Comptant de la journée mondiale de la danse célébrée le 29 avril 2021 sur l’échelle mondiale et plus particulièrement en RD-Congo, Mme Lisette Nsimba, Chorégraphe et danseuse professionnelle a accordé une interview à la rédaction de culture congo pour brosser pertinemment son profil et cerner la problématique liée à l’essor épanoui de la danse au niveau local que national.
Culturecongo : Quel est le profil de Mme Lisette Nsimba?
Lisette : Je suis Chef de travaux et professeure de danse à l’Institut National des Arts (INA). Danseuse professionnelle de carrière et formatrice de nombreux jeunes artistes, j’ai également une casquette de la seule femme chorégraphe congolaise dans ce domaine.
Culture congo : Quelle a été la motivation qui vous a poussé à faire les études dans la danse?
Lisette : je n’avais pas eu l’ambition ardente de devenir danseuse professionnelle à l’époque que de me lancer dans autre chose en dépit de toutes les péripéties liées à la pratique de cette discipline au pays. Ma famille même a été pessimiste en ma défaveur puisque ce métier, selon elle, était réservée à aux personnes vulnérables et non instruites. Encore une profession taboue, déshonorante et peu rentable financièrement parlant.
A forcer de persévérer dans la discipline, je m’étais inscrite dans un club de danse pour l’apprentissage du tango et autres styles de danse. Au fil du temps, grâce au coaching de mon cavalier, j’ai eu le goût soudain d’aller parfaire mes études à l’INA. Aujourd’hui, je détiens un diplôme en interprétation dramatique et un autre diplôme international en danse.
Culture congo : étant une femme exerçant ce métier, quelle contrainte avez-vous rencontrée tout au long de votre parcours professionnel ?
Lisette : les hommes nous désavouent et préfèrent s’accaparer de notre physique corporelle en lieu et place du coefficient intellectuel et créatif que l’on emmagasine. De manière succincte, je me suis battue bec et ongle pour forger ma personnalité et de me frayer un chemin radieux et triomphal dans la pratique de la danse. Aussi, J’ai toujours milité pour refléter autrement l’image d’une danseuse congolaise.
Culture congo : en terme de réalisations, que peut-on retenir de votre carrière ?
Lisette : de prime a bord, je suis enseignante de danse et j’encadre des enfants, des plus jeunes et des vieux dans l’apprentissage de cette discipline. Grosso modo, j’entreprends maintes choses dans ce secteur. J’ai travaillé avec beaucoup de musiciens à l’instar de Papa Wemba et King Kester (Paix à leurs âmes). Donc je crée aussi mes propres chorégraphies.
Plus loin, je suis même MC (Maîtresse de cérémonie) dans quelques manifestations événementielles de la place. Je suis poétesse aux moments perdus pour digérer mes angoisse, détresse et autres vices de la vie. En même temps, j’ai mis sur pied depuis 2019 une compagnie de danse pour la large visibilité de mes Chorégraphies.
Culture congo : lesquelles sont vos spécialités dans la danse?
Lisette : je m’inspire tout d’abord de la danse congolaise moderne et traditionnelle. Plus branchée aussi à l’africaine. Notre culture traditionnelle est très riche et beaucoup de personnes peuvent y puiser tout en améliorant le sens.
Bien que je mélange un peu de tout ,hip hop, salsa, tango, machin… Je me fais une image particulière avec mes pas personnifiés qui est une identité propre à moi-même que je propulse à travers le temps. Donc, la danse n’a pas d’âge et il faut vivre selon son époque.
Culture congo : la danse congolaise a-t-elle atteint son apogée ?
Lisette : la danse congolaise a connu un énorme progrès à Impact visible. Par contre, le seul problème est que nous avons perdu notre vraie identité du fait que l’on reconnaissait notre danse à travers les mouvements exécutés au niveau de hanches et bien d’autres dans le passé. Actuellement, c’est toute l’Afrique qui en copie dans les clips vidéos que l’on regarde à la télé. D’où, nous sommes tous appelés à pérenniser notre danse tout en proposant ses diverses portions originelles au niveau international.
Culture congo : quelle solution préconisez-vous pour redorer les blasons ternis de la danse congolaise?
Lisette : la ministre de la culture est appelée à rehausser le niveau de l’art congolais tout en l’amenant au firmament afin de permettre à ses acteurs de pouvoir vivre de leur métier.
A l’interne, comme l’art congolais est quasi inexistant, on ne doit pas se battre pour faire quelque chose mais on doit se réunir en bloc pour travailler main dans la main pour élever haut notre culture.
Culture congo : Quel message adresserez-vous aux jeunes danseurs congolais ?
Lisette : les jeunes doivent éviter de faire faire des choses pour se prévaloir mais laisser un héritage dans les annales de l’art congolais. La danse étant un métier pénible, ces jeunes danseurs doivent se mettre à apprendre et maîtrisent les rouages du métier d’où ils sont censés travailler plus et parler moins pour que la relève soit effective.
Propos recueillis par Masand Mafuta