Dans la constellation des saints et des bienheureux proclamés par l’église catholique romaine, la République démocratique du Congo inscrit une étoile de plus : sœur Anuarite vierge et martyre. Le 15 août 1985, jean Paul II procédait à Kinshasa à la béatification de cette novice, assassinée par un officier simba, la nuit du 30 novembre au 1er décembre 1964: elle refusait de rompre ses vœux de chasteté.
Elle ne fut pas l’unique victime des violences qui, à l’époque décimèrent entre autres milieux, les congrégations missionnaires. À KINSANGANI et WAMBA, la seule congrégation du sacré cœur perdit cinquante-trois de ses membres, prêtres, religieuses, frères et laïcs confondus.
Mais la personnalité de la jeune fille et les circonstances de sa mort en ont fait conformément à la tradition hagiographique chrétienne, un personnage fortement symbolique et susceptible, mieux que d’autres de frapper l’imagination et la piété populaires.
DÉVOUEMENT CORPS ET ÂME
Elle naît en 1939 , baptisée Alphonsine. son nom de religion est marie clémentine, mais l’histoire retiendra ANUARITE NENGAPETA . Issue d’une famille pauvre et nombreuse , elle aurait eu une enfance serviable et studieuse.
Après son entrée en religion et des études d’institutrice, elle est affectée à BAFWABAKA où elle s’occupe avec dévouement des orphelins, des pauvres, et des malades. Sa devise : “servir et donner la joie”
En 1964 la rébellion paysanne et lumumbiste ,le mouvement des Simba va secouer toute la région.
Tous ceux, toutes celles qui, de près ou de loin sont perçus comme des alliés du pouvoir central et derrière lui, de façon plus large, comme des émanations de l’influence politique et culturelle du monde occidental seront emportés par les évènements. Le 29 novembre, les religieuses congolaises de BAFWABAKA sont ainsi embarquées vers wamba sur le camion d’un groupe Simba, pour deux jours de tourments, de harcèlements sexuels et autres. Des officiers rebelles, en quête de femmes vont les arrêter sur la route, les détourner vers ISIRO jusqu’à la villa occupée par le général OLOMBE, la “maison bleue” où il pratique le repos du guerrier.
UN REFUS POUR L’HISTOIRE
Anuarite et une autre novice, BOKOMA sont repérées, choisies, mises à part. Le vol et le viol direct étaient, semble t-il, interdits aux Simba. Il fallait l’octroi “oui” pour une chose convoitée. Chantage moral et physique jusqu’aux coups de crosse et de revolver définitifs pour anuarite.
Ses compagnes ont rapporté des propos échangés entre les bourreaux et leur victime. Et ces répliques qui semblent sorties d’un théâtre cruel reflètent deux mondes distincts , distants et imperméables.
Béatifiée, par le pape Jean Paul 2, médiatisée au sein de la communauté chrétienne, Anuarite suscite la ferveur. Images pieuses, BD, T-shirts diffusent en abondance son souvenir édifiant.
Charlène Nicha Isambi