Les Portugais l’ont affublé de plusieurs noms : rio poderoso (fleuve puissant, impétueux), rio de padrâo (fleuve sur les rives duquel fut élevée une colonne de pierres), ou encore Zaïre (altération de ‘nzadi’, qui veut dire en kikongo rivière, fleuve).
Avant 1885, « Congo » était une expression géographique qui désignait, d’une part le fleuve dont l’embouchure sise à la 6° latitude sud fut « découverte » par Diego Caô en 1484, d’autre part le territoire du royaume où coulait ce fleuve. Les Portugais l’ont affublé de plusieurs noms : rio poderoso (fleuve puissant, impétueux), rio de padrâo (fleuve sur les rives duquel fut élevée une colonne de pierres), ou encore Zaïre (altération de ‘nzadi’, qui veut dire en kikongo rivière, fleuve).
Le poète lusitanienCamoëns a évoqué au 16ème Siècle « cette transparente rivière : le Zaïre aux capricieux détours ». L’écrivain français Voltaire a titré en 1732 l’une de ses pièces de théâtre « Zaïre ».
En 1885, le roi belge Léopold II s’est vu reconnaître au congrès de Berlin la propriété d’un Etat qu’il s’était taillé en Afrique centrale grâce aux offices de l’Association Internationale du Congo (A.I.C.).
Cet Etat fut initialement appelé « Etat(s) Libre(s) du Congo ». C’était, affirmait-il, une confédération de tribus d’hommes libres, qui n’étaient pas des esclaves, qui s’étaient placés sous l’autorité de l’A.I.C. L’Etat Libre du Congo, le Free State of Congo, se déclinait comme Libreville au Gabon, Freetown au Sierra Leone, ou encore Liberia.
L’Etat Libre du Congo devient l’Etat Indépendant du Congo (E.I.C.)
Léopold II a utilisé pour la première fois la dénomination de l’Etat Indépendant du Congo lorsqu’il a reçu le 16 mai 1885 une délégation du Conseil municipal de Londres venu le féliciter à Bruxelles pour son acquisition.
Cette dénomination devint officielle avec l’arrêté royal du 29 mai 1885 par lequel le roi proclamait la constitution de l’Etat indépendant du Congo et annonçait aux puissances son avènement à la souveraineté. Le drapeau de l’EIC était le même que celui adopté en juin 1877 par l’Association Internationale pour l’exploration et la civilisation de l’Afrique (A.I.A.) : un fond bleu nuit avec une étoile d’or au centre symbolisait l’espoir brillant dans les ténèbres africaines.
L’Etat Indépendant du Congo se transforme en Congo belge
Changement de décor en 1908. Après trois tentatives ratées en 1895, 1901 et 1906, l’Etat indépendant du Congo est devenu le Congo belge. Le traité de reprise du Congo par la Belgique fut voté à la Chambre des Représentants le 20 août 1908 par 83 voix pour, 54 contre et 9 abstentions, et au Sénat le 9 septembre par 53 voix pour, 24 contre et 11 abstentions. La Charte coloniale ou loi sur le gouvernement du Congo belge fut promulguée le 18 octobre 1908. Le 30 octobre un arrêté créa le ministère des colonies confié à Jules Renkin qui quitta le ministère de la Justice. Le 15 novembre 1908, la Belgique assuma la souveraineté sur le territoire de EIC.
On fit hisser le drapeau belge. La Charte coloniale stipulait en son article 35 qu’« indépendamment du drapeau et du sceau de la Belgique, la colonie du Congo peut faire usage du drapeau et du sceau dont s’est servi l’Etat (indépendant) du Congo ».
Le Congo belge devient la République du Congo-Léopoldville
A la veille de l’indépendance, après l’élection du bureau définitif de la Chambre des Représentants le 21 juin 1960, et avant la constitution du gouvernement Lumumba, les députés retinrent le principe d’une commission chargée d’étudier la question du drapeau national, de l’hymne national et du nom à donner au pays après l’indépendance.
Certains députés estimaient que le projet du drapeau bleu à six étoiles rappelait le régime colonial. Sylvain Kama et Maurice Mpolo partageaient ce point de vue. Quant à Grégoire Kamanga de la Coalition Kasaïenne (Coaka), il proposa que le nom « Congo » fût remplacé par « République du Zaïre » pour éviter la confusion avec le Moyen-Congo de l’ancienne Afrique Equatoriale Française. Son intervention recueillit des protestations. Anicet Kashamura rassura ses collègues députés : l’ancienne A.E.F. n’avait pas encore obtenu l’indépendance.
Au cours de la même séance, Kashamura émit le vœu que des monuments nationaux fussent érigés, particulièrement ceux dédiés à la mémoire des victimes de l’indépendance. Au 30 juin 1960, le Congo belge devint la République du Congo-Léopoldville (République du Congo-Kinshasa). En face, s’éleva en août 1960 la République du Congo-Brazzaville.
L’hymne du Trente juin, « Debout Congolais », composé par l’historien Joseph Lutumba lu-Vilu-na Wundu avec la musique du père jésuite Simon-Pierre Boka di Mpasi Londi fut exécuté ce jour-là. Le drapeau retenu était le drapeau bleu ciel avec une grande étoile jaune au centre, et six petites étoiles jaunes rangées longitudinalement représentant les six provinces du Congo indépendant.
L’avènement de la République démocratique du Congo
L’article 4 de la Loi fondamentale du 19 mai 1960 stipulait que la Constitution du pays devait être élaborée endéans trois–quatre ans pendant la première législature.
La Constitution promulguée le 1er août 1964, dite Constitution de Luluabourg, instaura la République démocratique du Congo. C’était pour se démarquer de la République populaire du Congo, le nouveau nom que s’était donné la République du Congo-Brazzaville après les trois glorieuses en août 1963.
L’emblème de la République démocratique du Congo était le drapeau bleu nuit, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune.
Le Zaïre de Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga
Le 27 octobre 1971, il fut décidé de débaptiser le fleuve Congo et le pays, appelés désormais « Zaïre ». Ce fut chose faite au cours d’une réunion mixte groupant le Bureau Politique du Mouvement Populaire de la Révolution, le parti unique, et le gouvernement. « Zaïre », c’est ce nom qu’avait proposé en juin 1960 Grégoire Kamanga, et que les députés avaient refusé.
Comme la balkanisation – le morcellement politique d’un pays – est née des Balkans, le président Mobutu voulait conjurer le mauvais souvenir de la ‘congolisation’ avec les mutineries, les sécessions et les rébellions.
Il entendait « bâtir un pays toujours plus beau autour d’un fleuve-majesté » comme le proclamait la Zaïroise, le nouvel hymne national. Le drapeau national fut aussi changé. C’était un drapeau vert-clair orné au centre d’un cercle jaune dans lequel figurait une main tenant un flambeau à la flamme rouge.
Pendant la transition, le Maréchal Mobutu a défendu avec acharnement ses signes. Il s’est opposé aux changements décidés par la Conférence Nationale Souveraine en août 1992, changements portant sur le nom du pays, sur l’emblème national et l’hymne national.
Sa résistance aboutit à un dédoublement momentané des institutions, à la confusion et au blocage du fonctionnement de l’Etat.
Le retour à la République démocratique du Congo
Avec la défenestration du Maréchal Mobutu et le changement du pouvoir d’Etat, le pays a recouvré le 17 mai 1997 sa dénomination de République démocratique du Congo, de même que l’hymne national, le « Debout Congolais ».
Quant à l’emblème national, de 1997 à 2006, c’est le drapeau de l’indépendance qui était en vigueur, le drapeau utilisé de 1960 à 1964 : le drapeau bleu frappé d’une grande étoile jaune au centre et de six petites étoiles jaunes de dimension identique et rangées longitudinalement du côté de la hampe.
Avec la Constitution du 18 février 2006, l’emblème national est redevenu le drapeau bleu ciel, orné d’une étoile jaune dans le coin supérieur gauche et traversé en biais d’une bande rouge finement encadrée de jaune.
Jean-Marie MutambaMakombo/La Prospérité
5 Commentaires
Courage de bien nous fournir l’histoire du pays,nous qui n’avons pas vecu le temps de nos peres.
J’aime mon histoire
Vraiment l’histoire de mn pays est très bonne. Courage mes chers patriotes avec vos recherches fournies.
Une synthèse très appréciable. J’ai envie de la mémoriser. Je ne crois pas le seul à éprouver ce sentiment. J’ai déjà partagé le texte avec mes enfants pour qu’ils assimilent l’histoire de leur pays. J’en remercie l’auteur.
Lire : Je ne crois pas être le seul…