Jeudi 13 novembre 2025, la Compagnie Théâtre de Marionnette a tenu une activité éducative et enrichissante intitulée « Lecture porte à porte » dans les rues du quartier 8 dans la commune de N’djili (Kinshasa). Cette initiative, qui fait partie de la 11e édition de la Fête du Livre de Kinshasa, a pour but de rapprocher les auteurs de leurs lecteurs potentiels tout en promouvant la littérature de proximité.
Les comédiens de la Cie Théâtre de Marionnette ont arpenté le quartier, proposant des performances captivantes afin d’attirer l’attention des habitants. Ils ont lu des extraits d’œuvres de trois auteures, en y ajoutant une touche d’humour et de musique. Cette approche a favorisé une atmosphère joyeuse et conviviale, permettant de créer des interactions enrichissantes entre les auteurs et leurs lecteurs occasionnels.

Reinette Mulonda (Congolaise), Ernis (Camerounaise) et Dana Grigorcea (Suisse-Roumaine) ont saisi cette occasion pour mettre en avant la quintessence de leurs ouvrages, servant de fondement à cet exercice de lecture de proximité. Elles ont échangé tour à tour avec les habitants présents sur leurs expériences littéraires et leur relation avec les livres, une démarche à la fois instructive et empreinte de bonne humeur.
« Je suis très émerveillée, c’est ma première fois que je viens en Afrique, et surtout au Congo-Kinshasa. Je ne me suis pas imaginée que je veux me sentir tellement bien comme à la maison. C’est pour la première fois dans ma vie que j’ai fait partie d’un tel projet. Je pense que, peut-être, c’est unique au monde, ce thème d’évangélisation, la littérature de porte à porte et je vous félicite pour cette idée merveilleuse, pour la générosité que vous faites passer aux gens, la lecture, la communion, l’échange des idées et parce que, à la fin, c’est la littérature qui va nous apporter la démocratie », a déclaré Dana Grigorcea, auteure roumaine.

Ernis, l’auteure camerounaise résidant en France, a exprimé sa joie de voir son livre aborder des réalités communes à toute l’Afrique subsaharienne. Elle a incité les parents à faire de leurs filles des modèles pour la société de demain, en leur offrant la même éducation que celle des garçons, sans leur faire croire que leur avenir se limite au mariage et à la maternité.
« Je suis très heureuse que mon livre soit lu ici même à Kinshasa. Parce que, lorsqu’on me pose la question à savoir pour qui j’écris, je dis toujours que j’écris pour la jeunesse africaine. Parce qu’il raconte les réalités camerounaises, mais aussi les réalités de tous les pays d’Afrique subsaharienne et je suis sûre que les enfants d’ici, du Congo Brazzaville, voire de Libreville se retrouvent dans ce qui est dit. Je suis très contente que la population de N’djili ait reçu mon livre, et je suis très contente de l’écouter et je me dis que nous sommes sur une bonne voie de la littérature dans des quartiers les plus reculés », a-t-elle partagé à propos de son livre « Comme une reine ».

Reinette Mulonda, l’unique auteure congolaise parmi les trois, a choisi d’utiliser le Lingala comme moyen de communication spontané pour dialoguer avec ses interlocuteurs. Elle a évoqué auprès des parents rencontrés la place essentielle de la femme dans la société moderne, soulignant qu’aucune barrière ne doit entraver son avenir et qu’elle doit être libre de rêver comme un homme.
« J’ai loué l’initiative, c’est-à-dire que chez nous dans notre contexte, quand les gens n’ont pas forcément le temps ni les moyens d’aller vers les livres et de les ramener vers eux, c’est très louable comme initiative. Et que mon livre soit lu comme ça, c’était la première fois en milieu aussi reculé. C’est un livre qui repeint le quotidien de beaucoup de femmes congolaises et c’est très bien que les femmes puissent en avoir écho et savoir que ça existe un livre qui parle de telle chose. Donc c’était un grand plaisir », s’est-elle réjouie à propos de son livre « Course contre la montre ».

Comme d’habitude, cette activité ne passe pas inaperçue dans les quartiers périphériques de Kinshasa. Des personnes de tous âges, hommes, femmes et enfants, ont salué cette initiative organisée par la Cie Théâtre de Marconte en lançant des fleurs. Leur principal souhait est d’avoir accès aux ouvrages des auteurs présents afin d’enrichir leurs échanges. L’événement s’est déroulé dans une atmosphère joyeuse.
Hormis la lecture porte à porte, la Cie Théâtre de Marconte a organisé, toujours dans le cadre de la 11e édition de la Fête du Livre de Kinshasa, deux autres activités, soit la lecture enfantine au CS Bénie à Yolo Nord (Kalamu) et Donne-moi ton texte au CS Lembo (Kasa-vubu).
Masand Mafuta
