Artiste complet, Dinno navigue entre chant et slam depuis ses débuts en 2017. Originaire de Goma, ce musicien façonne un univers musical hybride, mêlant afrobeats et folk moderne, et incarne la vitalité créative émergeant de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Formé au sein du groupe Fonkodji, il a rapidement tissé des liens avec des producteurs locaux influents tels que Ponda et DJ Serge. Mais comme pour beaucoup d’artistes de la région, le parcours est semé d’embûches. L’absence de management, de producteurs dédiés ou de sponsors constitue un défi majeur, freinant la production et la promotion des talents locaux.

Malgré ces obstacles structurels, Dinno a su graver son nom sur les plus grandes scènes de la région. Du prestigieux Festival Amani en 2020 au Festival Tumaini de Beni en 2023, où il a partagé l’affiche avec Mista Powa, en passant par la Triennale de Kigali en février 2024, son talent transcende les frontières. Le 21 juin dernier, il a encore captivé le public lors de la Fête de la Musique à l’Institut Français de Goma.
Interrogé sur la scène musicale de Goma, l’artiste livre un diagnostic en demi-teinte, soulignant à la fois son dynamisme et ses limites.
“ Ce qui va dans notre musique est qu’elle avance d’abord, les artistes sont créatifs, le public a adopté la musique de chez nous, on commence à avoir des grands noms de l’intérieur du pays ”, analyse-t-il.

Cependant, il pointe un frein majeur au développement et à la visibilité :
“ Par contre ce qui bloque, c’est l’industrie qui est quasi inexistante, nous manquons de visibilité à l’extérieur du pays, ce qui bloque la musique congolaise en général, et celle de Goma en particulier à l’échelle nationale ou régionale ”.
Pour Dinno, la fusion du chant et du slam n’est pas un simple exercice de style, mais l’essence même de son identité artistique. Cette dualité trouve son aboutissement dans son dernier projet, « Follow », qu’il présente comme une œuvre matricielle.
“ Follow, c’est mon plus grand projet, le meilleur de ce que j’ai, mon univers qui s’ouvre au public qui me suit. Ce n’est qu’un début, mais un début fort, un mélange de toutes mes identités artistiques, mes émotions, les avis de mon entourage. C’est un panaché de différents sujets, politiques, sociaux, spirituels. Follow est un monde à découvrir ” déclare-t-il avec conviction.

À travers des artistes comme Dinno, la « gomatracienne », cette scène musicale propre à Goma, prend un nouveau tournant. En exportant leur talent et leur positivisme, ces créateurs deviennent des ambassadeurs incontournables, offrant à leur ville des figures sur lesquelles compter et dont elle peut être fière. Ils posent, note après note, les bases fragiles mais prometteuses d’une industrie en devenir.
Franklin MIGABO
