De prime abord, il est vraiment intéressant d’examiner la dimension sociale et symbolique de la charité et surtout le phénomène “Faire-part” qui s’impose progressivement dans nos Communautés. La vision idéologiquement prédominante d’un “Faire-part” est que tout le monde puisse répondre avec de l’argent, c’est une opportunité unique (et sans aucun doute une nécessité).
À un certain moment l’initiateur du “Faire-part”, exerce une pression psychologique ou même menace pour obtenir un don, et très souvent l’on écrit sur le faire-part : <>, alors qu’en réalité c’est l’argent qui est prioritairement visé.
De nos jours, le “Faire-part” est devenu une figure familière du quotidien de la République Démocratique du Congo. Ce constat est aussi avéré dans certains pays africaines. En effet, la pratique du “Faire-part” est un phénomène de survie vitale qui prend de l’ampleur dans certaines cultures du Nord-Kivu, et plus loin sur l’ensemble du territoire national de la RD-Congo.
Tout en sachant que, la mendicité est une demande individuelle de charité, sous une forme monétaire ou en nature, exprimée à l’aide de mots, d’écrits, de gestes, de symboles corporels et d’autres signes reconnaisables, adressés à des personnes sans ou avec lien de parenté, de connaissance avec le demandeur et qui fait explicitement appel au besoin d’être aidé.
Il est inévitable et logique et sans aucun doute attendu que le faire-part soit lié au dévouement de l’incapacité totale, étant donné que, d’une part, il est considéré comme une mendicité déguisée et que, d’autre part, il est très souvent lié à de comportements de la vie facile et à un esprit fainéant.
Par conséquent, l’action de la mendicité casse les limites sociales « normales » et stigmatise ceux qui sont régulièrement sollicités.
Il existe donc, deux manières de pratiquer la mendicité : la mendicité stationnaire, quand le mendiant reste à la même place, et la mendicité stratégique quand le mendiant rédige le “Faire-part”, même dans les circonstances qui reviennent exclusivement à la responsabilité individuelle ou de la famille biologique de la personne.
C’est par exemple ; en cas de la dot, la naissance d’un enfant mais également le mariage où en principe, on devrait attendre seulement le moment ultime de recevoir les cadeaux des amis et certaines connaissances.
Actuellement c’est le paradoxe, lorsqu’on ne répond pas valablement à un faire part, vous ne serez pas éligible à une quelconque invitation. La politesse exige qu’une personne qui reçoit un faire-part y réponde rapidement, le plus souvent par l’argent peu importe la proportion de la somme.
Bien que, le “Faire-part” se révèle comme une logique sociale de la pratique de la mendicité camouflée. En réalité, le “Faire-part” est un texte ou courrier envoyé à la famille, des amis ou encore à des collègues, pour les prévenir d’un événement : naissance, baptême, mariage, fiançailles, ordination, première communion, confirmation, décès, etc.
Paul Zaïdi
Journaliste d’investigation et Rédacteur en chef à RTGB/Kasindi (territoire de Beni au Nord-Kivu)