Du souffle. Il y en a. On le sent. On le voit. Partout la même inscription, dans le regard, dans l’espoir, dans le miroir, dans le terroir, partout est marquée la même chose, et on le voit, on le reçoit, on le perçoit, on l’aperçoit, dans le vol d’un oiseau, dans le geste banal de la mort, dans les clins d’œil rebelles du soleil, partout c’est inscrit, car c’est écrit, c’est écrit partout, par terre, sur la terre, en terre, dans la terre, chaque grain de sable est tatoué de son nom, chaque goutte d’eau du fleuve, du lac, de la pluie, de l’océan est marquée par l’esprit qui souffle de sa substance, esprit en errance, esprit mort d’espérance, dont l’attirance vers ce qui est écrit reste une aisance nominale…
…le 17 mais…
Oui, il souffle partout le vent de la fête, le vent du bonheur qui arrive de bonne heure, le vent de l’amour de la patrie, le vent de la nouvelle indépendance, un dictateur tombe, un dictateur est tombé, d’autres arrivent ou pas, mais celui-là est vraiment tombé, ne reste qu’alors l’étrange goût de liberté inachevé, l’inscription d’une liberté dérisoire expert en effet masturbatoire, et finalement le sentiment d’une arnaque modèle étoile filante, la kinoiserie nomme cela “courte joie”, les libertins l’appellent éjaculation précoce…
…le 17 mais…
Oui! Le 17 mai, c’est chômé payé dans un pays qui ignore son taux de chômage, oui, le 17 mai c’est le salut individuel collectif, ce salut est arrivé et depuis comme un symbole ça pète l’atrocité à l’est, ça pète le cynisme, la barbarie, la sauvagerie, l’esclavagisme, le génocide, et ça ne nous dit rien collectivement, on fêtera encore et encore, on ne sait que fêter, on a même une date d’anniversaire de la mort, et un congolais même a réussi à la déflorer, depuis elle a pété le plomb, parce que ce n’était pas sérieux, elle a perdu la boule, elle est devenue folle alliée, et depuis elle sacage l’est-majesté avec une violence sans pareille…
…le 17 mais…
Et pendant ce temps-là, on fête toujours le 17 mai pour la narguer, pour lui dire qu’elle fait un travail de cheval( azosala musala ya punda), et elle se dit je vais tous les exterminer, mais elle a oublié ou elle ne savait pas que la bêtise congolaise a toutes les facultés de l’hydre de Lerne…
Atandele! On attend le 17 mai prochain de pied ferme! Ce sera chômé payé ! Et bien sûr, on va boire encore et encore où l’on pourra car la mort boit notre sang sans relâche, et à ce jeu, face à nous, elle mourra…
…le 17 mais…
Christian Gombo
Écrivain congolais