Le slam a trouvé un écho particulier et unique en République Démocratique du Congo, notamment dans sa partie Est, où il s’affirme comme un puissant moyen de communication et de revendication sociale dans un pays immensément riche, mais confronté à des défis socio-économiques et à des conflits armés depuis des décennies. Récemment, l’artiste écrivain, poète et slameur Doryphore Mearl Armel a lancé “Cas Tout Bas Rimes”, un projet fascinant qui fusionne le slam et la poésie urbaine, offrant ainsi une voix aux poètes de la commune de Katuba à Lubumbashi pour explorer des thèmes sociaux et des sujets d’intérêt universel qui définissent leur identité.
À travers un appel à textes lancé du 13 au 23 septembre 2024, suivi d’ateliers du 30 septembre au 4 octobre 2024, Doryphore Mearl Armel a réussi à rassembler de jeunes participants talentueux, hommes et femmes, déterminés à relever les défis sociaux auxquels le peuple congolais fait face. Ils ont choisi d’aborder des sujets d’intérêt universel, notamment l’environnement et l’éducation, en utilisant le slam comme vecteur de changement.
“Nous avons parlé tout au long du projet de questions d’intérêt universel. Nous avons commencé, par exemple, par l’accès à l’éducation. Je veux évoquer ici l’importance de la famille. Ce n’est pas à nous d’enseigner aux gens ce qu’est l’importance de la famille, mais il y a des enfants qui vivent en rupture familiale et en souffrent. Les divorces les touchent souvent de plein fouet. Nous en parlons pour leur redonner espoir. De plus, nous militons pour l’encadrement des jeunes à travers ce projet”, a souligné Doryphore Mearl Armel, avant d’ajouter : “L’objectif de ce projet est de porter haut les voix qui s’expriment tout bas.”
Il est également important de noter que chaque individu a sa part de responsabilité dans la société qui est la nôtre. L’État a sa part, et nous avons aussi la nôtre. Par le slam et les arts, nous pouvons construire une société et un avenir meilleur pour nos enfants, car nos actes influencent toujours nos choix dans la vie. “Cas Tout Bas Rimes” représente un choix fait par ces jeunes artistes slameurs pour mettre en lumière nos maux quotidiens que l’on tait par crainte.
Né d’un désir personnel de médiatiser le slam via les réseaux sociaux, “Cas Tout Bas Rimes” est désormais une voie ouverte pour ces artistes slameurs vers des carrières professionnelles prometteuses qui garantiront la relève d’un slam révolutionnaire et créatif à Lubumbashi.
“J’ai conçu le projet et l’ai fait vivre par un appel à candidatures, d’abord lancé aux poètes de la commune de Katuba, puis étendu à d’autres communes en fonction de nos possibilités. Quand j’ai commencé ‘Cas Tout Bas Rimes’, certains ont cru que c’était pour rabaisser les gens de Katuba. Ce n’est pas mon but. Je souhaite que ce projet nous permette de parler de sujets dont on n’ose pas parler haut et fort. L’objectif est de porter haut les voix qui s’expriment tout bas”, a conclu Doryphore Mearl, initiateur du projet.
“Cas Tout Bas Rimes” est plus qu’un simple projet artistique. En fusionnant slam et poésie urbaine, il contribue à l’essor de la culture congolaise et à sa résilience, redonnant confiance à ces jeunes en leur offrant une plateforme d’expression libre. Le 5 décembre 2024 à 16 h 00, nous aurons le plaisir de découvrir sur scène ces jeunes artistes talentueux lors d’une restitution au centre d’art Biasasa (54, Mwana-Shaba, Q/ Bana Katanga, C/ Katuba).
Grady BIZAKI
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