Adopté en Conseil des ministres au mois de décembre de l’année passée, le concours Miss RD Congo ne donne plus de nouvelles.
Cette initiative du ministère du Tourisme, qui a suscité beaucoup d’intérêts au sein de l’opinion, dans un contexte de redynamisation du secteur touristique, tel que souhaité par le président de la République Félix Tshisekedi, ressemble de plus en plus à une utopie.
Selon le compte-rendu de la 15ème réunion ordinaire du Conseil des ministres du 20 décembre 2019, lu par le ministre d’État en charge de la Communication et des médias, David-Jolino Makelele, le gouvernement, « après examen, a adopté cette proposition [l’organisation du concours Miss RD Congo] dont le financement sera assuré par les sponsors, les partenaires ainsi que la ligne budgétaire du ministère du Tourisme ».
Selon le plaidoyer présenté par le ministre du tourisyme, Yves Bunkulu, le lancement officiel du concours devrait intervenir au lendemain de son adoption et s’étaler sur plusieurs mois, connaissant la participation de toutes les provinces du pays, pour donner le verdict de la femme la plus belle du Congo en septembre 2020.
Or, depuis ce communiqué du ministre de la Communication et des médias, on observe un mutisme total du côté du ministère du Tourisme et jusqu’à présent, aucun signal allant dans le sens de l’organisation n’a été donné.
Certes, la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19, avec son lot de restrictions dans le cadre de l’état d’urgence décrété depuis le mois de mars par le Chef de l’État, a chamboulé tous les calendriers événementiels de cette année. De nombreux programmes ont été renvoyés à des dates ultérieures, d’autres ont tout simplement été annulés. Toutefois, concernant le concours Miss Congo, on note un silence quelque peu curieux. À ce jour, nul ne saurait dire si le projet est toujours d’actualité, encore moins s’il a été renvoyé pour plus tardart ou carrément considéré comme mort-né.
Cette situation crée un certain malaise au sein de l’opinion publique, vu qu’elle implique l’un des ministères censés incarner l’espoir pour la jeunesse, compte tenu de l’âge du ministre de tutelle.
Et la grande question demeure d’ailleurs celle-ci : qu’est-ce qui a été fait jusque-là, avant que la crise sanitaire ne s’invite en trouble-fête et ne donne un coup d’arrêt à de nombreuses activités prévues pour cette année ?
Le lancement officiel du programme était prévu fin décembre 2019, soit trois mois avant que l’état d’urgence sanitaire ne soit décrété.
C’est l’événement qui devrait sceller l’effectivité du programme et lui conférer la crédibilité dont il avait besoin pour attirer et rassurer les partenaires. Il sied de noter que cela n’eut pas lieu, ni à la date prévue, ni après.
Pourquoi ? Silence radio du côté du ministère. Comment ce dernier justifie-t-il cette omission ? Problème d’organisation ? De budget ? Difficile de savoir.
Mais force est de constater que ce projet ne traduit que le marasme dans lequel s’enlise le ministère du Tourisme. Marasme qui contraste sévèrement avec la jeunesse et le caractère impétueux de l’ex-président de la Ligue des jeunes de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, l’actuel ministre de Tourisme, Yves Bunkulu.
Depuis sa nomination et malgré la détermination affichée par le président de la République de promouvoir le tourisme en République Démocratique du Congo, le secteur est complètement à l’arrêt depuis plusieurs années. Et ce n’est pas l’apparente absence d’une politique concrète de la redynamisation de ce dernier qui va y remédier.
Tout cela malgré un potentiel touristique évident qui pourrait hisser la RDC au rang des pays les plus visités au monde et soutenir à bras-le-corps l’économie du pays comme sous d’autres cieux.
Avec un écosystème riche et marqué par une biodiversité exceptionnelle, laquelle se caractérise par la présence d’espèces endémiques (okapi, rhinocéros blancs, etc.), un patrimoine culturel qu’on pourrait qualifier de bigarré, un potentiel écotouristique avéré, le pays accuse un grand retard dans un secteur pourtant très porteur sur le plan économique.
Nonobstant la dotation du pays d’un plan directeur national actualisé du tourisme par le ministre Yves Bunkulu, depuis le 2 mai 2020, le secteur ne semble pas sortir de l’auberge quand c’est le même ministre qui s’en va défendre un budget d’à peine 1,5 millions de dollars pour relancer les parcs nationaux ! Si, vous avez bien lu.
Non-maitrise du secteur ? Amateurisme dans le chef d’un décideur ? Légèreté dans la gestion d’un secteur-clé ? Toutes les assertions sont peut-être à prendre en compte…
Le programme Miss RD Congo pourrait servir de vitrine pour le pays et de tremplin pour la relance du secteur du tourisme plongé dans un coma profond.
Avec le boom numérique et des réseaux sociaux, ce concours permettrait de dévoiler les atouts touristiques de la RDC au monde entier et contribuer à faire de notre pays une destination privilégiée des globe-trotters. Mais encore faut-il que le ministre de tutelle comprenne le sens de cette démarche et l’importance combien stratégique de ce secteur.
Rappelons que le concours MISS CONGO est un projet du gouvernement institué en 1968, sous le règne du président Mobutu Sese Seko, connu à l’époque sous le label « MISS ZAÏRE ».
Ce concours de beauté, projeté pour 2020, etait particulièrement attendu après un coup d’arrêt de 4 ans marqué par l’élection, le 10 septembre 2016, d’Andréa Moloto.
Elle a représenté, par la suite, la RDC à MISS MONDE de décembre 2016 à Washington D.C.
Pour la première fois depuis plusieurs décennies, la RDC était présente à ce grand rendez-vous mondial.
Depuis ce sacre d’Andrea Moloto, détentrice de la couronne de reine de la beauté congolaise jusqu’à ce jour, le programme s’est arrêté, faute de continuité du programme les trois années suivantes.
Culture Congo/Politico.cd