Sur l’ échelle internationale de l’art de la marionnette, la République Démocratique du Congo s’offre deux places à l’Union Internationale des Marionnettistes (UNIMA). Reconnue par l’UNESCO, cette plateforme est une organisation internationale des marionnettistes avec comme objectif de valoriser l’art de la marionnette à travers les nations, soit les pays membres.
Après les élections du 27 août 2025, Sunda Masampu Ngonde alias S.konde Artpédi, déjà conseiller international de l’UNIMA et secrétaire de l’UNIMA en RDC a été élu délégué représentant de la zone Afrique Centrale. FUMU MBAMBA KOKO DIDIER, président de l’UNIMA en RDC, a été élu formateur de la commission Afrique. La RDC se montre déjà comme une portée symbolique dans le paysage marionnettiste africain.

Pour S.konde, leur victoire marque un tournant historique car elle reconnaît non seulement la visibilité artistique de la RDC mais aussi la place du pays au centre d’un dialogue continental autour de l’art de la marionnette.
« C’est une reconnaissance, mais surtout une responsabilité, celle d’ouvrir des voies pour d’autres artistes d’Afrique Centrale, souvent invisibles. Nous voulons redorer l’image de la marionnette en Afrique centrale. Je rappelle que la RDC a été nominée, ou la RDC avait eu la médaille d’or des jeux de la francophonie à Kinshasa, et c’est moi qui avais fait la mise en scène du spectacle de marionnette géante Croco, la danse du crocodile. Pour nous, ce n’est pas un cadeau, mais un mérite. Nous méritons cette double victoire”, souligne-t-il.

En outre, l’art de la marionnette se présente comme un vecteur de mémoire collective et de transformation sociale en Afrique centrale. Pour S.konde, elle permet de parler des traumatismes collectifs, des conflits ainsi qu’une identité brisée avec une distance poétique.
« La marionnette, comme forme d’art populaire, est symbolique. Elle a une capacité unique à transmettre les récits, les mythes, les douleurs et les rêves des peuples. Elle peut aussi devenir un outil d’éducation, de guérison et de cohésion sociale. C’est-à-dire que la marionnette, à travers ce dynamisme, remet la population dans un même sens pour parler, pour fêter », rappelle-t-il.
L’art de la marionnette, un outil de réconciliation pour les traditions locales
En tant qu’instrument de réconciliation pour les traditions locales, elle symbolise certains problèmes rencontrés dans des milieux ruraux. Il sert également à traduire le langage traditionnel singulier en y apportant une touche artistique propre à une culture.
Cet art connaît fortement des défis dans la zone Afrique centrale. Notamment, la carence des structures de formation, l’accès limité aux financements, la mobilité restreinte des artistes ainsi que l’absence de documentation.
« Il est temps de répondre à ces défis avec des solutions endogènes, adaptées à notre réalité. C’est-à-dire, moi, comme je suis là, je connais, parce que c’est moi qui ai permis en Afrique centrale, chaque pays d’avoir un centre, et je connais le terrain, je connais tout ce qui se passe, et j’ai déjà diagnostiqué le problème, c’est le problème de formation, c’est le problème de remettre les artistes à leur place », constate-t-il.
Avec un engagement enraciné dans la culture et innovant, S.konde imagine une scène qui crée des ponts entre villes et villages, entre numériques et traditions, entre enfants et anciens, et surtout une scène qui a le moyen de s’exprimer librement sans dépendre systématiquement de l’extérieur.
« Ma vision est celle de créer un centre où le jeune marionnettiste de l’Afrique Centrale peut venir chaque année comme à l’école académique apprendre l’histoire de la marionnette africaine, de leur propre pays et construire eux-mêmes et jouer, transmettre le message à travers l’Afrique et le monde pour sensibiliser le peuple à rester unis”, conclut-il.
Cette double élection représente pour la RDC une étape majeure qui met en valeur les artistes, moins connus en vulgarisant la diversité culturelle, la valorisation des ethnies et les différentes formes traditionnelles que peut offrir une richesse iconographique et narrative exceptionnelle.
Grady BIZAKI