jeudi 23 octobre 2025, à la grande halle de l’Institut Français de Kinshasa. Un court métrage congolais primé explore les pouvoirs spirituels féminins et la frontière entre les mondes
Tourmentée par la disparition de sa sœur, Anita MOBANDO, qui incarne le rôle principal, est une prêtresse traditionnelle africaine. Alors qu’elle sombre dans un sommeil profond, l’âme de sa sœur défunte lui apparaît pour lui révéler sa détention dans l’au-delà par des détracteurs. S’ensuit alors une quête de libération : Anita mobilise ses pouvoirs mystiques à travers des rituels cérémoniaux et des incantations, parvenant finalement à affranchir l’âme captive.

Au-delà de la narration, Ma’nganga est un acte de guérison. « Pour moi, raconter cette histoire me permet de décharger un lourd poids psychologique d’une expérience personnelle assez traumatisante, seul le cinéma en est capable », confie le réalisateur.
L’œuvre est également présentée comme un hommage à sa grand-mère, « Pour rendre hommage à ma grand-mère qui fût guérisseuse et détentrice du pouvoir ancestral traditionnel », inscrivant le film dans une lignée et une transmission féminines.

À travers cette fable mystique, le réalisateur précise : « À travers ce film, j’évoque les potentiels spirituels de la femme traditionnelle africaine sur la question de la “Mort”. Sa capacité de résoudre des problèmes d’ordre paranormal dans une société moderne », en mettant ainsi en lumière la pertinence et la puissance de ces savoirs ancestraux face aux défis contemporains.
Le film utilise le flashback comme procédé central, plongeant le spectateur dans une immersion où se mêlent compassion et satisfaction. Le jeu d’acteur d’Anita MOBANDO, décrit comme talentueux et performatif, porte la narration et renforce l’impact émotionnel du récit.

Inspiré par le poème « Les Morts ne sont pas morts » de Birago Diop, Ma’nganga participe d’une certaine vision du monde où la frontière entre les vivants et les défunts reste poreuse. Dans une fiction de deux minutes, le réalisateur propose une œuvre puissante, à la croisée des traditions et du cinéma contemporain.
Après sa sortie prévue le 24 mai 2025, le film continue son parcours en festival, après le Grand Prix au Festival du Film Européen 2025. Il a été aussi projeté au Ciné sous les étoiles et il est encore sélectionné à l’Emergence Films Festival. Entre Lingala et Français, ce court métrage interroge notre rapport à la mort et célèbre la résilience par les rites traditionnelles.
Franklin MIGABO
