La littérature reste l’unique voie par laquelle beaucoup de personnes trouvent refuge pour extérioriser leurs pensées et émettre amplement leurs opinions sur quelques maux qui rongent la société actuelle.
Telle est la démarche utilisée par Loïc Sando Fotsho Zidane, un jeune auteur indépendant, dans son ouvrage « Femme ne signifie pas objet », un roman autoédité de 98 pages. Il est étudiant en médecine et mannequin qui a survécu aux tragédies sociales qu’il a rencontrées et s’est donné la mission de militer contre les violences faites aux femmes par la littérature et par sa profession de mannequin. Revivez ci-dessous l’essentiel de l’entretien qu’il a eu avec votre rédaction.
Culture Congo : Pouvez-vous brièvement vous présenter ?
Loïc Sando : Si vous entendez un jour parler d’un jeune débrouillard, autodidacte, pensez d’emblée à l’auteur indépendant qui je suis. SANDO FOTSO ZIDANE LOIC.
CC : Quel est votre parcours dans la littérature ?
LS : Je dirais que la littérature m’est tombée dessus. Pour moi, la littérature correspond au domaine professionnel des écrivains. Et être écrivain n’a jamais fait partie de mes objectifs de vie.
Certes, mon amour pour la lecture s’est établie depuis les entrailles de ma mère où j’étais tellement attaché à la lecture, au point où pendant les périodes de classes mes parents me confisquaient mes bouquins et me laissaient avec mes jouets.
Mais, le jour où mes parents ont compris qu’ils n’y pouvaient rien, c’était ce jour où la vendeuse m’avait servi du pain emballé dans un papier journal.
J’écris depuis l’âge de 9 ans, tout jeune en 6e (première année secondaire). Mais je l’avais toujours fait pour m’évader, sans objectifs particuliers.
CC : Comment avez-vous embrassé cette carrière de littérateur ?
LS : L’un de mes principaux défauts dans cette vie est que je suis un fin observateur, j’analyse les moindres faits et gestes. J’ai été écœuré de découvrir que plus de 60% de la déviance des mœurs de notre génération est due aux conséquences psycho-sociales des Violences domestiques. Après ce constat, il serait cruel pour moi, de rester indifférent face à cela. Je me suis engagé au fond de moi à dénoncer avec ardeur ce fléau qui mine notre société.
C’est étrange de voir un être aussi belliqueux se battre pour les causes des femmes et des enfants. C’est rare mais ça existe des hommes attentionnés.
Ne trouvez-vous pas paradoxal que je mette en péril mes études de médecine générale, ma carrière de mannequin, mes activités commerciales, etc., pour me consacrer entièrement à un noble combat ? Cela montre à quel point les violences conjugales me tiennent à cœur.
J’ai voulu passer par ma carrière de mannequin pour mener ma lutte, mais pendant le processus, mon encre coulait plus que mon corps ne déambulait. Je découvris ainsi mon talent d’écrivain, et je marquai le début de cette carrière d’auteur engagé. Je me sentais plus à l’aise en faisant couler l’encre de ma plume, et j’étais confiant de savoir que cette dernière reflétera la réalité des violences conjugales.
CC : Quel est le message fort que vous véhiculez dans votre roman ?
LS : Le livre s’adresse principalement aux pères de famille. Être chef de famille, ce n’est pas juste dicter sa suprématie, mais c’est également concilier sa famille pour y faire régner un climat d’apaisement, chose que beaucoup de pères ignorent parfois. Alors, tout comme un avion dont l’équilibre dépend du pilote, une famille épanouie dépend aussi de la bonne conduite du père. En d’autres termes, toutes les actions du père dans son foyer ont d’une manière ou d’une autre des répercussions sur sa progéniture.
La Violence conjugale est un acte moins considéré, parfois banalisé par nos sociétés, mais qui engendre des conséquences énormes. Elle est un danger pour notre société car elle détruit les femmes victimes et la progéniture à petit feu. C’est peut-être paradoxal, mais les enfants témoins de Violences sont traumatisés et le demeurent, c’est comme une marque indélébile encrée en eux, comme un fardeau qu’ils transportent tout au long de leur vie.
Dans le roman, je mets plus l’accent sur les actes de violences conjugales, mais dans mes campagnes de sensibilisation, je préfère insister sur les répercussions psycho-sociales des enfants témoins de ces violences. Je pense que les mamans, étant matures, ne subiront pas les mêmes désastres psychologiques que leurs enfants innocents, avec les cerveaux en croissance qui se font détruire progressivement par ces scènes atroces.
Vous pouvez utiliser l’exemple d’un arbre qui grandit dans un pot trop petit. Si l’arbre n’est pas transplanté dans un pot plus grand, il va se dessécher et mourir à petit feu. C’est la même chose pour les relations conjugales des parents. Si elles ne sont pas saines, elles peuvent devenir toxiques et causer des souffrances émotionnelles pour les enfants.
Il est alors impérativement important de reconnaître les signes de violence et d’en trouver des remèdes pour éviter que l’environnement familial ne devienne toxique pour grandir et s’épanouir.
CC : Quel est le rôle de la femme, selon vous ?
LS : La femme étant la mère de l’humanité est le centre de toute action humaine qui puisse exister. Sans la femme, il n’y a pas de vie humaine. Alors je pense que c’est un peu déplacé de demander le rôle de la femme, c’est comme si l’on demandait le rôle de l’oxygène pour le souffle de vie.
Si vous êtes en train de me demander le rôle de la femme dans notre société, alors vous avez votre réponse. La femme est indispensable pour la pérennisation de l’espèce humaine et ce, dans tous les domaines. C’est vrai que parmi ses super pouvoirs, elle a aussi cette capacité de mener à bien un foyer aussi ambigu qu’il soit, cette lourde tâche ne devrait pas résumer le rôle de la femme dans nos sociétés qu’à la cuisine parce qu’elles ont aussi leur mot à dire. Elles sont des humains comme nous et ne sont pas des marionnettes.
CC : Que représente la littérature pour vous ?
LS : La littérature est comme un canal par lequel on dévoile nos faits de société. Je pense même que c’est le moyen idéal pour dénoncer, pour présenter crûment toutes les réalités de notre société, de manière sèche et dure, sans aucun ménagement, sans prendre la peine d’adoucir ce qu’il y a de blessant dans ce qu’on a à dire. La littérature, c’est aussi ce tableau artistique où chacun se voit représenter ses mœurs vénéneuses pour la société. La littérature c’est la remise en question.
CC : S’il faut effectuer un état de lieu, lequel feriez-vous en ce qui concerne le taux des lecteurs en RDC ? Pensez-vous que les congolais s’y intéressent vraiment ?
LS : Permettez-moi de paraphraser ce vieux dicton “si tu veux cacher éternellement un secret à un africain, dissimule-le dans un livre”. Alors tout africain, de souche pure est d’emblée allergique à la lecture.
Et les congolais ne sont pas en reste.
CC : Pensez-vous organiser un événement de présentation de votre ouvrage ?
LS : Bien-sûr que je compte dévoiler en présence d’un grand public mon chef d’œuvre. Car, la sortie d’un livre est un évènement, c’est un aboutissement d’un travail acharné produit pendant plusieurs années. Il faut qu’il soit visible et il le mérite. Tout le monde doit en parler.
Le livre FEMME ne signifie pas OBJET dénonce les violences conjugales faites sur le genre et principalement sur la femme. Cela pour sensibiliser la population sur les conséquences sociales, psychologiques et biologiques de cet acte ainsi que les répercussions néfastes sur leurs progénitures.
Le lieu et la date du vernissage ne sont pas encore déterminés parce que comme je l’ai mentionné, une œuvre d’art doit avoir une présentation à sa juste valeur. Alors avant de planifier le vernissage, j’aimerais que le livre puisse faire un maximum de bruit et que le mouvement de sensibilisation contre les violences conjugales soit effectif afin de briser les tabous.
CC : Quelles sont vos perspectives ? Et quel message donneriez-vous aux jeunes qui ont peur de se lancer dans la littérature ?
LS : Je n’ai pas l’intention de m’arrêter à un seul livre, alors je compte écrire, écrire davantage.
Plusieurs autres romans suivront “FEMME ne signifie pas OBJET », chacun dans une thématique aussi pertinente pour notre société. Et je vous promets encore beaucoup de sensations pour les prochaines publications. Comme ce premier livre, ma plume sera davantage inspirée des faits de la société. Elle va s’atteler à dénoncer les fléaux qui la ternissent afin de changer les mentalités. Là, c’est mon objectif principal, changer les mentalités.
Tout jeune qui voit en lui le désir d’écrire, tout ce que je peux lui dire c’est d’oser, percer le mystère de la littérature afin de se frayer un chemin. Quel que soit son objectif à atteindre, qu’il s’arrange à bosser 100 fois plus qu’il ne l’avait prévu car le domaine de la littérature en Afrique est coriace.
Il existe des actes que l’on commet banalement, tout en minimisant leurs répercussions. Et les violences conjugales représentent un grave danger pour notre société. Elles détruisent la femme victime et ses enfants. Ce traumatisme devient, malheureusement un lourd fardeau qu’ils portent sur eux et qu’ils endureront toute leur vie durant. Avec un peu de pitié, pensons à ces femmes marginalisées et à leurs enfants traumatisés.
Propos recueillis par Grady BIZAKI
2 Commentaires
J’apprécie le courage et la force surtout l’amour qui l’a envers les femmes c’est très rare de nos jours de savoir qu’un homme prêt vraiment attention aux femmes
C’est un plaisir de voir un frère engagé et passionné pour défendre l’intérêt de ces belles créatures que sont les femmes.