Dans le cadre de l’ouverture de la 12e édition du Festival International de l’Acteur, l’espace Mutombo Buitshi a accueilli, mercredi 10 décembre 205, un spectacle inédit, « Bongolatrices ». Interprété par Maguy Kalomba, la comédienne et directrice de la compagnie Mapendo Culture, ce texte du professeur Yoka Lye Mudaba, mis en scène par Irta Diaz, a captivé le public pendant une heure.
L’artiste a, sur scène, abordé de nombreux sujets qui touchent la société congolaise actuelle, en mettant particulièrement l’accent sur les réalités qui affectent Kinshasa, la capitale. Vêtue d’un ensemble noir, elle a laissé sa voix s’exprimer avec puissance, sous un décor soigneusement élaboré et des lumières harmonieusement agencées.
Forte d’une longue expérience dans le secteur théâtral et formée à l’Écurie Maloba, la comédienne attitrée a livré, à l’issue de cette représentation, les clés de son engagement. Elle attribue sa persévérance et la qualité de son travail à une discipline rigoureuse.
» J’ai été formée à l’Écurie Maloba et c’est là que j’ai acquis cette endurance. Mon secret, je n’en ai pas deux, c’est le travail. Je travaille beaucoup et quand je m’investis dans un projet, je m’y mets vraiment à fond, car c’est le résultat qui compte ; il faut que les résultats soient agréables « , a-t-elle déclaré.
Au-delà de la création, la directrice de Mapendo Culture a pointé du doigt les difficultés structurelles auxquelles sont confrontés les artistes. Elle déplore un manque criant de moyens et de soutien de la part des pouvoirs publics.
» L’État ne nous accompagne pas ; nous n’avons pas assez de moyens pour les créations, pour produire et diffuser nos pièces de théâtre « , a-t-elle regretté. Cette précarité contraint les artistes à endosser plusieurs rôles, de la production à la diffusion.
Malgré ces obstacles, la résistance s’organise. » Contre vents et marées, on n’a pas le droit de baisser les bras parce qu’on n’est pas accompagné « , a-t-elle ajouté avec détermination.
Son combat dépasse la scène. Elle s’investit activement dans la transmission, particulièrement auprès des jeunes filles, via des programmes de formation.
» Je mets en place des programmes de formation pour non seulement encadrer les jeunes, en majorité des filles, mais aussi pour les accompagner dans leurs études. Elles sont confrontées à des difficultés créées par des parents qui, souvent, voient le théâtre d’un mauvais œil « , a-t-elle expliqué.
Cet engagement s’inscrit dans une volonté plus large de visibilité et de reconnaissance pour les femmes dans un domaine où elles peinent à s’imposer.
» Je prépare une relève, je me bats pour que la femme qui fait du théâtre classique, un domaine où l’on est déjà invisible, soit vue « , a-t-elle souligné. Un combat qu’elle mène inlassablement, avec pour objectif la promotion et la pérennisation de la culture congolaise sur les planches.
Pour ce qui du FIA, les activités se poursuivent jusqu’au dimanche 14 décembre, à cheval entre Ntongo Elamu et l’espace Mutombo Buitshi, à Bandalungwa.
Franklin MIGABO
