Il avait les mots et le talent qu’il savait répandre autour de lui. Jeune, il se distinguait déjà sur la scène du slam, forgeant sa propre direction artistique avec des punchlines exceptionnelles. Aujourd’hui, Dieu a décidé autrement et a rappelé son soldat, une triste nouvelle pour le monde du slam congolais, en particulier pour celui de Kinshasa.
« L’histoire retiendra que le meilleur slameur était un enfant de Dieu », telle était l’ultime perspective de Dan Daniel Masika, également connu sous le nom de Meli Mélo. Ce slameur pur et passionné nous a quittés mardi 8 juillet 2025, à la pédiatrie de Maman Koko, à Mont-Ngafula.

« Un jeune ne meurt pas, il perd la vie », dit-on. Il n’avait que sa voix et sa plume pour faire résonner ses ressentis face à une société en perte de vitesse. Aujourd’hui, des forces obscures lui ont ôté la vie par empoisonnement, une cruauté humaine difficile à digérer.
Racontons les faits. L’un des meilleurs punchlineurs de la Francophonie avait un concert le 30 juin 2025 à Kisangani, par invitation du « Kisangani collectif ». Dès son retour à Kinshasa, le samedi dernier aux alentours de 23h45, il a commencé à manifester des symptômes de maladie, avec des vomissements à répétition. C’est tard dans la soirée du dimanche 6 juillet qu’il a été acheminé à l’hôpital, où il est tombé dans le coma, conduisant à son décès. Les premiers diagnostics évoquent un empoisonnement, selon les médecins de l’hôpital précité.

Son décès a secoué le secteur de la culture, et le monde du slam en particulier. Les hommages fusent de partout, de ceux qui l’affectionnaient et ceux-là avec qui il partageait le même art. On peut sentir la douleur dans les textes de quelques slameurs de Kinshasa qui ont perdu un véritable soldat et défenseur d’une poésie militante.
« Dan, c’est l’incarnation de l’excellence, la personnification du slam. C’était un slameur à part entière, capable de te faire changer de texte sur scène. Bien qu’il ait décidé de faire carrière dans le gospel, il restait proche du mouvement. Il a rempli sa mission en bon combattant. Sa disparition laisse un vide dans le mouvement, ce genre de talent ne revient qu’après plusieurs décennies », regrette Yves Ponzo, artiste slameur en paraphrasant que « Mais nous ferons en sorte que son nom demeure à jamais. »
« … Dan, je t’écris comme on crie sous l’eau, avec des larmes que même le vent refuse de sécher. Tu étais plus qu’un verbeur. Tu étais une lumière pour le slam. Mais le temps, cruel et sourd, t’a emporté comme un vulgaire vent en pleine saison sèche. M. Punchline, écoute bien ! Tant qu’il restera un souffle, un mot, un souvenir, un rêve d’enfant de rimer sa foi comme tu l’as fait, tu vivras à jamais dans chaque scène ouverte, dans chaque métaphore lancée au public, dans chaque acclimatation qui chante ton retour. La mort t’a brisé, mais ma mémoire te reconstruit plus fort, plus beau, plus libre », extrait du poème de Negue Fly, un autre slameur de Kinshasa, en hommage à Dan Daniel.
Pour le président de la Fédération des slameurs du Congo, Youssef Branh, Dan Daniel était un slameur pur, passionné, qui faisait du lingala une langue d’or, une arme douce, une prière en pleine rue. Il savait manier les mots avec brio sur scène. « Tu as fait aimer le slam à ceux qui ne savaient pas qu’ils en avaient besoin », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux.
« Mes condoléances à sa famille. Nous venons de perdre un talent pur qui faisait la fierté du slam congolais. Dieu donne, Dieu reprend. Repose en punchline, poète ! » a-t-il déclaré, le cœur meurtri.
Né le 27 juillet 2005, Dan Daniel Masika était une figure bien connue du slam à Kinshasa. Les mots étaient son unique instrument de travail. Il a été une pièce maîtresse du slam dans le gospel, où ses performances l’ont propulsé en tant qu’invité lors du concert des Rafikis, mais aussi au Rafiki Reprise Challenge.
Ses textes, vidéos, messages et performances sont disponibles sur sa chaîne YouTube. L’artiste ne meurt pas, il continue à vivre dans nos cœurs à travers ses œuvres. « Repose en punchline, poète ! »
Masand Mafuta