Il s’est tenu à Kinshasa, et précisément dans l’enceinte de l’Académie des Beaux-arts, la première édition des « Journées Congolaises du Manuscrit » (JCM) du 25 au 26 Novembre 2015.
Deux grandes journées partant de la matinée à l’après-midi consacrées essentiellement aux manuscrits, mieux à la génétique d’œuvres littéraires produites par les auteurs et écrivains congolais.
Rappelons que c’est sous l’initiative de feu Son Excellence Monsieur le Ministre de la Culture et des arts, Baudoin Banza Maukalay, qu’a vu le jour ce projet événementiel dont l’objectif poursuivi demeure celui de revaloriser le secteur du livre au Congo-Kinshasa et promouvoir tous ceux qui y travaillent.
En vue de réussir ce grand pari, il avait plu au feu Ministre de mettre en place un comité de Coordination devant piloter ces journées. Ledit Comité fut constitué des personnalités mieux connues de la scène littéraire à Kinshasa, dont : le Professeur et écrivain, Lye Yoka Mudaba, Directeur-Général de l’Institut National des Arts (INA) ; l’ancien Ministre et Écrivain, Didier Mumengi, le Professeur Georges Mulumba, Directeur-Général de la Bibliothèque Nationale du Congo (BNC) ; et enfin le jeune écrivain, Richard Ali A Mutu, Coordonnateur de l’Association des Jeunes Écrivains du Congo (AJECO).
Investi par Arrêté Ministériel, le Comité, chapeauté par le Professeur Yoka Lye, avait commencé par organiser une conférence de Presse, une semaine avant, toujours dans l’enceinte de l’Académie, pour expliquer les contours de cet événement et inviter les passionnés de belles lettres à soumettre leurs manuscrits jusqu’à la veille des journées du manuscrit afin de concourir parmi ceux qui pourront être sélectionnés, après appréciation de la qualité de leurs manuscrits, pour une édition en bonne et due forme de leurs œuvres, car, rappelons-le, un des enjeux majeurs de ce projet est aussi celui d’éditer certains manuscrits des auteurs, jeunes comme adultes.
Les journées proprement dites se sont tenues du 25 au 26 Novembre dans la grande salle d’atelier de l’Académie des Beaux-arts aménagée spécialement pour l’exposition et vente de manuscrits et ouvrages, ainsi que pour les panels de discussions et conférences. Il eut en somme trois panels : deux, le premier jour, et un, le deuxième jour.
La journée du 25 (première journée) fut marquée par le discours de feu Son Excellence Monsieur le Ministre de la Culture et des arts juste après le mot de bienvenue du DG de l’Académie des Beaux-arts, d’un membre du comité organisateur, le Professeur Mulumba, et du Coordonnateur du Comité, le professeur Yoka Lye.
Dans son mot, feu le Ministre avait eu à circonscrire le cadre de l’événement tout en rappelant la place du manuscrit comme premier acte de parturition avec ce que cela comporte d’audace intellectuelle comme une femme primipare qui donnerait naissance après des mois de grossesse, avec toute la passion de son corps et de son esprit.
Il s’en était suivi de la visite des stands tenus par les librairies de Kinshasa où étaient exposés des manuscrits réceptionnés par le Comité et les ouvrages de divers domaines et genres littéraires. Et, l’après-midi fut marqué par l’animation de deux grands panels tenus successivement sur différents thèmes notamment sur « la génétique de l’œuvre littéraire » avec les écrivains : Huit Mulongo, Philippe Masegabio et Jean-Claude Ntuala ; et le deuxième panel avait porté sur « le choix de genre et thème par l’auteur » avec les auteurs : Vincent Lombume, Parole Mbengama et le jeune Claus Sinzomene. Tous ces panels ont été animés par le Modérateur de l’événement, l’écrivain Richard Ali, et rehaussés de la présence d’un bon nombre de personnalités, hommes et femmes de lettres ainsi que des étudiants de Kinshasa et ceux venus de l’intérieur du pays.
Il convient de noter ici que l’événement fut aussi gratifié de la présence très remarquée et saluée du Professeur Huit Mulongo qui, lui, venait tout droit du Katanga et spécialement pour participer à ces assises notamment du fait que la question des manuscrits littéraires est celle sur laquelle il base ses recherches depuis maintenant bien des années dans l’Université de Lubumbashi avec son très célèbre « CELTRAM » (Centre d’Études pour la Lecture et le Traitement des Manuscrits).
La deuxième journée, comme la première, sera aussi une très grande réussite : rehaussée de la présence des personnalités de divers ordres, des écrivains, des étudiants, etc. Elle sera marquée par des déclamations et lectures de textes poétiques, un panel sur « l’édition et la chaîne du livre en RDC » avec les éditions Mediaspaul, L’Harmattan et Mabiki ; puis par le mot de clôture de son Excellence Monsieur le Ministre de la Culture et des Arts.
Il était temps de redonner à la littérature congolaise ses lettres de noblesse après tant d’années marquées par une certaine léthargie. Oui, il était temps. Et, feu le Ministre de la Culture et des Arts avait bien eu raison d’y associer ces professionnels du métier du livre pour assurer la coordination de cet immense projet qui s’est exécuté avec un grand professionnalisme pour sa première édition.
On notera par ailleurs que ces journées ont eu un grand impact non seulement dans la capitale et à l’intérieur du pays, mais aussi en dehors de nos frontières nationales ; grâce à une communication efficace mise en place par le Comité via tous les organes et outils de médias, mais aussi et surtout grâce à sa diffusion en direct sur les antennes de la Télévision nationale (la Rtnc1), chose qui n’a jamais été faite, dans l’histoire du pays, pour le livre (mieux, pour le secteur littéraire).
On ne le dira jamais assez, seul le politique devra tout mettre en place pour booster le culturel, en cas d’espèce, le littéraire ! Car très souvent et malheureusement, au Congo-Kinshasa, on a pris l’habitude de confondre culture et musique ; artiste et musicien.
Une politique culturelle pour le développement de l’industrie du Livre au Congo-Kinshasa (du type : « Fonds National du livre » ou « Conseil National du Livre » ) devrait, à nombre humble avis, voir au plus vite le jour afin de hisser les belles lettres (le livre en général) du pays et ses auteurs au rang qui leur revient. Car, si la culture est le fusil du développement, sa gâchette et ses munitions c’est le livre !
Par Richard Ali A Mutu Kahambo
écrivain .