C’est une soirée mémorable qui s’est déroulée ce mardi 8 octobre au Centre Wallonie-Bruxelles à l’occasion de l’avant-première tant attendue de la pièce Kinshasa 100 ans : De 1923 à nos jours. Le spectacle, initié par Félix Caleb Djamany, a littéralement captivé les spectateurs présents, marquant ainsi un tournant impressionnant dans l’univers théâtral congolais.
Conçue comme une fresque chronologique, cette pièce de théâtre musicale retrace un siècle d’histoire de la capitale congolaise, mêlant avec brio des éléments de culture, politique et société. Dès les premières minutes, le public a été transporté dans un voyage visuel et émotionnel à travers les grandes périodes qui ont façonné Kinshasa, de l’époque coloniale à nos jours.
La mise en scène, d’une audace rare, plonge le spectateur dans une expérience sensorielle totale, où les décors, les effets visuels et la bande sonore font revivre l’essence même de Kinshasa. Le talent des acteurs, qui incarnent différentes générations de Kinois, a été unanimement salué pour sa justesse et son intensité émotionnelle.
L’un des moments les plus saisissants de cette soirée a été l’intervention du groupe Elikya Musica, un orchestre des étudiants malvoyants de l’institut National des Arts (INA), dont la prestation musicale a littéralement transcendé la scène. Cet ensemble exceptionnel a agrémenté le spectacle avec une programmation unique, mêlant mélodies traditionnelles et sonorités modernes avec une dose de la Rumba créant une ambiance sonore qui a touché le cœur des spectateurs. Leur performance, empreinte de virtuosité et d’émotion, a ajouté une dimension poignante à l’expérience scénique, rappelant que l’art, sous toutes ses formes, transcende les limites physiques.
Félix Caleb Djamany, l’un des principaux organisateurs du projet, a exprimé sa vision lors d’une interview exclusive donnée après la présentation du spectacle.
“Kinshasa est plus qu’une ville, c’est une âme qui résonne à travers ses habitants, son histoire et ses traditions. Nous voulions, à travers ce spectacle, offrir au public une immersion dans ce riche héritage, tout en les invitant à réfléchir à l’avenir de notre capitale”, a-t-il dit avant de souligner le travail de collaboration entre artistes locaux et historiens pour garantir l’authenticité des récits présentés.
Présent également à l’événement, Nzau Lembe, conseiller culturel du gouverneur de la ville, n’a pas manqué de partager son appréciation pour cette initiative. Il estime que ce genre de projets doit perdurer pour renforcer le côté culturel de cette ville bouillonnante avec tant des atouts culturels.
“Ce genre de projet est essentiel pour nous rappeler d’où nous venons et pour renforcer notre identité collective. Il est crucial que nous, en tant que leaders, soutenions de telles actions qui célèbrent non seulement notre passé, mais qui ouvrent aussi la voie à des dialogues sur notre avenir.”, a-t-il concédé.
Il a, en effet, encouragé une plus grande implication des jeunes dans des projets culturels de cette envergure, estimant que l’art est un puissant vecteur d’unité et de cohésion sociale.
La soirée a également mis en lumière de jeunes talents découverts au Lycée Kabambare, dont Divine la capitaine comme on l’a surnommée dans le spectacle, qui a brillé par sa prestation poétique. Son poème, une ode à l’héritage et à la mémoire de la capitale, a captivé le public, soulignant l’importance de la transmission intergénérationnelle.
“C’était un honneur de pouvoir représenter ma génération sur cette scène. Ce spectacle me rappelle que nous, les jeunes, avons un rôle à jouer dans la construction de l’avenir de Kinshasa, en nous inspirant de notre passé.”, a-t-elle fait savoir.
Face à l’enthousiasme suscité par cette avant-première, les organisateurs n’ont pas tardé à annoncer qu’une tournée européenne était envisagée après cette période de représentations à Kinshasa.
“Nous voulons partager cette histoire avec le reste du monde et montrer ce que Kinshasa a à offrir sur le plan culturel et artistique,” a déclaré Djamany. Des villes comme Bruxelles pourraient ainsi accueillir prochainement ce spectacle puissant, offrant à un public international l’opportunité de découvrir l’âme de Kinshasa.
À l’issue de la représentation, les applaudissements se sont prolongés, témoignant de l’impact profond qu’a eu la pièce sur l’audience. Les critiques sont unanimes : cette pièce est une œuvre d’art qui transcende le théâtre pour devenir un véritable miroir de l’histoire congolaise. Le public, visiblement ému, a salué non seulement la qualité artistique, mais aussi le message fort de la pièce.
Ce projet ambitieux est porté par l’ASBL belgo-congolaise Soleil Levant, une organisation qui se consacre à la promotion des arts et de la culture en République Démocratique du Congo et en Belgique. À travers cette initiative, l’association continue de jouer un rôle de premier plan dans la valorisation du patrimoine congolais, en mettant l’accent sur la transmission des savoirs et la sensibilisation des jeunes générations aux enjeux historiques et culturels.
Laetitia Kabala