La photographie à Lubumbashi est profondément enracinée dans l’histoire et la culture de cette ville congolaise. À l’époque coloniale belge, cet art avait une vocation essentiellement documentaire, les colons et missionnaires capturant des images de la vie quotidienne et des paysages locaux.
Après l’indépendance en 1960, l’ouverture de nombreux studios de photographie a permis aux habitants de réaliser des portraits de famille et de conserver des souvenirs d’événements marquants. Au fil des ans, la ville a vu émerger une multitude de photographes talentueux, qui ont su immortaliser la vie urbaine, les traditions culturelles et des moments historiques significatifs.
Parmi ces artistes, Sikasso Wa Kazadi se distingue par son approche novatrice, intégrant photographie et mode pour enrichir la culture congolaise. Avec l’avènement de la photographie numérique, de nouvelles possibilités créatives se sont ouvertes pour les artistes locaux. Ceux-ci utilisent des appareils numériques pour documenter les mutations sociales, politiques et environnementales qui touchent leur région.
Un événement majeur dans le paysage photographique de Lubumbashi est constitué par les “Rencontres de la photographie contemporaine”, initiées par Sikasso. Ces rencontres annuelles sont cruciales pour promouvoir la photographie contemporaine dans la ville, offrant une plateforme d’échange entre artistes locaux et internationaux.
D’autres photographes contemporains comme Sammy BALOJI explorent les complexités du passé congolais et la résilience de son peuple, tandis qu’El MAGAMBO Bin Ali GUILDA s’intéresse à la dualité entre l’humain et la matière dans ses œuvres.
Aujourd’hui, Lubumbashi est un véritable foyer créatif pour les photographes, où histoire, culture et innovation cohabitent à travers leurs objectifs. Des artistes tels que Georges Senga, Grâce Kalima, Kevin Kabambi, Marcel Yabili et Raphaël Kalume enrichissent également cette scène photographique lors des Rencontres.
Récemment, à l’occasion de la journée mondiale de la photographie, nous avons eu l’opportunité d’interviewer El MAGAMBO Bin Ali GUILDA, surnommé « POEPLE » par ses amis. Cet artiste aux multiples facettes aborde des thèmes sociaux, culturels et spirituels qui mettent en lumière les réalités africaines contemporaines.
Sa série « Boxeur aux gants rouges » présente une autre facette du continent en explorant croyances et interprétations. Ses photographies révèlent les défis rencontrés par les devins urbains dont les pratiques sont souvent perçues comme taboues.
GUILDA est un ardent défenseur du patrimoine culturel à Lubumbashi. Il a réalisé plusieurs expositions sur le travail des enfants dans les mines et a participé à des projets visant à préserver le patrimoine ethnographique. Selon lui, le public réagit positivement à la photographie et il croit fermement que les expositions ne doivent pas se limiter aux galeries traditionnelles.
Pour lui, transmettre un message visuel est essentiel pour sensibiliser les jeunes générations. L’évolution récente de la photographie à Lubumbashi fait de cette ville un carrefour artistique dynamique.
Didier BESONGO