CULTURE-EXCUSIVITÉ: “l’amour que j’ai pour Bwinja a des bras qui m’enveloppe à chaque fois et j’oublie tout de ce monde pourri…” entre Théâtre et Musique, Christiana Tabaro,la co-directrice du Collectif d’Art-d’Art nous dévoile son album BWINJA
À l’occasion de l’anniversaire de son fils Bwinja, nom associé à son album qu’elle lance ce vendredi 31 décembre 2021, l’artiste multifacettes, Christiana Tabaro s’est confiée à votre rédaction pour parler de son tout premier projet musical “Bwinja” de six titres.
Qui est CHRISTIANA TABARO ??
Elle est une artiste pluridisciplinaire congolaise, notamment comédienne, autrice et metteuse en scène formée à l’Institut National des Arts (INA/Kinshasa). Elle est Co-fondatrice et Co-directrice du Collectif d’Art-Art avec Michael Disanka (son époux), ensemble ils optèrent pour un théâtre de recherche centré sur les propres expériences, puisant dans la bibliothèque de leurs propres vies.
À sa rencontre, cette grande figure congolaise du théâtre et qui vient de faire son entrée officielle dans la musique, www.culturecongo.com a eu le plaisir de la recevoir en exclusivité dans laquelle elle a su répondre à nos questions au delà même de notre attente.
CultureCongo: Que signifie Bwinja? Pourquoi le choix de ce titre pour l’album ?
Chistiana Tabaro: Bwinja est le prénom de mon fils. Je voulais un prénom original pour mon fils, mais dans une de nos langues. Bwinja c’est en Mashi, ma langue maternelle et n’a pas d’équivalent en français. Ce nom peut se traduire par “les bontés” ou encore “plus que bon”, “plus que merveilleux”.
C’est la bonté dans toute sa félicité. Il a 12 mois ce vendredi 31 décembre et en un an, nous avons traversé plusieurs choses, l’angoisse de nouveaux parents qui ne finit jamais, les vicissitudes de la vie professionnelle, les doutes et les incertitudes diverses. Mes seuls moments de bonheur étaient quand j’avais mon fils entre mes mains, c’était beau de le voir pleurant parfois avec tant d’innocence et je fredonnais des mélodies pour lui et il me souriait. c’était magique à chaque fois. J’oubliais tous mes soucis, je ne respirais plus que pour lui.
CC: Doit-on donc comprendre que l’entièreté de l’album est une dédicace à Bwindja ?
CT: Ces chansons que je partage aujourd’hui sous forme d’album, je le partage avec d’autres mères, d’autres pères et d’autres enfants. Elles sont une sorte des berceuses que j’ai eu la grâce de lui chanter depuis sa naissance. Des chansons qui ont beaucoup soutenu mon bonheur d’être mère, d’avoir un enfant et de le nommer Bwinja. Tout était clair quand au choix du titre de l’album quand on s’est dis que toutes ces chansons pouvaient faire un album !
CC: Quels sont les messages clef de votre album ? Et d’emblée vous pouvez donner les six titres contenus dans cet album.
CT: Le message clef?Euh ben, c’est l’amour, encore l’amour. C’est également le bonheur pour moi d’être maman, de voir pousser en soi, dans son for intérieur, un être humain, de le voir naître et de chaque jour en prendre soin et apprendre de lui. En fin de compte, c’est de nous-mêmes que nous prenons soin en consacrant tout notre temps au bien-être de de notre bébé. Chanter pour mon enfant, c’est exalter aussi ma position de mère.
l’album a donc six titres comme annoncé,
- Muan’a maman (Christiana Tabaro)
- Bwinja Wanyi (Michael Disanka).
- Bwinja 1 (Christiana Tabaro)
- Usiliye (Christiana Tabaro).
- Congo (Christiana Tabaro)
- Bwinja 2 (Joyeux anniversaire) (Croco)
CC: De la comédie à la musique, peut-on parler d’un revirement artistique?
CT: Il n’est pas question d’un revirement. C’est une suite logique dans la carrière d’une artiste contemporaine comme moi. L’art que je fais est performatif et n’a pas de limite. J’ai toujours travaillé avec la musique et d’autres formes d’expressions. Je suis souvent engagé dans des spectacles de théâtre ou de musique comme chanteuse. Ça fait 10 ans depuis que le Collectif d’Art-d’Art existe et pour celui qui a vu nos spectacles, voir Christiana Tabaro chanter n’est pas une surprise du tout. Quand j’ai quelque chose à dire, je trouve toujours la meilleure façon, la meilleure manière de le dire. Et c’est parfois avec la parole donc le théâtre, la vidéo ou la musique… Il est question juste de chercher et de trouver comment, quand et pourquoi le dire, le langage s’impose de soi.
CC: Y a-t-il des collaborations dans cet album ?
CT: Ça dépend dans quel sens vous orienter le mot “collaboration”. Si c’est en termes de featuring je dirais non. Mais j’ai collaboré avec des musiciens qui sont en lien avec le Collectif d’Art-d’Art dont je suis là co-directrice: le violoniste Kady Vitale Mavakala, Le Guitariste Bilal Tshamala, Taluyobisa et le muti-instrumentiste Croco perc, c’est avec eux que j’ai mis en musique ces berceuses. Et il y a la chanson Bwinja 2 qui est un cadeau pour mon fils de la part d’Arnold Asende dit Croco qui est l’ingénieur de son de mon album.
CC: Quelles Stratégies comptez-vous mettre en place pour promouvoir votre album ?
CT: Je n’en ai aucune idée. (rires). Mais le Collectif d’Art d’Art sous la direction artistique de Michael Disanka, a produit et se charge de promouvoir l’œuvre. Nous allons diffuser les chansons qui composent cet album sur la chaîne Youtube du Collectif d’Art-d’Art tout d’abord et ensuite sur d’autres plateformes de téléchargement en ligne. Mais je pense que la presse va aussi relayer l’écho de ses œuvres parce que ça fait longtemps que je n’ai pas vu un projet comme celui-ci dont les premiers destinataires sont les enfants et les parents.
CC: À tous les mélomanes Congolais, quel message vous leur lancer?
CT: Écouter, écouter et encore écouter l’album Bwinja. C’est un concept simple que je propose : faire d’un moment intime (d’une mère et son fils) une œuvre entre comptines et berceuses avec une musique qui parlerait aux personnes de 0 à 70 ans. le défi était de fuir le surchargement mélodique, c’est-à-dire faire une musique particulière avec l’intervention de peu d’instruments. le résultat amène à des rythmes très variés avec des sonorités proches du mutuashi, du reggae, de la rumba ou du ndombolo. J’espère qu’ils aimeront la différence que je souhaite qu’il y ait avec toute autre musique de par l’authenticité et la sincérité de ma proposition qui, je l’espère, parlerait à tout être humain.
CC: Avez-voud autres à ajouter toujours en rapport avec votre album?
CT: Cette année a été dure pour moi. Trop de mauvaises nouvelles, des décès des personnes qui m’étaient très chères, d’annonce du cancer dans la famille et ces chansons apaisaient mes angoisses. Je m’envolais, mon fils dans mes bras ou dans les bras de mon fils, je ne sais plus parce que c’était magique simplement. Je considère que l’amour que j’ai pour Bwinja a des bras qui m’enveloppe à chaque fois et j’oublie tout de ce monde pourri. Je me demande d’ailleurs qui de nous deux a bercé l’autre.
Je devais absolument faire cet album parce que les moments d’intimité intenses où l’abondance de mon cœur s’exprimait en chanson m’ont apporté la paix qui m’a beaucoup manqué durant toute l’année 2021. Le seul endroit pour moi qui était tranquille, vivable, c’était quand j’avais Bwinja au creux de mes bras. Ce lieu où la mère que je suis entrait dans une félicité. Je ne suis pas avare de la beauté, je me devais de partager cela avec d’autres mères, d’autres enfants d’ici et d’ailleurs…
Une exclusivité plus berçante que simple interview, Christiane Tabaro, dans son album Bwinja, transmet le secret de son bonheur, sa complicité d’avec son premier né.
Notons donc que lancé déjà et produit par le collectif d’art-d’art, l’album Bwinja est d’ores et déjà disponible sur la chaîne youtube du collectif (https://youtube.com/playlist?list=PLNnqhSMCLliWK1PgDGJBxE4uu1v4qi7bx) et sur d’autres plateformes de téléchargement. Bon vent à ce grand projet musical destiné aux enfants et parents afin que la flamme d’amour leur soit ravivée en écoutant les splendides chansons contenues dans cet album titré Bwinja.
Propos recueillis par Alexis KANT