Samedi 07 juin 2025, le Ciné-Club Minzoto, en partenariat avec l’Institut Français de Kinshasa, a organisé, dans sa salle de cinéma, la projection du film « Maman Colonelle » de Dieudonné Hamadi.
À travers ce documentaire, le public a été invité à réfléchir sur deux problématiques souvent invisibilisées dans la société congolaise : la perception et la condition des enfants des rues, ainsi que celle des femmes victimes de violences sexuelles.

Dans une atmosphère intimiste, les spectateurs ont suivi avec attention le parcours inspirant de la colonelle Honorine Munyole. Pendant douze années, elle a dirigé la brigade de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes au sein de la police nationale congolaise, dans la province du Sud-Kivu.
Mutée par la suite à Kisangani, « Maman Colonelle » poursuit son combat. Elle se consacre au soutien des femmes victimes de viols, mais aussi des enfants confrontés aux violences domestiques et aux accusations de sorcellerie.

Un échange engagé avec des artistes militants
À l’issue de la projection, un échange riche et engagé a eu lieu entre le public et deux intervenants : Cédric Tshimbalanga, opérateur culturel, et Fallonne Mambu, peintre et performeuse. Tous deux œuvrent au quotidien pour la valorisation de l’art et des causes sociales à Kinshasa.
Cédric Tshimbalanga a révélé une réalité alarmante : plus de 35 000 enfants vivent aujourd’hui en situation de rue dans la capitale congolaise. Engagé sur le terrain, il dirige un centre culturel dédié à leur accompagnement et leur instruction.

« Il y a des programmes d’échange, des ateliers. Ces enfants viennent, ils apprennent… Il y a un centre culturel qui propose des programmes de peinture, de dessin, de musique. Et ces enfants, tout en étant en situation de rue, bénéficient de ces programmes », a confié cet opérateur culturel à notre rédaction.
Pour Samuel Mwani, directeur artistique du Ciné-Club Minzoto, cette projection est aussi un appel à une prise de conscience sur la manière dont les Congolais perçoivent leur propre image.

« La question liée à l’image est très importante. Comment se fait-il que nous, Congolais, n’arrivions pas à réfléchir sur notre image ? Je pense qu’il y a une négligence à ce sujet », a-t-il déclaré.
Actif depuis trois ans, le Ciné-Club Minzoto continue de s’imposer comme un espace de réflexion et de débat autour du cinéma. Une deuxième projection trimestrielle est déjà en préparation et sera annoncée dans les jours à venir. A noter que cette activité a été rendue possible grâce à la co-organisation avec l’IFK
Horace Munekay