Les œuvres féeriques de douze artistes sont bien visibles dans la salle d’exposition de l’Institut Français de Kinshasa. L’Expo « Kin Kiesse », lancée le 16 octobre 2026, s’inscrit dans le cadre de la tournée de la Kinshasa Design Week (KINDESWE Tour).
Parmi ces douze artistes, le sculpteur Cédrick Sungo présente un travail artistique exceptionnel sous le titre « Kin Nde Yangoyo » (ndlr, c’est ça Kinshasa). Cette série d’œuvres met en lumière la réalité quotidienne des jeunes Kinois, illustrant leur résilience.

« Le titre de l’œuvre illustre déjà son utilité : il représente la réalité de la jeunesse actuelle, qui doit se débrouiller pour trouver des opportunités. Ce travail manuel, devenu le quotidien de nombreux jeunes Kinois, m’a profondément interpellé et inspiré à créer ces œuvres », a-t-il déclaré.
Ces sculptures symbolisent les mouvements du corps humain transportant des charges lourdes. À travers ses créations, l’artiste montre la diversité des gestes que l’être humain effectue pour transporter des objets. Chacune des sept œuvres exposées revêt un caractère unique.

« Ces œuvres, bien que distinctes, représentent le mouvement du corps humain. Il existe différents gestes associés au transport de charges, qu’il s’agisse de ciment, de carton ou d’autres matériaux. J’ai voulu montrer ces divers mouvements », a-t-il expliqué.
Pour réaliser ces œuvres, Cédrick Sungo utilise des matériaux tels que l’armature métallique, le fer à béton soudé, le tissage et le filage de fil de fer, ainsi que des éponges métalliques. Cette démarche artistique le rend distinctif et unique dans son genre.

« Je travaille principalement avec du tissage de fils de fer. Je commence par créer une armature pour soutenir mes fils, puis je tisse et je file. Dans ce projet, j’ai intégré un nouvel élément : des éponges métalliques, utilisées pour nettoyer la vaisselle. Cela symbolise le travail, car ces éponges représentent la relation entre l’homme et le travail », a-t-il précisé.
Les Kinois sont réputés pour l’effort qu’ils déploient chaque jour à la quête de leur survie. Avec le fameux « article 15 », ils font preuve de débrouillardise, de courage et de détermination. L’artiste rend ainsi hommage à toutes ces personnes qui ne cessent de se battre pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur foyer.

« A Kinshasa, lorsque nous parlons des débrouillards, nous évoquons des personnes qui se déplacent vers des supermarchés, des marchés ou d’autres lieux pour livrer des colis et gagner leur vie. C’était pour moi une manière de rendre hommage à toutes ces personnes qui, chaque jour, se lèvent pour chercher du travail, qu’il soit manuel ou autre, afin de survivre », a-t-il ajouté.
Concernant le design, l’artiste a une perception qui va au-delà de l’esthétique, intégrant d’autres techniques pour rendre ses œuvres encore plus vivantes.

« Nous avons découvert qu’au-delà du design, nous pouvons créer des œuvres qui deviennent également des objets utilitaires. Une œuvre est intrinsèquement un objet utilitaire, et c’est ce lien que nous souhaitons mettre en avant à travers cette exposition », a-t-il révélé.
Originaire de Kinshasa, Cédrick Sungo partage son temps entre Kinshasa et Abidjan. En tant que sculpteur, il façonne le métal fondu pour donner vie à ses créations. Diplômé de l’Institut des Beaux-Arts et titulaire d’un Bac+5 en métal battu de l’Académie des Beaux-Arts, Cédrick Sungo incarne la quête d’une reconnexion de l’homme africain à la nature, au cœur de sa thématique centrale : Nkondi Nkisi.

Les œuvres du sculpteur Cédrick Sungo sont exposées jusqu’au 30 octobre à l’Institut Français de Kinshasa. « Kin Nde Yangoyo » est une invitation à réfléchir sur le rôle de l’art dans la société, mettant en lumière la force et la détermination des jeunes Kinois.
Masand Mafuta