Nous lui reconnaissons par ses portraits, parfois en monochrome ou avec du feutre sur papier, comme si il griffonnait. Des illustrations de grandes figures ou de scènes connues de kinois, avec des dessins dont on peut en apercevoir les lignes et les esquisses. Kadima, dit Pharaon, nous revient avec une œuvre exceptionnelle, Qui n’est ni de la peinture ; non plus le croquis comme nous lui reconnaissons, mais un portrait en bas-relief réalisé minutieusement avec des clous et des ficelles, sur une planche à bois d’environ 2,5 cm d’épaisseur et d’une taille mesurant à peu près 50 x 70 cm.
Ce qui est intéressant, est qu’en un clin d’œil, on aperçoit par la forme ; les traits et les contours, le visage du sujet, Lumumba. Un de personnages emblématiques de l’histoire africaine contemporaine. Sur ce portrait de Lumumba, l’on peut se rendre compte de la perception que l’artiste a, vis-à-vis de son sujet. Lui représentant ainsi différemment des autres réalisations, toutes exposées au « Le premier Shopping mall de Kinshasa ».
Bien qu’il soit splendide et captivante l’œuvre de l’artiste, la technique utilisée par l’artiste ne lui confère aucune valeur inédite. Plus encore, une unanimité. Cette manière d’employé clous et marteau, et parfois les ficelles pour réaliser un portrait, rime avec le style de travail de Zenyk Palaymiuk.
Lumumba en clous sur une planche en bois, représenté en ¾ est à proximité d’un Mobutu, illustré à main levée avec les feutres de différentes couleurs. Partant de la disposition, je m’imagine que les deux œuvres, exposées côte à côte, marque un come-back dans l’histoire entre les deux personnalités, marquée par la complicité et la trahison.
Clous sur le bois, l’œuvre est en parallèle avec le Christ crucifié. En observant attentivement ces tas de clous, ça nous ramène sur chaque coup de marteau que l’artiste portait, pour les enfoncer. Ne serait pas synonyme des coups et tortures que Lumumba a dû subir avant sa mort, Que l’artiste a voulu nous faire ressortir et ressentir par son œuvre ?
Sur l’ensemble de l’expo, l’artiste se contente à illustrer les portraits de grandes figures congolaises mortes. Est-ce dans le but d’immortaliser les personnages ? C’est peut-être pour des fins commerciales, en justification de l’expo dans un milieu hautement commercial.
J’aurais voulu donc voyager un peu plus dans les œuvres. Vivre d’autres expériences ou scènes, avec les mêmes personnages, sous d’autres rôles. Loin de ce que nous connaissons d’eux. Car la plupart de ces portraits, nous est familier.
Quant à l’ensemble de l’expo, elle est somptueuse. D’une grande diversité de style, digne d’un maître qui a su maîtrisé son art. Cependant, l’œuvre sur Lumumba est celle qui reste la plus attrayante, quant à sa forme et sa composition. Quand vous entrer et quand vous sortez, elle vous retient pour la contempler. Clous et ficelles, Lumumba en lunettes, vous emmène en état de transe. Après l’émerveillement suscité sur l’œuvre suite à sa contemplation, questionnements prennent alors place. Nous mettant dans un instant de rétrospection et d’introspection sur l’œuvre de Lumumba ; de son héritage légué, la liberté, et de ce que nous en avons fait.
COLON ASSANY
Jeune critique d’art
Kinshasa, RDC