Un coup de tonnerre dans le monde de la littérature Congolaise. Un géant vient de passer l’arme à gauche. Le poète et professeur Philippe Masegabio Nzanzu n’est plus. Quelle tristesse ! La mort n’a-t-elle pas peur de la grandeur d’un esprit ? Malheureusement, elle touche toutes les couches sociales. De l’ignorant à l’érudit. Du nul au scientifique. Ce monument du monde littéraire Congolais s’est rendu en sa dernière demeure ce lundi 16 mai 2022. Une perte immense pour les amoureux des belles lettres Congolaises.
Philippe Masegabio, qui fut-il ?
Né en 1944 dans la province de l’Équateur, ce poète fit ses humanités greco-latines au Collège Saint-Thomas de Lisala. Amoureux de la philologie romane, Philippe Masegabio fut un docteur en lettres et philosophie formé à l’Université de Lovanium (l’actuelle Université de Kinshasa). Premier président de l’Union des Ecrivains du Congo, ce grand écrivain a dirigé la redaction de la revue “Domi” et fit partie de la nouvelle vague des écrivains Congolais nés dans les années septantes. “Le Zaïre Écrit” est cette anthologie des œuvres poétiques écrites par ses pairs qu’il regroupa en 1952.
L’écrivain Ngandu Kashama note qu’«Il a été le grand promoteur de la littérature de son pays par sa revue « Domi » qu’il avait su animer avec une grande compétence, et avec une anthologie de la littérature du Zaire “Le Zaire Écrit” » (1977).
Plusieurs fois ministre sous la deuxième République, il fut le dernier porte-parole du gouvernement de Mobutu juste avant sa chute.
Le patriarche et ses œuvres.
Homme politique et fervent critique littéraire, Philippe Masegabio n’a pas, une seule fois de sa vie, laissé de côté son moyen d’expression au monde qui l’entoure : la poésie. Cette eau-mémoire de l’humanité. Cette empreinte qu’il a laissée aux futures générations. Lauréat des prestigieux prix littéraires, il fut en 1967 deuxième prix de poésie Sébastien Ngonso et premier prix du concours de poésie organisé en 1968 par le Goethe Institut et la Faculté des Lettres de l’Université de Lovanium avec “Le temps des noces”.
Ses écrits :
-Somme première (Poèmes), ONRD, Lettres Congolaises, 1968, Kinshasa (Prix Sebastien Ngonso)
-La cendre demeure, Lokole, 1973
-Fais-moi passer le lac des caïmans, Dombi-Diffusion, 200 ?
-Le jour de l’Eternel : Chants et méditations, Harmattan, 2009
-Tchikaya U Tam’si : le feu et le chant, une poétique de la dérision, Harmattan, 2017.
Comme un vent qui souffle et nous laisse sa fraîcheur, Philippe Masegabio s’est bien érigé en repère identitaire pour les poètes congolais de cette dernière décennie. “À présent, quitte mon rivage ! Je ne te délaisse pas. Nuits et jours, mes yeux de rapace pogrom suivront ton ombre multiple”, peut-on déduire un extrait tiré de l’œuvre “Fais-moi passer les lacs des caïmans”, de Philippe Masegabio.
Justice Kangamina Musingilwa.
2 Commentaires
Paix à son âme
Le départ du Maître Masegabio Nzanzu Mabelemadiko Philippe est, pour moi, un manque à gagner et, pour Nous, une consternation dramatique face à laquelle nous ne croyons pas encore. Il m’a transmis son amour des mots et sa passion pour la littérature. A jamais dans mon cœur !