Dans le cosmos culturel en RDC, il existe de nombreuses disparités, lorsqu’on essaie d’évaluer sur une échelle de valeur, le progrès des uns et des autres, dans un univers bien vaste, en l’occurrence l’art.
Est-ce une règle sociale qui s’applique dans la majeure partie des pays du monde, ou bien il y aurait certainement des raisons plus explicites, qui peuvent démontrer ce chiasme au niveau de la représentativité à différents niveaux ?
Parait-il que l’interview que Djo Ngeleka, cet artiste multidimensionnel, a accordé à Culture Congo, pourrait être émaillée des révélations moins tacites en vue de lever certaines zones d’ombre.
Né à Lubumbashi, en République Démocratique du Congo, où il vit et œuvre depuis 2010 en tant qu’auteur, metteur en scène, comédien, opérateur culturel et coordonnateur de la Compagnie La Seringu’arts à Lubumbashi, Ngeleka Kazadi a usé d’autres schèmes pour rompre avec l’esthétique de complaisance afin de proposer un théâtre innovant, critique et novateur.
Le contexte intuitif de son travail s’inspire de la complexité de la société congolaise. Il use de différentes approches narratives – tantôt réalistes, tantôt absurdes – pour offrir un réflexion perspicace sur les défis contemporains de l’humanité.
Parmi ses textes phares, on peut citer : M’appelles Wantanshi, Paris sera pris, La Conférence (Lauréat du programme Convergence Plateau à Paris), Ont Dit Oui et Son œuvre Le Lac, finaliste du Prix RFI Théâtre 2022, qui lui a particulièrement marqué, car posant les jalons d’un tournant décisif dans sa carrière internationale.
Cette œuvre de haute facture a été présentée dans plusieurs grandes villes de la RDC (Lubumbashi, Kinshasa, Kisangani, Goma) et a fait l’objet de lectures en Afrique (Togo, Bénin, Burkina Faso, Cameroun) ainsi qu’à la Comédie-Française; une immense fierté pour un artiste congolais. Le Lac continue d’ouvrir d’autres brèches tant en Afrique qu’en Europe. Cette pièce théâtrale a même été présentée dans le IN du Festival d’Avignon et à la Fête du Livre de Kinshasa en 2023. Ce qui a de surcroît consolidé sa posture d’auteur reconnu sur la scène internationale.
En 2024, Arbre à pépins, un autre de ses textes, est en lice pour remporter le Prix RFI Théâtre.
En tant que metteur en scène, Djo a concocté une dizaine de mises en scène dont la plupart ont tourné au pays, en Afrique et en Europe. Et plus récemment à Montréal au Canada. Un réseau américain qu’il essaie de percer au fil du temps.
Bien que les défis soient innombrables dans le secteur, mais Djo semble ne pas faire face au plus grand parmi tant d’autres; la mobilité. Un fait qui est loin d’être pris comme anodin. De nombreux questionnements taraudent les esprits. L’artiste est parfois pris pour quelqu’un d’énigmatique, peut être un sorcier adepte de la magie ou alors membre d’une secte ésotérique.
Face à moult critiques auxquelles il fait face, Djo banalise ce genre des rumeurs qui s’abreuvent dans l’ignorance des efforts à déployer jours et nuits pour briller, telle une constellation d’étoiles.
À ceux qui amorcent la carrière théâtrale, Djo pense qu’ils devraient en amont incarner l’humilité. L’art est un travail profondément humain, et il ne doit pas être éclipsé par l’ego. Chaque être humain a de la valeur, indépendamment de ce qu’il possède ou de son statut. Le succès d’un individu ne doit jamais être une source de haine ou de jalousie, car le mystère de la création prévoit qu’il ait de la place pour tout le monde.
En avale s’ajoute la patiente et la persévérance vu que le chemin artistique est parsemé d’embûches. L’idéal est de demeurer authentique et rigoureux pour des résultants probants.
Lorsque un artiste jouit d’un tel parcours, est-il censé rendre le tablier pour avoir atteint ses objectifs ? Djo démontre par son dévouement que ce cycle des réalisations doit perdurer. D’ailleurs, en dépit du fait qu’il ait initié le Festival International de Lubumbashi (FESTILU) pour booster l’émergence de la discipline théâtrale dans sa région, il aimerait que le théâtre congolais atteingne la reconnaissance qu’il mérite à l’échelle internationale.
Pour mieux asseoir une politique culturelle d’ouverture et ainsi, permettre aux artistes de ne pas évoluer à vase clos, il voudrait créer un espace culturel à Lubumbashi, où artistes locaux et internationaux pourraient collaborer et échanger. Il croit fermement que l’art est enclin à des transformations sociales positives. Il se considère comme un des acteurs à même d’oeuvrer pour briser les murailles qui freinent certains rouages au sein du système.
Coeur Tam Tam KABUYAYA