La littérature se fraie de plus en plus un chemin considérable en terre lushoise, dans le Haut-Katanga. Les jeunes commencent à s’adonner à ce secteur, par passion, profession ou plaisir, afin de produire des ouvrages qui peuvent sceller leur passage sur terre, question de marquer leur époque.
La rédaction de Culture Congo vous laisse découvrir le talentueux Daniel KALOMBO Il, autrement appelé Poète divin, auteur de Divine poésie, paru aux éditions Calures le 04 Juin 2023. Ce recueil de 34 poèmes retrace son histoire mirifique et son amour incomparable pour sa passion pour la littérature qui lui est devenue une vie. Voici le condensé de l’interview qu’il nous a accordée sur place, à Lubumbashi.
Culture Congo : Comment arrivez-vous à vous présenter en peu de mots ?
Daniel KALOMBO II : je suis Daniel Kalombo II, écrivain, moniteur des enfants et philanthrope. S’il faut me présenter brièvement, voire très, je dirai Poète (tout court).
CC : Imprégnez-nous brièvement de votre parcours littéraire ?
DK : La question est vaste, je pense. Si je peux épingler un point, c’est que mon parcours est celui d’un jeune qui vit par et pour la littérature. J’ai, à vrai dire, un parcours assez élogieux.
CC : Vous avez été lauréat du Prix Zamenga de la nouvelle, section junior 2021, comment avez-vous vécu cette ascension si jeune ?
DK : Je l’ai vécue en deux sentiments : le premier était un sentiment de peur. Je ne voulais pas être mis au projecteur, j’avais peur d’être aimé et accepté parce que j’ai remporté le prix Zamenga. Le deuxième sentiment était celui de satisfaction de la reconnaissance d’un travail acharné. Ce prix m’a ouvert la porte à de nouveaux horizons, pour moi-même et pour la littérature.
CC : Ce prix a-t-il changé ou influencé votre écriture ?
DK : En effet. Je ne peux plus écrire n’importe quoi, n’importe comment ni n’importe quelle manière. C’est, grâce ou faute à ce prix, un interdit. J’ai depuis lors une personnalité à gérer. Et chaque jour, je m’investis pleinement dans l’apprentissage de la littérature et cela m’aiguise.
CC : Vous êtes président du collectif Kiosque littéraire, cofondateur du collectif Les Jeunes Talents et auteur de Divine poésie, comment faites-vous pour accomplir toutes ces tâches ?
DK : Ce n’est pas tout. Et on ne peut pas se mettre sur le projecteur à tout moment quoiqu’on puisse se le permettre. J’ai un temps pour tout ce que je fais. J’organise mon temps selon mes occupations mais j’avoue que la littérature gagne toujours en temps dans cette organisation.
CC : Et pourquoi avez-vous choisi Divine poésie comme titre de votre récent ouvrage ?
DK : Force du destin ou karma ? Je ne sais pas. Ce que je sais c’est que ça m’est tombé dessus comme ça. Le livre, disons une partie de textes, avait un autre titre ; on le jugeait trop essayiste. Lorsque je découvrais Dante Alighieri (d’ailleurs mon poète de prédilection) et sa _Divine Comédie_, je tombais vraiment amoureux. Cela ne montre pas directement pourquoi le choix de ce titre. Mais lorsque je voyais une similitude entre ma manière d’écrire et celle de Dante, je sentais comme un attachement à Dante.
On peut m’accuser d’écrire comme ça, sans respecter ci ou ça, comme l’a fait un piètre poète à Kinshasa, mais je suis convaincu que la poésie c’est l’âme d’un poème et le poème lui-même n’est qu’une forme qui peut se discuter d’un auteur (ou poète) à un autre.
Revenons au dieu de la poésie, je cite Dante, il traduisait le même humanisme que je traduis par (ou dans) ma poésie. Il disait la vertu (permettez mon usage d’un verbe qui n’est pas idoine). Et par-dessus tous nous avons beaucoup de choses en commun dans nos deux ouvrages : l’enfer, la divinité, …
C’est là que je choisissais ce titre, par le biais de Patient Ngoy qui était responsable à l’époque d’un club de lecture dont j’étais membre, Clio.
CC : Pour quel motif vous faites-vous appeler Poète divin ?
DK : Dans votre question, je constate que c’est moi qui me suis donné ce nom qui, du reste est beau. Non. C’est des amis qui l’ont puisé ou créé lorsque j’annonçais la sortie de mon livre. Spécialement Bernard Masele qui m’appelais le Divin d’abord puis le poète divin puis le divin poète bien avant l’annonce parce qu’il avait lu le livre des siècles avant tout le monde.
CC : Qu’entendez-vous par poésie divine ? Est-ce que ce sont les vers de Dieu ou des dieux ?
DK : La première sous-question ? Dois-je vraiment y répondre ? Je ne connais rien de mon livre, il m’a été dicté dans l’inconscience de mon âme, je ne sais pas dire ce que j’entends par lui. J’ose, peut-être, si j’ai bien compris votre question, que j’entends des vers au service de la nation, du continent, de l’humain, de l’humanité, donc des vers au service de tous.
La deuxième sous-question, j’en ris, encore et encore. Mieux serait de ne pas entrer dans la déité d’un être. C’est Dieu(x) qui me l’a dicté. On ne prête pas des intentions au Divin, comme l’avait dit James-Honoré Ngandu le jour de la sortie officielle de ce livre.
CC : Quelle est la motivation forte qui nourrit votre poésie ?
DK : Dire les folies de la vie, ses vicissitudes, crier l’amour, aimer, parler à l’homme intérieur, vivre, faire vivre, aimer, faire aimer, écrire et faire écrire. J’écris pour faire taire mon homme corruptible, je le disais un jour.
Si ces virgules vous agacent, reprenez la lecture et vous n’en trouverez plus aucune.
CC : Par quoi avez-vous été inspiré pour transcrire une telle poésie, divine soit-elle ?
DK : Par tous. Je m’inspire de tout. Le monde en soit est un grand sujet d’inspirations. Je crois que l’inspiration finit après la mort de l’auteur.
CC : Quel sentiment avez-vous eu après la publication de votre Divine Poésie ?
DK : Un sentiment de joie. J’écris au service de … Si ceux pour qui j’écris me lisent, je suis comblé. La publication de Divine poésie était le premier pas vers le succès de ma littérature. Quand une personne me lit, il donne soudain raison à mes nuits blanches !
CC : Comment comptez-vous vulgariser cette divine poésie dont vous faites ascension ?
DK : Je ne sais pas trop de ce que vous entendez par vulgariser mais bon ! Je n’ai pas un plan précis pour qu’on me lise partout, d’ailleurs ça ne demande pas un plan ou je ne sais quoi. Je sais, absolument, qu’il n’y a pas plus grand sentiment pour un auteur que de se voir lire par tout son public cible. Il est question de public cible. Si, par exemple, vous écrivez pour votre copine un texte ; une fois qu’elle vous aura lu, vous aurez vulgarisé votre texte.
Pour Divine poésie, je ne sais pas clairement dire son public cible d’autant plus que ça peut être des personnes ou des communautés que vous connaissez ou non, ça pourrait créer une fuite d’information quelque part. Je m’abstiens. Comprenez donc mon abstinence.
CC : Quelles sont vos perceptives ? Et que diriez-vous à ces jeunes qui ont peur de se lancer dans la littérature ?
DK : Mes perspectives ? Je compte faire de ma vie une littérature, plus que c’est qu’elle est aujourd’hui. C’est la question à laquelle je réponds avec plus de mollesse. Vous m’avez, je le pense, assoupi avec une série de 16 questions, sans oublier des sous-questions. Jeunes pour moi ne concorde avec l’âge mais avec l’expérience dans un domaine ou dans un autre, la dureté. À ceux qui ont peur, je leur demanderai de faire de la peur leur plus grande peur.
« Cette poésie traduit les émotions les plus profondes de manière artistique par les thématiques d’actualité. Cette poésie venue du ciel est la voix donnée au Divin poète pour crier fort et haut pour changer les mentalités, soigner le paradoxe de la vie sociale, économique, politique et culturelle, la pauvreté, le ridicule de la société et le conflit des générations », déduit-on de sa démarche poétique bien cousue.
Propos recueillis par Grady BIZAKI
1 Commentaire
Merci à Culture Congo pour cette belle entrevue !
Kalombo II