Au croisement de la grâce et du courage, Nathalie Muchinya est une artiste visionnaire dont la danse transcende les frontières de l’art pour devenir un puissant outil de guérison et de transformation sociale. Née le 14 octobre 2003 à Goma, Nathalie danse non seulement sur les scènes, mais aussi au cœur des vies brisées, là où la lumière semble parfois s’éteindre. Co-fondatrice de la Simba Dance Company, elle allie passion, tradition et engagement pour redonner espoir à ceux qui en ont le plus besoin.
Tout a commencé alors qu’elle n’avait que 9 ans. En quatrième primaire, sa sœur aînée, Sarah Muchinya, l’initie à la danse traditionnelle. C’est une révélation. « Quand je danse, je me sens épanouie et très à l’aise ; je me sens libre et j’extériorise mes sentiments, surtout les sentiments négatifs », confie Nathalie. Cette connexion profonde à la danse ne l’a jamais quittée, l’accompagnant à chaque étape de sa vie.

Danseuse traditionnelle de formation, Nathalie puise son inspiration dans les riches danses du Kivu, qu’elle fusionne avec des techniques contemporaines. Ses créations ne sont pas simplement des performances ; elles sont des récits vivants, porteurs de messages de cohabitation pacifique et de vivre-ensemble. Pour Nathalie, « la danse est bien plus qu’un simple amusement. C’est une thérapie qui nous aide à extérioriser nos émotions et nos peurs, et un outil de sensibilisation sur le vivre-ensemble ».
En 2021, Nathalie a partagé son savoir-faire au Uhuru Knowledge Centre à Sake, où elle a travaillé pendant cinq mois. En 2022, elle a approfondi son style en suivant des cours au Foyer Culturel de Goma, renforçant ainsi sa maîtrise et son approche unique de la danse. Aujourd’hui, elle continue d’innover, combinant ses traditions culturelles à des pratiques modernes pour toucher un public toujours plus large.

Cependant, son parcours est semé d’embûches. Nathalie se heurte souvent aux préjugés de sa communauté, où la danse est parfois mal perçue. « Les gens pensent que faire de la danse est synonyme d’être une prostituée », déplore-t-elle, tout en affirmant sa détermination à changer ces perceptions. Son travail va bien au-delà de la danse. Il s’agit d’une révolution discrète, portée par des sourires timides et des regards reconquis. Chaque individu qu’elle touche devient un témoin vivant de l’impact de son engagement, prouvant que même face à l’adversité, l’art peut être une arme douce mais puissante.
Au-delà des défis, Nathalie nourrit un rêve ambitieux : devenir une grande danse-thérapeute et une ambassadrice de la paix à travers son art. Elle aspire à voyager dans le monde entier pour promouvoir la protection de l’environnement et la réconciliation, faisant de chaque mouvement une célébration de la vie et de l’harmonie. « Je suis la danse, et c’est la danse qui me fait », dit-elle avec une passion palpable.

Chaque geste de Nathalie raconte une histoire. À travers ses mouvements, elle transmet une énergie positive, offrant à son public bien plus qu’une simple performance. Ses ateliers et spectacles sont une invitation à guérir, à se réconcilier avec soi-même et à rêver d’un avenir meilleur.
Nathalie Muchinya incarne une vérité universelle : l’art, lorsqu’il est porté par un cœur sincère, peut guérir les blessures les plus profondes et unir les âmes les plus brisées. Par son talent et son dévouement, elle laisse une empreinte indélébile sur sa communauté et inspire le monde entier à croire au pouvoir transformateur de la danse.
Amani LUGERO