A quelques jours de la célébration de la fête de nativité du Christ, une triste nouvelle vient de balayer la scène théâtrale congolaise ainsi que le monde culturel, c’est bel et bien la disparition inopinée de l’artiste comédien Jacques Lumbu Chico dit Pululu ce lundi 23 décembre vers 3 heures du matin à l’hôpital de Monkole de suite d’un arrêt du cœur.
Stupéfait par cette mort brutale, c’est tout le voisinage de la maison familiale située à Kintambo qui s’est spontanément rendu dans la parcelle où quelques heures plus tôt Jacques Lumbu Chico, alias Pululu, avait été aperçu. En effet, le dimanche 22 décembre le comédien avait rendu visite aux siens et à l’occasion avait même pris un pot avec quelques amis.
D’aucuns ne pouvaient s’imaginer à cet instant partager le pot d’adieu avec cet ancien voisin devenu un personnage du théâtre populaire, la fierté du quartier.La solidarité dans le milieu du théâtre populaire est à féliciter. La plupart des Kinois et même les amateurs de ce divertissement télévisé ont appris la tragédie via ce post du Groupe Cinarc :« L’artiste Pululu Chico vient de nous quitter à 3h du matin ! Il a piqué une crise cardiaque ! Paix à son âme » . Ce message a suffi pour mettre en émoi les fanatiques du disparu qui se comptent en grand nombre.
Pour sa part, le président de Cinarc, Caleb Tukebana, a affirmé être attristé par le décès de l’artiste qui avait signé quelques collaborations avec son groupe. Rappelons ici au passage que Pululu Chico était le pendant de Kiodo, un autre comédien à l’esprit ingénu tout aussi connu du Groupe Cinarc. Tous deux campaient le même rôle du jeune éclopé aux mains malhabiles qui en a des difficultés à parler. Mais ce personnage a quelque chose de caractéristique : une hardiesse mêlée à de la malice qui souvent agace son entourage. Surtout qu’ il n’a pas son pareil quand il fait fi de ses déficiences et se hasarde à des réflexions ou actions jugées provocateurs tant elles sont en contraste avec ses capacités motrices réelles. L’humour qui se dégage de ce personnage a la magie de plaire au public. Ce dernier perçoit bien la subtilité qui filtre à travers la somme de ses défauts physiques apparents.Alors que la famille éplorée demeure inconsolable, la triste nouvelle qui a déjà fait le tour des réseaux sociaux crée la stupeur dans le milieu du théâtre populaire. Ainsi, parmi ses homologues, Le Courrier de Kinshasa a joint la comédienne Mama Kalunga qui, la voix étranglée, a dit son incapacité à pouvoir s’exprimer sur le moment sur l’événement tragique. « Pour l’instant, je ne peux pas parler. Voyons dans la soirée, peut-être que je pourrais m’exprimer » , nous a-t-elle dit. Plus contenue, Caroline, une autre comédienne réputée a de son côté affirmé avoir entretenu des rapports très cordiaux avec le disparu.
« Je suis très reconnaissant à Pululu pour le premier “nzong nzing “ de ma vie dans “Bana na Bana“ entre 2005-2006. C’est le tout premier que je me suis risquée à faire tout en étant dans le Groupe Cinarc et il a fait un carton ! C’est ce long métrage qui m’a fait connaître en Europe et à cette époque-là, ils étaient vendus sur CD car les chaînes You Tube n’existaient pas encore » , a-t-elle dit. Et de poursuivre : « J’ai plusieurs fois joué avec lui et je m’en réjouis bien. Il ne prenait personne de haut, bien au contraire, tout grand qu’il était, il s’efforçait à faire en sorte de relever le niveau de tous ceux qu’il approchait sur scène » .
Comédien et chanteurBaigné dans le monde du théâtre populaire congolais qu’il avait intégré par passion, c’est la rencontre avec Fiston Saï Saï entre 2003 et 2004 qui va propulser la carrière de Pululu. Il est parti de La main de Dieu, le premier groupe où il a fait ses débuts dans son quartier à Kintambo, recruté par la star précitée qui sera son patron jusqu’en 2008. Héritage est la pièce qui l’a mis en vedette au côté de Saï Saï dont il a incarné le rôle du fils. Pululu est un renfort inestimable au Groupe Saï Saï dès lors que ce dernier fait face au départ de son « équipe de base » composée notamment de Ginola et Océan. Visiblement pris de court par la nouvelle de son compagnon d’autrefois apprise par un coup de fil de ses homologues ce matin, Saï Saï l’a exprimé aussitôt via son profil WhatsApp. Entre onze émoticônes en pleurs, il a écrit : « Adieu Chico Pululu, les mots me manquent ». Cette phrase complète la photo d’un extrait d’une scène où on sait reconnaître le disparu.Chico Pululu n’était pas que comédien.
L’artiste qui déjà en 2008 annonçait la sortie deKibakuli , son premier album, était aussi chanteur. Du reste, il a réalisé un featuring avec J-Ice Brown dans Polo Monene . La vidéo de la chanson tournée à Kinkala où il apparaît aussi dans son T-shirt rayé de comédien est disponible depuis le mois d’octobre sur You Tube .
Chico Pululu a succombé à fleur de l’âge, 35 ans, nous revient-il. Le théâtre populaire aura un sacré mal à se remettre de ces deuils à répétition enregistrés cette année à commencer par Mundueri fauché le 31 mai et Mindondo le 30 juillet.
La rédaction de culturecongo.com présente ses condoléances à la famille éplorée ainsi qu’au monde culturel congolais
Masand Mafuta/Culture congo