KINACT un événement artistique incontournable dans l’agenda de l’art congolais.
Les gens marginaux, les rebelles, les anticonformiste, les dissidents… tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer mais vous ne pouvez les ignorer. Car ils changent, ils imaginent, ils explorent, ils créent, ils inspirent, ils font avancer l’humanité. La où certains ne voient que folie, nous voyons du génie, car ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils changent le monde sont ceux qui y parviennent.
STEVE JOBS
Comme le courant d’eau du fleuve depuis ses affluents dans sa marche vers l’océan, par la nouveauté des expressions artistiques qu’il plébiscite ainsi que le soubresaut du public à ses représentations, KINACT s’incruste comme un événement artistique de grande envergure du jour au lendemain dans la sphère artistique congolaise. .
Quatre années d’existence, quatre années d’ancrage. La sensation qu’il crée tant dans le milieu d’artistes que dans la rue va crescendo, installant ainsi une emprise dans la mémoire collective.
Né comme une plongée dans une piscine sans eau, il est devenu une réalité surprenante dès le premier geste de sa mise en action.
Un mouvement artistique bien plus qu’un simple événement.
Conçu comme un festival, KINACT a vite pris l’ampleur d’un mouvement artistique par la synergie qu’il a fait naître, laquelle synergie a réussi à réunir les artistes des différentes nationalités, différents sexes et différentes disciplines artistiques pour se muer en une structure de localisation d’artistes dans une capitale qui respire le chao.
Un chao que les artistes transforme en un moteur de création artistique des œuvres qui découlent de l’urgence d’un vécu réduit à l’instinct de survie. Un réel pesant, lourd à porter dans une ville-monde regorgeant en son sein des dizaines des millions d’âmes.
Les artistes issus de l’académie et les autodidactes ont trouvé dans KINACT un lieu d’expression libre de leur imagination artistique pour dire la réalité défilant dans leurs yeux comme une cohorte des papillons et chantant dans leurs oreilles comme un cortège d’abeilles rappelant à chacun sa responsabilité en face de cette non-vie à quoi l’on doit donner l’apparence de vie afin de poursuivre la marche.
L’occasion unique d’apprivoiser l’espoir d’un lendemain que l’on voudrait meilleur. Les différentes œuvres de performance présentées à KINACT sont en soi des manifestes d’une génération qui se bat avec la vie comme une proie dans la gueule d’un crocodile. Une génération qui crée au-delà du possible pour montrer à la postérité qu’elle n’était pas lâche. Cette énergie créatrice qu’elle dégage contre toute logique est sa contribution dans l’érection d’un avenir plus lumineux et éclairé à l’opposé de ce présent décoré partout de noir contrastant avec un semblant d’étincelles d’une lumière à peine visible. Témoignage d’une existence de survivance entre les crocs d’un destin brutal.
KINACT espace privilégié de rencontre, de dialogue et de partage entre artistes
KINACT est devenu depuis un temps un lieu privilégié de rencontre, de dialogue et de partage dans ce sens qu’il réunit les artistes venus de différents collectifs et associations qui se rencontrent pour la première fois et qui se connaissent une fois pour toute, en travaillant ensemble et en se complétant dans les idées et les concepts.
KINACT est aussi le lieu par excellence de dialogue entre les artistes et le public (le peuple) par des œuvres créées à partir des objets du quotidien qui surprennent et suscitent l’enthousiasme, l’émotion et la réflexion auprès du public qui s’invente sa propre compréhension du message qu’elles véhiculent.
KINACT permet de saisir la curiosité artistique et l’amour du Kinois pour le beau que n’étouffe la précarité de ses conditions existentielles. Sortir l’art de son cadre habituel telle est son objectif.
Brève historique
Né à l’initiative de l’artiste congolais Eddy EKETE résidant à Strasbourg en France, qui proposa au feu KIPIPI KATEMBO l’idée d’un événement qui serait le prolongement de la Biennale YANGO mise en place par ce dernier. Hélas, KIRIPI mourut pendant le déroulement de la première édition.
Après sa conception par Eddy EKETE, l’idée de KINACT fut épousée par la muséologue et anthropologue française Aude BERTRAND qui a contribué de façon active et déterminante à sa naissance ainsi que l’artiste plasticien Français Arthur POUTIGNANT et le dramaturge congolais Lambert MOUSSEKA.
Le souci premier de ce mouvement est de présenter l’art au public de la Cité contrairement aux centres culturels des pays de l’union Européenne, Institut Français Halle de la Gombe ou le centre Wallonie Bruxelles, qui sont basé à la Gombe, la ville.
Plusieurs expressions artistiques sont au rendez-vous mais la performance est mise en vedette.
La première édition lancée en 2015, a accueillie une forte participation d’artistes étrangers (Europe) avec pour thème « OYO NINI »[1] exprimant l’étonnement du public en face de cette nouvelle façon de présenter l’art.
Le temps fort de cette édition fut la traversée des artistes depuis l’avenue KATO chez l’artiste BEBSON DE LA RUE passant par le grand marché et créant un engouement indescriptible suivi d’un grand étonnement et un enthousiasme surprenant de la part du public, jusqu’à l’espace TIMBA BA TIMBELA YO sur l’avenue RWAKADING à BOKASA.
La deuxième édition avait pour thème « BISO NIONSO »[2]
Et la troisième, « LELO LOBI »[3]
Cette quatrième édition a, contrairement au trois précédentes qui se sont déroulées dans différents sites disséminés dans plusieurs Communes, la particularité de se dérouler dans le quartier MATONGE sur la commune de KALAMU. C’est ainsi qu’elle est dénommée « SPECIALE MATONGE » avec pour thème « LONA LOBI NA YO »[4]
Réalisations
KINACT a favorisé la rencontre entre plusieurs artistes congolais et européens. Certaines de ces rencontres ont abouti à des relations solides et des mariages. Beaucoup d’artistes se sont faits connaitre par le biais de KINACT, d’autres ont aujourd’hui élus domicile en Europe.
Il y a aussi des artistes qui furent des enfants de la rue (shegués) dont KINACT a répertorié le talent et qui vivent à ce jour l’apogée de leur carrière artistique.
Des films à succès sont nés de KINACT tels que :
- SYSTEME K du réalisateur français Renaud BARRET
- FAIRE PART des réalisateurs congolais Nizhart Saleh et Paul CHEMSI et les belges Anne et Rob.
- KIN LA POUBELLE un film de Djonny, réalisé à partir de la performance homme cannette d’Eddy EKETE
- BIDON VILLE de Nizhart Saleh et tant d’autres
De l’inspiration de KINACT vient de naitre en Europe des activités similaires
- DAMNEK ACT de l’artiste plasticienne flamande charlieens et l’artiste dramaturge nederlandais Louis Van Der Waal en Hollande
- BRUXELLES ACT de l’artiste peintre Bram BORLOO en Belgique
- ANVERS ACT dans la ville d’Anvers en Belgique
KINACT a le mérite d’être le premier mouvement mondial à amener la performance dans la rue, à la rencontre d’un public plus large car elle se déroulait dans des salles et espaces culturels. (Principalement en Europe)
Les artistes qui finissent à l’académie de Beaux-arts sont aussitôt confrontés à l’absence des cadres appropriés où ils peuvent exprimer librement leur art. Ajouter à cela, le manque de politique culturelle efficace pouvant prendre en charge leurs créations, le manque des structures adéquates pour la promotion des artistes et de leurs œuvres, l’absence des galeries et de collectionneurs équipés pour la commercialisation d’œuvres d’art.
Voilà quelques difficultés que l’ont déplorent sur la scène artistique congolaise particulièrement kinoise.
Aussi, les artistes ne trouvent-ils pas dans KINACT un espace d’assouvissement de leur désir urgent ? Se faire connaitre du public local et international ainsi que de mettre en œuvre leurs idées.
Hervey N’GOMA
Ecrivain, poète et théoricien d’art contemporain
[1] Ça c’est quoi
[2] Nous tous
[3] Aujourd’hui et demain
[4] Plante ton avenir