À seulement 22 ans, Benjamin Baharanyi incarne une nouvelle génération d’artistes visuels congolais qui considèrent la création comme un acte de résistance, de mémoire et de renaissance. Originaire de Goma, ville volcanique au cœur du Nord-Kivu, il transforme les silences de son environnement en œuvres vibrantes, où la nature, l’émotion et l’histoire se croisent dans une quête d’équilibre intérieur.
« Je ne peins pas seulement ce que je vois, mais surtout ce que je ressens. »
Installé dans son atelier au cœur de la ville, Baharanyi ne fuit pas le tumulte, il le sublime. Depuis son enfance, le dessin est pour lui une respiration, un langage viscéral né du besoin de dire ce que les mots taisent. Ses œuvres, souvent empreintes de symbolisme, traduisent une sensibilité rare et une volonté de relier l’humain à ses racines profondes.
Goma, une muse volcanique
Pour Baharanyi, la ville de Goma n’est pas un simple décor ; c’est une source d’inspiration constante. Le volcan Nyiragongo, le lac Kivu, les visages marqués par l’histoire, les contrastes entre beauté et chaos… tout nourrit son imaginaire.
« Être artiste à Goma, c’est apprendre à transformer le quotidien en poésie visuelle. »
Son environnement est omniprésent dans son travail. Chaque arbre, chaque silence, chaque lumière devient un prétexte à la création. Il observe, écoute, ressent et traduit. Dans une région marquée par les conflits et les tensions, son art devient un espace de respiration, un lieu de reconstruction intérieure.
Une scène artistique en ébullition
La scène artistique locale, encore en construction, l’inspire autant qu’elle le pousse à s’engager. Baharanyi collabore régulièrement avec d’autres artistes et structures culturelles de Goma, qui soutiennent les jeunes talents visuels de la région. Il participe également à des résidences artistiques, comme celle organisée pour la paix dans la région des Grands Lacs.
Son œuvre « Éco Makala », qui aborde la déforestation et la protection de l’environnement, a été saluée à l’international. Elle a remporté un prix au Social Art Award 2025, dans une édition dédiée à la guérison planétaire et à la biodiversité. Cette reconnaissance confirme son engagement écologique et sa volonté de faire de l’art un outil de conscience.
De l’intime pour tout créer
Avant de créer, Baharanyi s’accorde un moment de silence ou de musique. Il touche ses pinceaux comme on entre en méditation. Ses sujets naissent d’un détail, d’un visage croisé, d’une lumière particulière. Son premier dessin marquant ? Un arbre aux racines profondes et aux branches tendues vers le ciel, déjà une métaphore de son art.
« L’art, pour moi, est une manière de transformer ce que je ressens en quelque chose que les autres peuvent voir et ressentir à leur tour. »
L’œuvre miroir : La Chute d’Icare
S’il devait choisir une œuvre qui le représente, ce serait « La Chute d’Icare ». Inspirée du mythe grec, elle incarne son regard sur la fragilité humaine, le courage, la chute et surtout la renaissance. Cette œuvre symbolise la force d’aller au bout de soi, même quand tout semble s’effondrer.
Entre rêves et résilience
Son rêve ? Continuer à créer librement, faire voyager son art, inspirer les jeunes artistes de sa région. Malgré les obstacles, notamment le manque d’infrastructures et de soutien, il persévère, porté par une vision claire et une foi profonde en la puissance de l’art.