Le mardi 4 novembre, le projet du Patrimoine, Identité Culturelle de la Conservation (PICCO) a poursuivi sa deuxième journée d’activité à l’Université de Kinshasa (Unikin), plus précisément aux Musées Universitaires de Kinshasa, sous le thème : « Vocabulaires féminins en langues nationales ou dialectes locaux, synonymes de réparation ou détérioration. »
Josephine Cishala, directrice des Musées Universitaires de Kinshasa, a partagé ses réflexions et certains questionnements sur les enjeux de la conservation d’objets d’arts au fil du temps, avec un clin d’œil sur l’époque ancestrale.
« Nous nous sommes posé de nombreuses questions pour savoir pourquoi on réparait l’objet et qui réparait l’objet. Quels sont les enjeux liés à cet objet une fois qu’il est réparé ? À quoi sert-il ? Nous avons discuté pour savoir si c’est le même mot qu’on utilise pour désigner la réparation des objets. Utilise-t-on le même vocabulaire quand on répare les corps humains ? Il y a eu des échanges et des discussions autour de ces questionnements. Est-ce que nos ancêtres conservaient les objets ? Et s’ils conservaient les objets, comment et pourquoi ? », s’est-elle interrogée.
Elle a également proposé un devoir de recherche sur le mot « réparation » dans les langues nationales chez les femmes : « Le débat n’est pas fini, nous allons continuer nos recherches pour produire un article scientifique sur cette thématique. Nous voulons voir si les termes « restauration » et « réparation » peuvent également s’appliquer au fait qu’une femme subisse des blessures pendant la grossesse ou l’accouchement. »
Concernant les ambitions du projet, elle a ajouté : « Et passons à l’attente de ce que les étrangers apportent vers notre culture. La restauration doit être une affaire de Congolais, c’est pourquoi nous travaillons d’abord sur les langues congolaises, les mots « restauration » et « préparation » dans nos langues, et ensuite sur les objets et les matières que nous utilisons. Nous n’avons pas toujours besoin de recourir aux matières qui viennent d’Europe. Nous avons des ressources ici que nos ancêtres utilisaient pour restaurer les objets. Les arbres existent ici, et nous avons de la résine pour fabriquer la colle nous-mêmes. C’est une fois fabriquée à partir de l’expérience que nous avons acquise. »
Qu’est-ce que le projet PICCO a apporté dans votre institution muséale ? « Avec l’aide de l’Université de Kinshasa, nous avons bénéficié d’un hologramme. Cet hologramme va nous permettre de bien conserver nos objets et de réaliser une conservation numérique. Nous avons aussi bénéficié de l’expertise de conservateurs et restaurateurs d’Europe, de l’Université de Liège et de l’École de Saint-Luc. Cela permet à nos restaurateurs de bénéficier de leur expérience. Nous avons été financés, et on nous a fourni cet hologramme. Nous allons également recevoir un rétroprojecteur, et des souvenirs resteront pour le plaisir », a-t-elle répondu.
Le professeur Muriel Verbeck, porteuse du projet, a également mis en lumière les objectifs du PICCO en dehors de la capitale congolaise et ses réalisations en RDC . Elle a dressé un bilan qui semble répondre effectivement aux objectifs assignés du projet.
« Un des objectifs de Picco est de former des personnes qui pourront former d’autres. Cet objectif est atteint, puisque nous avons eu trois stagiaires en Belgique, qui ont acquis les compétences nécessaires pour partager leurs connaissances. Nous avons également effectué une conservation préventive d’œuvres à Lubumbashi, notamment une collection de peintures populaires. Nous avons réalisé des relevés photogrammétriques, et c’est Théophile Mafuta qui a numérisé différentes pièces. Les équipes ont produit des hologrammes et ont réalisé une enquête sur les annotations de ces hologrammes, c’est-à-dire comment un public non spécialisé peut fournir des informations sur des objets conservés dans le musée. »
Enfin, le professeur Cishala a dressé le bilan du projet Picco par rapport à sa première phase : « Nous sommes à la phase terminale du projet, et les objectifs ont été atteints, avec de nombreuses réalisations à Unikin et au-delà, à l’IMNC. J’ai constaté de nombreuses réalités. Il y a eu une diffusion internationale. Nos partenaires du Nord sont ravis du déroulement du projet et de l’implication des équipes. »
Il est important de noter que le projet se poursuivra d’une autre manière jusqu’au mois de décembre avec le concours de la Wallonie-Bruxelles Internationale.
Milca Nlandu
