Ce jour-là, le 17 décembre 1663, s’éteignait la Reine Nzinga Mbandi du Ndongo et du Matamba. En ce 17 décembre 2025, nous revenons sur l’héritage de cette souveraine dont le règne marqua un siècle de résistance à la colonisation portugaise et de défense des traditions du continent.
Née vers 1583, Nzinga Mbandi accéda au pouvoir dans un contexte de crise profonde. Les royaumes du Ndongo et du Matamba, héritiers de l’ancien Kongo, faisaient face à l’expansionnisme portugais, à la traite transatlantique des êtres humains et à l’érosion des structures sociales et spirituelles autochtones. C’est dans ce climat de tourment et de défiance que s’affirma son leadership.
Son règne fut caractérisé par une opposition déterminée aux ambitions coloniales. Les récits historiques, dont certains sont conservés dans des sources telles que le Livre Sacré Keluka, rapportent son refus catégorique de se soumettre. Une anecdote symbolique relate qu’elle défia physiquement un émissaire européen venu lui proposer de l’argent en échange de sa soumission, acte perçu comme une affirmation immédiate de sa souveraineté et de la dignité de son peuple.
À la suite du décès de son père, et face aux demandes d’indépendance de son peuple, Nzinga fut portée sur le trône. Elle entreprit alors une campagne de consolidation politique et spirituelle. Elle voyagea à travers les territoires avoisinants, exhortant les populations à rejeter les doctrines étrangères et à se recentrer sur les enseignements et les voies tracées par les Ancêtres. Cette reconnexion avec la tradition, selon les sources, ramena une période de stabilité et de tranquillité.
Son décès, survenu à l’âge avancé de 80 ans, ne mit pas fin à son influence. La tradition orale rapporte que son esprit de paix et de résistance se perpétua à travers d’autres figures, telle que la madone Mafuta, consacrée pour continuer à guider le peuple dans la voie qu’elle avait tracée.
Aujourd’hui, la Reine Nzinga est reconnue au-delà des frontières de l’Angola moderne comme l’une des figures les plus marquantes de la résistance africaine au XVIIe siècle. Son habileté diplomatique, ses stratégies militaires et son inflexible volonté de préserver l’autonomie de ses royaumes face aux puissances européennes en font un symbole persistant de la souveraineté et de la résilience africaines.
Son histoire, transmise à la fois par l’historiographie et les traditions orales, continue d’inspirer et d’éveiller les consciences. Elle demeure une référence essentielle dans la compréhension des dynamiques complexes de résistance culturelle et politique durant les premiers siècles de la rencontre tragique entre l’Afrique et l’Europe.
Source citée dans le communiqué initial : Livre Sacré Keluka, Lusansu 7 : 10 – 17. Les informations historiques sont également corroborées par les travaux des historiens spécialistes de la période.
Franklin MIGABO
